Les études scientifiques démontrant les bienfaits de l’allaitement maternel ne suffisent pas, en France à faire progresser le taux d’allaitement maternel, qui reste l’un des plus bas d’Europe. Le manque de formation du personnel de santé, le défaut d’information des femmes sont les facteurs majeurs de cette abstention.
Les organisateurs de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, qui se déroule du 4 au 10 octobre 99, ne se sont pas trompés en choisissant l’éducation comme thème central de cette campagne. Il y a en effet beaucoup à faire pour améliorer l’information des femmes sur cette technique ancestrale qui revient peu à peu au goût du jour, si l’on en croit le choix des mères qui ont un niveau d’études élevé, baromètre de la mode.
Selon une étude réalisée par l’INSERM sur le territoire français – l’allaitement au sein à la sortie de la maternité était de 52 % en 1995, dont 10 % d’allaitement mixte. Les femmes de nationalité étrangère sont beaucoup plus nombreuses à allaiter que les Françaises. De manière générale, l’allaitement est plus fréquent chez les femmes qui ont un âge plus élevé, un niveau d’études élevé ou une profession qualifiée, mais aussi chez les femmes non fumeuses pendant la grossesse et chez celles qui ont suivi une préparation à l’accouchement. En revanche, le déclenchement et l’accouchement dans une maternité petite ou moyenne sont associés à un faible niveau d’allaitement maternel.
Bien conseiller
« En maternité, il est en effet plus facile d’utiliser des biberons que de surveiller les mères qui allaitent »,explique Monique Kaminski, I’un des auteurs de l’enquête. Globalement, le taux d’allaitement maternel en France métropolitaine demeure encore inférieur à ceux observés dans les autres pays occidentaux, les pays scandinaves en particulier. Les raisons de ce retard (à condition que l’on considère comme la norme la pratique de l’allaitement maternel) sont multiples. Le Dr Claire Laurent, pédiatre dans un centre de prévention maternelle et infantile (PMI), évoque « le poids de l’industrie agroalimentaire » qui serait beaucoup plus lourd en France que chez ses voisins. L’omniprésence du lait artificiel aurait donc raison de la volonté de la population française. D’ailleurs, reconnaît le Dr André Marchalot, directeur de la maternité de Vire (Calvados), le lait artificiel fait l’objet d’une formation initiale beaucoup plus développée que celle qui est consacrée à l’allaitement. « Or, il ne suffit pas de connaître la composition du lait maternel. Il faut aussi savoir informer sur l’ensemble des techniques de l’allaitement. » Pour Monique Kaminski aussi, le fait d’« allaiter au sein n’est pas quelque chose d’évident. En plus, les femmes obtiennent souvent des conseils contradictoires sur la mise en place de l’allaitement ».
Et pourtant, selon cette étude, ces conseils sont primordiaux dans le choix ou la poursuite de l’allaitement : les pratiques adoptées par le personnel qui entoure la mère, depuis la sur veillance prénatale jusqu’au moment de la naissance et pendant le séjour en maternité, contribuent à choisir et à réussir l’allaitement au sein. « On parle trop souvent des avantages de l’allaitement à la maternité, reprend Claire Laurent. Mais la pratique et les inconvénients ne sont pas suffisamment expliqués. » Crevasses, engorgement, crainte de ne pas avoir assez de lait : les difficultés de l’allaitement sont d’autant moins insurmontables qu’elles sont passagères.
On met en avant la carence de formation du personnel de santé. Il est vrai que l’allaitement était d’abord un savoir-faire qui se transmettait de génération en génération et qui ne relevait pas du domaine médical. Des progrès ont été faits depuis.
Laisser parler le bon sens, allaiter c’est naturel.
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