Dépistage des troubles visuels chez les écoliers (amblyopie, myopie, hypermétropie…)

Dépister tôt

Le constat est évident : d’une part, on diagnostique de plus en plus souvent des troubles visuels chez l’enfant, mais nombre d’entre eux passent au travers des mailles du dépistage. D’autre part, les problèmes d’apprentissage de la lecture sont monnaie courante et sont à rattacher à des troubles sensoriels.

Aussi paraît-il nécessaire de prendre en charge ces déficits pour donner aux écoliers les meilleures conditions d’un bon développement. Encore fallait-il que la corrélation entre troubles visuels et capacité de lecture soit prouvée. C’est chose faite grâce au travail effectué dans l’Oise et en Seine-Saint-Denis, où des études ont nettement montré, sur des élèves de CE1, le lien entre qualité de la vision et apprentissage de la lecture.

Ces études ont mobilisé ophtalmologistes et enseignants, sous la responsabilité des services compétents de l’Education nationale. Les résultats montrent que l’appareillage des troubles de la réfraction s’accompagne d’une amélioration des performances de lecture par rapport au groupe témoin. Mais les études ont également montré les difficultés de l’accès aux soins, car seulement de un tiers à la moitié des enfants envoyés au spécialiste consultent.

Dans une grande section de maternelle, on estime que 20 à 40 % des élèves sont porteurs d’un trouble de la vision et que 20 % sont corrigés. Outre les stratégies visant à améliorer l’accès aux soins, c’est donc aux comportements qu’il faut s’attaquer, en impliquant tous les acteurs du système sanitaire et social.

Partenariat 2022

Le partenariat entre KRYS GROUP et le CHU de Poitiers a permis le lancement en 2016 d’une grande étude épidémiologique française sur la myopie. Dirigée par le Pr Nicolas Leveziel, elle reste à ce jour l’étude la plus importante qui ait été menée sur le sujet. En mars 2021, une première communication au sein du British Journal of Ophthalmology, référence scientifique internationale dans le domaine de l’ophtalmologie, en présentait les premiers enseignements et indiquait notamment que l’âge est le facteur déterminant dans la progression de la myopie chez l’enfant. Neuf mois plus tard, une deuxième publication paraît toujours dans la même revue, pour en présenter les nouveaux résultats.

 

Les nouveaux résultats démontrent que la myopie continue de progresser également chez l’adolescent et le jeune adulte. L’étude confirme en particulier que plus le degré de myopie est élevé chez les plus jeunes, plus le risque de développer une myopie forte au cours des 5 années suivantes est important. Prendre en charge la myopie de manière précoce et proposer des solutions de freination au-delà de l’adolescence sont donc des enjeux de santé publique forts.

Publiés en mars 2021, les premiers résultats de l’étude démontraient que l’âge du diagnostic de la myopie est le facteur déterminant dans la progression de la myopie chez l’enfant : près de 25% des enfants ont connu une progression de leur myopie entre la 1re et la 2e année de suivi. Le taux de progression le plus élevé a été observé chez les 7-12 ans, avec 33% de progresseurs chez les 7-9 ans et 29% chez les 10-12 ans. L’étude révélait par ailleurs, de manière inédite, que les enfants les plus myopes avaient 58% de risque de développer une myopie forte au cours du suivi, contre moins de 5 % chez les enfants moins myopes.

 

Pour aller plus loin dans sa compréhension de ce trouble visuel et de son évolution, l’étude s’est cette fois davantage concentrée sur la progression de la myopie durant l’adolescence et chez les jeunes adultes.

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Détecter l’amblyopie avant 8 ans

Le dépistage des troubles visuels doit être précoce. Une entrave à la transmission de l’image est préjudiciable au développement visuel, et l’amblyopie qui peut en résulter est presque impossible à améliorer après l’âge de 8 ans. Le maximum de possibilité de guérison intervient avant l’âge de 2 ans, et à 6 ans, on ne récupère une amblyopie que dans un cas sur deux; la perte de plasticité cérébrale liée à la réduction synaptique explique la limite des possibilités thérapeutiques au fur et à mesure de la croissance. Il faut aussi, dans la mesure du possible, explorer d’autres fonctions visuelles que l’acuité, comme la sensibilité aux contrastes, la vision des couleurs, la sensibilité aux mouvements, le champ visuel.

Il n’en reste pas moins qu’un suivi efficace ne peut se faire qu’à travers une sensibilisation des enseignants et des parents, afin de réduire les freins à l’apprentissage. Les lunettes, élément de la correction visuelle, bénéficient d’une prise en charge de la Sécurité sociale jusqu’à l’âge de 16 ans et les enfants peuvent maintenant assouvir leur envie de mode et de séduction. Tout cela devrait aider à la prise de conscience de l’importance d’un dépistage efficace et d’une prise en charge régulière, pour ne plus compromettre la qualité de la vision, parfois de façon irrémédiable.

Pour en savoir davantage, cliquez ICI l’avis pédiatrique au sein de la SFP (Société Française de Pédiatrie)