L’augmentation de fréquence des allergies : les mécanismes impliqués (asthme, eczéma, rhinite saisonnière, etc.)

Allergies en augmentation

Depuis plus de 25 ans, la fréquence des allergies a tellement augmenté qu’elles posent désormais un important problème de Santé Publique. Il est donc logique de se poser des questions sur les mécanismes de cette tendance, afin d’organiser,dans la mesure du possible,des mesures préventives.

Globalement, en 30 ans, la prévalence de l’asthme a au moins doublé (chez les enfants de 7 à 14 ans) et celle des rhinites allergiques a triplé {chez les adolescents et les jeunes adultes).

Bien que l’on ne dispose pas de chiffres assez fiables, on estime que la fréquence de l’allergie alimentaire aurait également doublé.

Les raisons de cette augmentation

Les raisons de cette évolution sont multiples. Les génotypes de l’atopie n’ayant pas changé et cette forte augmentation de fréquence ayant été constatée dans une courtepériode, on doit d’abord invoquer des facteurs issus de notre environnement.

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Depuis plus de 30 ans, la fréquence des maladies allergiques a tellement augmenté que ces affections (asthme, dermatite atopique, rhinites perannuelles et saisonnières) posent de réels problèmes de Santé Publique. Il est donc logique de se poser des questions sur les mécanismes de cette évolution, afin d’imaginer une parade aux répercussions médico-sociales induites par ces affections aiguës ou plus souvent chroniques.

La prévalence de l’asthme a (au moins) doublé en 30 ans dans la plupart des pays industrialisés. L’étude la plus souvent citée est celle de Burr et al. Réalisée à Cardiff en 1973, puis 1988, elle a été conduite selon la même méthodologie, dans les mêmes écoles et chez des enfants du même âge (7 ans). Chez ces enfants, la prévalence cumulée de l’asthme est passce de 4,2 à 9,1 %, soit plus d’un doublement. Des résultats comparables ont été enregistrés par d’autres auteurs dans plusieurs pays différents. Plus récemment, I’enquête épidémiologique ISAAC (International Study of Asthma and Allergies in Childhood) portant sur 304796 enfants de 6-7 ans (42 pays) et 46381 adolescents de 13-14 ans (56 pays) a confirmé ces tendances à l’augmentation, mais avec des disparités selon les pays qui peuvent s’expliquer par des biais de diagnostic ou de recueil des donnces . Les plus fortes prévalences sont enregistrées dans les pays anglo-saxons

Quelques chiffres

En France, la prévalence cumulée de l’asthme varie entre 7 et 9 % chez les enfants de 6-7 ans, et entrelO-15 % chez les adolescents de 13-14 ans. A Paris, chez les jeunes adultes de 21 ans, elle est passce de 3,3 % (en 1968) à 5,4 % (en1982), puis 13,9 % (en 1992).

La fréquence des autres manifestations de l’atopie a subi les mêmes variations. On estime que 20 % de la population des Etats-Unis souffre de rhinites allergiques. La prévalence cumulée de la dermatite atopique est de 20 % à l’âge de 3-4 ans, atteignant même 25 % dans certaines études. De plus, la fréquence des allergies alimentaires est en augmentation : estimoe à 1,8 % par Young et al., elle serait de 3,5 % pour Moneret-Vautrin . Parmi les allergènes impliqués, l’arachide, considérée naguère comme un allergène d’avenir , toucherait maintenant entre 0,5 et 1 % de la population pédiatrique . Enfin, le syndrome d’allergies multiples semble de plus en plus fréquent aux allergologues-pédiatres, mais des estimations précises sont nécessaires.

En dehors de la morbidité, il faut aussi signaler les décès imputables à ces affections. Ainsi, la fréquence des décès par asthme aurait doublé dans la tranche d’âge de 5 à 34 ans, passant de 1614 (en 1982) à 2402 (en 1986), tendance surtout observée en Grande-Bretagne, Australie et NouvelleZélande. Encore plus spectaculaire est l’augmentation de *équence des anaphylaxies et des décès par allergies alimentaires.

Les mécanismes impliqués

Les raisons de cette évolution sont multiples. Dans la mesure où on entrevoit que les phénotypes des maladies allergiques correspondent à des génotypes différents, on peut penser que l’explication de ce constat varie selon les manifestations de l’atopie. Toutefois, des remarques générales peuvent être formulées.

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1. – Facteurs d’environnement

Les génotypes des manifestations de l’atopie n’ayant pas changé et la forte augmentation de prévalence ayant été constatée dans une courte période, on doit d’abord invoquer des facteurs issus de notre environnement.

2. – Exposition aux allergènes de l’intérieur des maisons

L’exposition aux acariens a augmenté dans les maisons en raison de l’augmentation de la température (19-20° et plus), de l’hygrométrie intérieure (plus de 60 %) et du confinement. Dans les maisons américaines, on estime que l’air n’est renouvelé en moyenne que 0,3 fois par jour… contre plus de 10 fois pour les animaux de laboratoire selon la réglementation fédérale. Chez les enfants de 13-14 ans, l’explication des différences entre les prévalences de villes comme Bordeaux, Toulouse ou Marseille (9 %) et Strasbourg (7 %) pourrait résider dans les conditions climatiques, plus chaudes et humides pour les 3 premières villes, plus froides et plus sèches pour la quatrième.

De fait, pour les pays nordiques, l’allergène n° 1 dans les maisons n’est pas Dermatophagoides pteronyssinus, mais les phanères d’animaux, chats et chiens.

Dans plusieurs études, la précocité et le degré d’exposition aux allergènes seraient un facteur important. L’exposition précoce à au moins 2 microgrammes d’antigène des acariens par gramme de poussière de maison entraîne des sensibilisations chez les nourrissons . Chez les enfants sensibilisés aux acariens, l’exposition à 10 microgrammes  est capable de déclencher des crises d’asthme sévères . Ceux de ces enfants qui bénéficient de mesures d’éviction efficaces développent significativement moins de crises d’asthme que ceux qui n’en bénéficient pas.

L’augmentation de fréquence de l’asthme résulte aussi d’une exposition accrue aux animaux, chiens et chats (plus de 8 à 10 millions en France) et petits animaux de compagnie (lapins, cobayes, hamsters, etc.).

3. – Exposition à la fumée de tabac et aux autres polluants domestiques

Le tabagisme passif est un fléau contre lequel il faut lutter. Le vapotage aussi (cigarette électronique), de nombreuses molécules se dispersent dans l’air également, allergisantes. Une abondante littérature prouve son action délétèrechez les nourrissons et les enfants . Il peut provoquer des crises d’asthme chez l’asthmatique connu. L’étude de Murray et al. montre que chez les enfants atteints de dermatite atopique le tabagisme maternel provoque des crises d’asthme alors que ce n’est pas le cas chez les enfants témoins. D’autres polluants domestiques ont été incriminés (fumées de cuisine, de cheminée, certaines modalités de chauffage).

4. – Exposition aux aéroallergènes de l’extérieur

La pression des aéroallergènes de l’extérieur est forte dans certaines régions. A titre d’exemples, on peut citer : l’augmentation des plantations de cyprès et de thuyas, la progression dans le sens nord-sud de l’ambroisie dans la vallée rhodanienne, l’exposition aux moisissures atmosphériques dans des régions humides. Au Japon, les plus fortes prévalences de l’allergie aux pollens de cèdre rouge sont observées dans les zones associant une exposition pollinique et un fort trafic autoroutier (moteurs diesel en particulier). L’augmentation du tourisme équestre et de l’équithérapie explique la progression de l’allergie au cheval.

5. – Pollution atmosphérique

En l’état actuel des études, il n’est pas prouvé que les pollutions atmosphériques puissent provoquer l’asthme (SO, SO2, NO, NO2, fumoes noires, ozone) de navo. On sait cependant que les forts taux de pollution provoquent des symptômes d’irritation muqueuse (nasale, oculaire) et des crises d’asthme (ozone et « summertime asthma »).

6. – Facteurs alimentaires

Plusieurs hypothèses ont été formulées, impliquant le régime alimentaire. Un régime riche en acides gras oméga-3, surtout présents dans les poissons (thon, saumon, maquereau), aurait un effet protecteur vis-à-vis de I’asthme.IL en serait de même pour la consommation de vitamines A, C et E. Mais ces hypothèses restent à confirmer.

7. – Facteurs infectieux

Les comparaisons de prévalence des infections respiratoires et des symptômes d’allergie entre l’ex-Allemagne de l’Est et l’ex-Allemagne de l’Ouest ont conduit au concept selon lequel les infections protogeraient de l’allergie. En effet, les allergies sont plus fréquentes en Allemagne de l’Ouest où les infections respiratoires sont moins fréquentes qu’en Allemagne de l’Est. Inversement, la plus grande fréquence des infections en Allemagne de 1’Est va de pair avec une moindre prévalence des allergies (pollinose, dermatite atopique) . Le mode de vie occidental est incriminé à l’Ouest. La diminution des infections respiratoires de l’enfance favoriserait une réponse Thl préférentielle. La prévalence des infections est inversement corrélée à la taille de la fratrie. Cependant, les faits sont probablement plus complexes : certains virus (VRS) sont capables de provoquer une réponse de type IgE; la dose infectante, sa répétition, l’âge où les infections surviennent sont des facteurs à mieux explorer.

7. – Cas particulier : les allergies alimentaires

L’augmentation de fréquence des allergies alimentaires reçoit des explications multiples : montée en puissance de certains allergènes (arachide, fruits exotiques, épices), internationalisation des repas, utilisation accrue des épices (restauration rapide), augmentation de la fréquence des allergènes « masqués », introduction trop précoce des aliments solides, etc.

Conclusions et perspectives

En fait, les différences de prévalence observées dans différents pays et l’augmentation de prévalence observée dans les pays industrialisés n’ont pas reçu encore d’explication satisfaisante. La plus grande prudence est recommandée pour interpréter ces résultats épidémiologiques car, malgré un gros effort de standardisation (consensus), les définitions des affections (asthme en particulier) sont parfois sensiblement différentes selon les pays.

Il faut également pondérer cette augmentation de fréquence en soulignant la plus grande promptitude des patients (mieux informés) pour consulter et des médecins pour porter les diagnostics. Ainsi, une part de cette augmentation pourrait n’être qu’apparente. Enfin, en particulier en matière d’asthme du nourrisson, on ne peut éliminer une part de « sur-diagnostic » somme toute préférable au « sous-diagnostic » stigmatisé au début des années 80.

Ces données épidémiologiques nouvelles font entrevoir des possibilités de prévention primaire, secondaire et tertiaire. Chez les nouveau-nés à risque atopique (antécédents d’atopie au 1 er degré, on doit promouvoir une prévention primaire simple (alimentation au sein de 3 à 6 mois, abstention de tout tabagisme anté- et postnatal, diversification retardée, accueil dans un logement aussi dépourvu que possible de sources d’allergènes). Enfin, il vaut mieux identifier les facteurs protecteurs pour les utiliser à des fms préventives. Attention aussi aux effets sournois de la cigarette électronique (vapotage).

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