Les piscines favorisent les crises d’asthme

Le chlore des piscines augmente la perméabilité pulmonaire et … l’asthme. Cette enquête, réalisée par l’Unité de Toxicologie de l’université Catholique de Louvain, est la première à mettre en évidence la possibilité d’effets délétères des produits chlorés utilisés dans les piscines couvertes sur l’épithélium pulmonaire des nageurs.

La chloration est le moyen le plus utilisé pour détruire les microoganismes pathogènes et les matières organiques dans les piscines. Quels que soient les produits utilisés, la substance active qu’ils dégagent dans l’eau est un antioxydant puissant qui, en réagissant avec les matières organiques apportées par les nageurs, génère un mélange complexe de dérivés potentiellement délétères (trihalométhanes, chloramines, etc).

Ces dérivés sont inhalés par les nageurs, en quantité variable selon leur concentration dans l’eau et leurs propriétés volatiles: le plus volatil, et aussi le plus concentré, est le trichlorure d’azote (NCI3), irritant puissant probablement responsable des irritations oculaires et respiratoires hautes constatées chez les nageurs et le personnel de surveillance, ainsi que des lésions pulmonaires aigues provoquées par les expositions accidentelles.

Des marqueurs de perméabilité pulmonaire CC16, SP-A et SP-B…

Les auteurs ont récemment mis au point des tests non invasifs afin de détecter les modifications infracliniques de l’appareil respiratoire causées en particulier par la pollution atmosphérique. Il s’agit de la recherche dans le sérum de protéines pulmonaires spécifiques sécrétées dans les voies aériennes distales et reflétant l’état de l’épithélium pulmonaire. Trois protéines ont donc été validées comme marqueurs sériques de l’hyperperméabilité pulmonaire : une protéine antioxydante des cellules de Clara (CC16) et deux protéines associées au surfactant, sécrétées par les pneumocytes, (SP-A et SP-B).

…augmentés chez les enfants fréquentant la piscine !!

C’est à l’occasion d’une enquête destinée à évaluer grâce à ces marqueurs les effets chroniques de la pollution atmosphérique urbaine sur 226 enfants, à Bruxelles et dans des communes rurales voisines, que ses auteurs ont eu la surprise de constater que le facteur le plus fortement corrélé à ces modifications de l’épithélium pulmonaire était la fréquentation régulière d’une piscine utilisant des traitements à base de chlore, avec en outre une relation doseréponse très nette pour SP-A et SP-B en outre, les augmentations de SP-B constatées chez les enfants fréquentant le plus la piscine sont du même ordre de grandeur que celles observées chez les fumeurs, ce qui rend compte du caractère non négligeable de l’atteinte répétée au NCI3.

Une forte corrélation entre piscine et asthme.

Enfin, poursuivant les investigations, les auteurs ont repris les résultats d’une enquête antérieure, menée à Bruxelles entre 1996 et 1999, sur 1881 enfants âgés de 7 à 14 ans cette recherche a révélé que la fréquentation régulière d’une telle piscine était fortement corrélée au risque de développer un asthme.
En conclusion, alors même que la natation est un sport recommandé aux asthmatiques, du fait du caractère chaud et humide de l’air des piscines fermées, les produits chlorés contenus dans cet air pourraient favoriser le développement d’un asthme chez les enfants, du fait de l’hyperperméabilité épithéliale pulmonaire qu’ils induisent. La pratique fréquente de la natation en piscine dans les pays développés pourrait donc être un des facteurs méconnus de l’incidence accrue de l’asthme qui y est observée à côté de l’occidentalisation du mode de vie.