Depuis quelques semaines le phénomène prend de l’ampleur. Le ministère français de l’agriculture a saisi, lundi 7 août, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail pour avis. En 2005, l’agence avait déjà rendu un rapport sur le sujet. Celui-ci était plutôt rassurant quant à l’exposition alimentaire, mais notait que les expositions cumulées (alimentaires, domestiques, etc.) au produit pouvaient ne laisser qu’une marge de sécurité faible pour les jeunes enfants. Le rapport, réalisé en situation d’utilisation non frauduleuse de la substance, notait cependant « l’insuffisance des données disponibles sur la contamination des denrées alimentaires ».
Qu’est-ce que le fipronil ?
Le fipronil est un insecticide utilisé dans les produits vétérinaires contre les puces, les acariens et les tiques, mais aussi les fourmis, blattes, termites. Il est interdit dans le traitement des animaux destinés à la chaîne alimentaire, tels que les poules.
D’où vient le fipronil présent dans les œufs ?
La présence de fipronil dans les œufs est le résultat d’une fraude. Une entreprise néerlandaise l’a utilisé, à l’encontre de la réglementation, pour traiter, dans de nombreux élevages, des poules parasitées par le pou rouge.
Quels sont les pays concernés ?
Les Pays-Bas ont exporté leurs œufs contaminés dans de nombreux pays d’Europe et du monde : France, Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, Autriche, Suède, Roumanie, Espagne, Luxembourg, Slovaquie, Hongrie, Suisse, Hong Kong…
Le fipronil est-il dangereux pour la santé humaine ?
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) a été saisie le 7 août par les ministères de l’Agriculture, de la Santé et de la Consommation, pour obtenir un avis sur les risques pour la santé humaine de l’ingestion de produits contaminés par le fipronil. Elle a publié son évaluation le 21 août. « Au vu des données disponibles sur la toxicité de cette substance et des concentrations de fipronil observées dans les élevages concernés en Belgique et aux Pays-Bas, et en prenant en compte les habitudes de consommation des Français, le risque de survenue d’effets sanitaires apparaît très faible », annonce l’agence, qui ajoute que « les effets observés chez l’Homme à la suite de l’exposition aiguë à des préparations contenant du fipronil sont généralement bénins ».
Les effets qui pourraient survenir en cas d’ingestion, au vu du mécanisme d’action du fipronil et des données expérimentales, sont des effets neurotoxiques, et notamment des convulsions. Ce type d’effet n’a néanmoins pas été observé dans les cas d’ingestion directe accidentelle de produit à base de fipronil recueillis par les centres antipoison français dans le cadre de la toxicovigilance. Les rares observations de convulsions relevées dans la littérature internationale sont liées à des ingestions de grandes quantités de ce type de produits. Des niveaux de dose de l’ordre de 10 fois la dose de référence aiguë n’ont conduit qu’à des symptômes bénins et réversibles, notamment des troubles digestifs, y compris chez l’enfant.
L’exposition répétée au fipronil n’a pas non plus montré d’effets préoccupants, seulement des signes locaux bénins.
La plus haute concentration de fipronil par kilo d’œufs entiers rapportée est de 1,2 mg (et de 0,0156 mg par kilo de viande de poulet). En se basant sur cette concentration maximale, l’ANSES estime que « la quantité maximale d’œufs pouvant être consommés varie de un (pour un enfant de 1 à 3 ans) à dix par jour (pour un adulte) ».
Dans quels produits trouve-t-on des œufs contaminés ?
Comme l’a indiqué le ministère de l’Agriculture, des œufs contaminés ont été mis sur le marché français depuis avril. Ces œufs ont déjà été consommés, « sans impact sur la santé », insiste le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert.
Le ministère de l’Agriculture a publié une liste des produits identifiés dont la teneur en fipronil dépasse la limite réglementaire. Ces produits ont été retirés de la vente.
On y trouve des gaufres, des gâteaux frangipane, des brownies et des muffins, mis sur le marché entre juin et août. En plus de ces produits, tous fabriqués aux Pays-Bas ou en Belgique, des pâtes et des pommes dauphine ont été fabriquées en France à partir d’œufs belges ou néerlandais.
D’autres insecticides peuvent-ils contaminer les œufs ?
Un deuxième insecticide, l’amitraze, interdit lui aussi dans les élevages de volaille, est recherché dans les œufs français car il a été utilisé dans des élevages de poules pondeuses dans deux départements français. Cette substance n’a pas été utilisée directement sur les volailles mais comme désinfectant des locaux.
Que faire en attendant?
Sans tomber dans la psychose, mieux vaut éviter pendant quelques semaines de consommer des produits déjà préparés (qui font largement appel à ces oeufs reconstitués en masse) et se reporter sur du naturel, faire soi-même et contrôler l’origine de ses oeufs (acheter au marché ou bio).
Pas simple, car ces oeufs contaminés compactés, on peut les retrouver dans pas mal d’aliments: ils sont vendus à l’industrie agroalimentaire et à la restauration hors domicile, ils servent à fabriquer des pâtisseries, des pâtes, des sauces, des plats cuisinés ou des glaces.
La France n’est pas à l’abri, des entreprises industrielles de l’agro alimentaire chez nous en ont acheté et s’en sont servis.