Nombre de travaux épidémiologiques montrent l’augmentation de la prévalence des maladies allergiques chez l’enfant : eczéma, asthme et rhume des foins ont ainsi doublé en Ecosse entre 1964 et 1969 (Aberdeen), la reproductibilité des outils d’évaluation écartant toute idée de biais méthodologique, par exemple lié à une meilleure (re)connaissance des pathologies.
Australie, Irlande, Royaume-Uni et Nouvelle-Zélande sont les pays où cette prévalence est actuellement la plus importante, tandis que Chine, Indonésie, Grèce et Russie semblent épargnées (étude ISAAC). L’enquête longitudinale allemande MAS (Multicenter allergy study) suit depuis 1990 une cohorte de 7609 enfants : le suivi séquentiel biologique montre la prépondérance des sensibilisations vis-à-vis des protéines du lait de vache et de L’œuf jusqu’à l’âge de deux ans, allergènes ensuite supplantés par le soja et le blé. A six ans, 20 % de cette population est sensibilisée aux pollens des graminées. Enfin, la sensibilisation aux allergènes domestiques, qui augmente également jusqu’à l’âge de six ans, apparaît, pour une raison mal comprise, plus importante dans le Nord du pays.
Un lien entre présence d’allergènes domestiques et niveau de sensibilisation ultérieure a été démontré : l’exposition précoce et massive aux acariens de la poussière de maison est un facteur de risque manifeste. L’autre facteur pronostique est génétique, l’existence d’antécédents familiaux d’atopie majorant le risque de sensibilisation pour un même niveau d’exposition initiale. Cependant, le caractère polygénique de ces affections rend impossible, pour l’instant, tout conseil génétique efficient.
Enfin, l’exposition aux irritants de l’environnement, et d’abord au tabac, majore le risque de sensibilisation aux allergènes domestiques et aux allergènes alimentaires : ce risque accru, objectivé dans les populations à risque (mère tabagique) par le dosage urinaire de la nicotine persiste jusqu’à l’âge de la marche.