La coqueluche en France : vaccin quand faire les rappels? quand faire un test PCR et chez qui?

Protéger les nourrissons contre la coqueluche : recommandations complémentaires de la HAS pour l’entourage

Dans le contexte de recrudescence actuelle de la coqueluche, la HAS recommande un rappel vaccinal chez toutes les personnes pouvant être en contact rapproché avec un nouveau-né ou un nourrisson (entourage, professionnels), si la dernière injection reçue date de plus de 5 ans.

Dans le contexte actuel de recrudescence de la coqueluche,  la Haute Autorité de santé (HAS) recommande une dose de rappel vaccinal si la dernière injection date de plus de 5 ans chez toutes les personnes pouvant être en contact rapproché avec un nouveau-né ou un nourrisson de moins de 6 mois:

  • les parents, la fratrie, les grands-parents et autres personnes, sauf si la mère a été vaccinée pendant la grossesse au moins un mois avant l’accouchement ; 
  • les professionnels : 
    • des services de maternité, néonatalogie, pédiatrie,
    • de santé en ville : médecins libéraux, kinésithérapeutes, agents de la protection maternelle et infantile [PMI], etc.,
    • de la petite enfance dont les assistants maternels ;
  • les autres professionnels de santé qui le souhaitent : professionnels soignants, y compris dans les Ehpad) ; 
  • les personnes effectuant régulièrement du baby-sitting ;
  • les étudiants des filières médicales et paramédicales. 

C’est quoi la coqueluche?

La coqueluche est une maladie respiratoire due à une bactérie. Elle se transmet très facilement, par voie aérienne. Elle est responsable de quintes de toux fréquentes et prolongées. C’est une maladie grave lorsqu’elle survient chez les nourrissons et les personnes fragiles.

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Frottis test PCR: quand? Chez qui?

    Actuellement, les tests PCR sont indiqués chez :

    • les nouveau-nés et les jeunes enfants non ou incomplètement vaccinés avec épisode de toux quinteuses évocatrices ou associées à des apnées ;
    • les enfants, les adolescents et les adultes, avec une toux de plus de 7 jours sans autre cause (et moins de 3 semaines) :
      • lorsque la dernière vaccination date de plus de 3 ans,
      • lorsque  la dernière vaccination date de moins de 3 ans et en contact avec un cas confirmé de coqueluche ;
    • les enfants, adolescents, adultes vaccinés depuis plus de 3 ans, présentant des symptômes compatibles avec la coqueluche et dans l’entourage proche d’un nourrisson de moins de 5 mois ;
    • les patients immunodéprimés et présentant des symptômes compatibles.

    Les tests PCR ne sont pas indiqués chez :

    • les malades toussant depuis plus de 3 semaines, car la sensibilité du test est alors trop faible
    • les patients en contact proche ou occasionnel avec un cas confirmé biologiquement et ayant des symptômes évoquant la coqueluche, car le traitement antibiotique peut être prescrit sans diagnostic biologique ;
    • les personnes en contact proche ou occasionnel avec un cas confirmé biologiquement, mais asymptomatiques, car la prescription d’une antibioprophylaxie dépendra du terrain (fragile ?), de la date du contage et du dernier vaccin (voir ci-dessous).
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    Quelques chiffres

    La coqueluche n’a pas fini de faire parler d’elle de par le monde. Cette maladie respiratoire hautement contagieuse est loin d’avoir disparu. Bordetella pertussis est toujours à l’origine d’infections sévères le plus souvent chez les nourrissons (âge < 1 ans) et les jeunes enfants (1–5 ans). Les formes sont plus légères mais souvent traînantes chez l’adulte (≥ 18 ans).

    La coqueluche est une infection respiratoire due à une bactérie appelée Bordetella pertussis. Cette maladie très contagieuse provoque des quintes de toux, qui en l’absence de traitement, peuvent se prolonger pendant plusieurs semaines.

    La prise en charge des complications pulmonaires, repose sur un suivi très vigilant, qui impose deux à trois semaines d’hospitalisation en moyenne. En cas de quinte sévère et d’apnée prolongée, le nourrisson peut nécessiter une oxygénothérapie ou une ventilation au ballon. En sus, un traitement par un antibiotique de la famille des macrolides est prescrit, qui réduit la durée de contagiosité à seulement trois à cinq jours.

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    Concept éditorial : Hachette Digital en collaboration avec Lauren Malka

    Une autre complication, redoutable, plane sur les tout-petits : la coqueluche maligne. La bactérie Bordetella produit une toxine qui, chez les nourrissons, peut faire grimper le taux de globules blancs dans le sang. Celui-ci devient alors extrêmement visqueux, d’où un risque de détresse respiratoire aiguë, de trouble de la conscience et de défaillance de multiples organes. Cette complication gravissime nécessite un transfert en réanimation et peut conduire à la mort.

    La maladie peut parfois devenir grave chez certaines personnes fragiles :

    • femmes enceintes ;
    • personnes âgées ;
    • nourrissons de moins de six mois. Chez ces derniers, non encore protégés par la vaccination, la coqueluche peut donner lieu à une hospitalisation, le séjour à l’hôpital étant systématique pour les bébés de moins de trois mois.
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    Epidémie depuis janvier 2024

    Elle peut tuer. Entre le 1er janvier et le 24 juillet, vingt-huit personnes en sont mortes en France, dont vingt enfants – dix-huit de moins de 1 an – et huit adultes de 51 à 86 ans, a alerté Santé publique France le 29 juillet. Ce nombre a culminé en juillet, avec neuf décès. A l’échelle nationale, l’épidémie de coqueluche sévit depuis le début de l’année, « avec une circulation de la bactérie très importante qui s’est intensifiée sur les derniers mois ».

    Entre le 1er janvier et le 30 juin, 46 456 cas de coqueluche confirmés ont été vus en consultation de médecine générale, selon le réseau Sentinelles. Et entre le 1er janvier et le 24 juillet, 199 nourrissons de moins de 12 mois ont été hospitalisés pour coqueluche en France, soit près de cinq fois plus que le total de 2023 (41 cas).

    La surveillance de l’efficacité vaccinale et de la nouvelle donne épidémiologique avec un déplacement de la morbidité vers les tranches d’âge élevées suppose une approche plus fine relevant des soins primaires. C’est dans ce but qu’a été constitué le réseau Sentinelles le 1er janvier 2017, lequel regroupe des médecins généralistes sensibilisés à cette problématique. C’est ainsi que le nombre hebdomadaire de cas de coqueluche confirmés par les examens de laboratoire est estimé avec précision.

    Comme pour d’autres pathogènes respiratoires, la diminution de circulation de B. pertussis pendant l’application stricte de ces mesures barrières a probablement entrainé, au sein d’une population vaccinée, une absence de boosting naturel de l’immunité à l’échelle individuelle et collective, leur levée s’accompagnant d’un retour en force de ces pathogènes (concept de dette immunitaire). Cette recrudescence épidémique a amené le ministère de la Santé à communiquer via le MARS n°2024_07 et le DGS-Urgent n°2024_08 diffusés le 7 juin 2024, en rappelant l’importance des mesures de prévention, notamment la vaccination de la femme enceinte, pour limiter les cas graves de coqueluche des nouveaux nés et nourrissons.

    Prévention: que faire?

    Elle repose essentiellement sur l’application stricte des recommandations vaccinales contre la coqueluche en insistant sur :

    • D’abord et avant tout, la vaccination maternelle qui est recommandée en France depuis 3 ans et qui est trop faiblement appliquée,
    • L’application des mesures de cocooning aux familles et tout autre personne s’occupant du nourrisson quand la mère n’a pas été vaccinée,
    • La vaccination des nourrissons dès l’âge de 8 semaines.

    L’application des mesures barrières et notamment le port du masque réduit le risque de transmission. L’éviction de la collectivité est recommandée en l’absence de traitement jusqu’à 3 semaines après le début de la toux et de 3 à 5 jours en cas de traitement. En cas d’envoi aux Urgences d’un cas suspect, le service doit être prévenu afin que les mesures d’isolement appropriées soient prises dès l’arrivée.

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    La coqueluche à l’ère des vaccins

    Les premiers vaccins introduits dans les années 50 qui contenaient des bacilles coquelucheux ont été le plus souvent remplacés par des vaccins acellulaires composés exclusivement d’antigènes immunisants dont l’acceptabilité est meilleure. Cette stratégie a conduit à un déclin continu du nombre de cas de coqueluche, mais la maladie a repris du terrain au cours de ces dernières années, au point qu’en 2012 le nombre de cas déclarés au sein des pays européens a dépassé les 42 000. L’OMS estime que la coqueluche a été à l’origine de 63 000 décès d’enfants de moins de 5 ans en 2013 à l’échelon mondial.

    Elle reste un enjeu de santé publique, comme en témoigne l’expérience du Royaume-Uni.En 2012, face à l’augmentation du nombre d’hospitalisations de nourrissons de moins de 3 mois non vaccinés, ce pays a recommandé la vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes, entre la 28ème et la 32ème semaine de grossesse, sous la forme d’une dose unique de vaccin acellulaire.

    Cette fenêtre temporelle correspond à la période pendant laquelle les anticorps maternels franchissent sans peine la barrière placentaire. Cette stratégie a été adoptée par d’autres pays européens tels la Belgique, la République Tchèque, l’Irlande, l’Italie, le Portugal, la Slovénie et l’Espagne. C’est ainsi que s’est constitué, entre septembre 2015 et janvier 2020, le réseau hospitalier PERTINENT (Pertussis in Infants European Network) afin d’évaluer l’incidence de la coqueluche et l’efficacité vaccinale chez les nourrissons de moins de 1 an.

    Cette vaccination pendant la grossesse peut-elle interférer avec la réponse immunitaire du nourrisson qui va bénéficier d’une vaccination contre la coqueluche au 3ème mois de vie ? C’est à cette question que répond une étude de cohorte britannique qui conclut quelLa vaccination contre la coqueluche pendant la grossesse semble bien réduire de manière hautement significative l’incidence de la coqueluche chez les nourrissons trop jeunes pour bénéficier d’une vaccination primaire. Chez les nourrissons âgés de 2 à 11 mois, cette dernière combinée à la vaccination pendant la grossesse, semble protéger contre les formes graves de cette maladie infectieuse encore préoccupante, même dans les pays favorisés. La protection apportée par la vaccination primaire exclusive est par ailleurs largement confirmée. La réponse immunitaire du nourrisson n’est apparemment pas affectée par le passage des anticorps maternels durant la grossesse.