L’environnement domestique joue un rôle dans l’augmentation des maladies allergiques (maison, asthme, eczéma, acariens, humidité, champignons, cafards, blattes, etc.)

La fréquence des maladies allergiques a doublé en vingt ans et de nombreuses hypothèses causales sont étudiées. L’une d’entre elles, en cours d’évaluation, s’intéresse au rôle joué par les allergènes de l’environnement intérieur dans les premiers mois de la vie. En effet, les modifications de notre environnement domestique ont provoqué des changements tant dans les quantités que dans les types d’allergènes rencontrés.

L’ATOPIE et les maladies allergiques ont beaucoup augmenté depuis vingt ans et continuent d’augmenter sans que l’on sache pourquoi.

Quatre hypothèses sont avancées pour expliquer cette croissance (mais aucune n’est à ce jour formellement validée) : la modification du terrain génétique, de l’alimentation, des polluants extérieurs, des infections virales dans la petite enfance et de l’environnement domestique.

Essais cliniques d’évictions allergéniques

L’environnement intérieur des Occidentaux a changé. Du fait des chocs pétroliers, le niveau de ventilation s’est abaissé pour réduire la consommation d’énergie; les animaux domestiques sont beaucoup plus nombreux à l’intérieur des maisons; l’habitat est très citadin et l’on est de plus en plus nombreux dans des espaces restreints.

Autant de facteurs susceptibles d’augmenter l’humidité relative et laprolifération des acariens et des cafards.

La part de l’environnement domestique en cause dans l’augmentation des maladies allergiques a été confirmée dans deux essais cliniques et plusieurs autres sont actuellement en cours.

Une première étude sur l’île de Wight (Royaume-Uni) a inclus 120 nourrissons dont la moitié a bénéficié d’une éviction à la fois des allergènes domestiques (tabac, animaux domestiques, acariens…) et des allergènes alimentaires (allaitement au sein exclusif).

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Eviction des acariens chez les nourrissons

A 1 an, dans le groupe sans allergènes, les enfants avaient significativement moins d’asthme; à 2 ans et jusqu’à 4 ans, la réponse de ces enfants aux tests cutanés d’allergies était significativement moins positive que celle des enfants normalement exposés. En revanche, il n’y avait plus de différence entre les deux groupes pour la fréquence de l’asthme. Cette étude anglaise a montré pour la première fois qu’il était possible de retarder l’apparition des maladies allergiques.

Le deuxième essai a été fait au Japon chez des enfants de moins de 12 mois qui présentaient un eczéma atopique (première manifestation du terrain à risque d’atopie). Ces enfants n’avaient pas d’IgE spécifiques vis-à-vis des acariens, mais des tests cutanés positifs pour le blanc d’Ïuf et/ou le lait de vache.

Des mesures d’éviction des acariens ont néanmoins été prises pendant douze mois pour la moitié d’entre eux. Les enfants « protégés » n’ont pas développé d’Ac contre les acariens, alors que les autres avaient tous, à 1 an, des taux élevés d’Ac. Ces derniers avaient aussi un nombre statistiquement plus important de manifestations allergiques (rhinites, asthmes). La prévention de l’apparition des allergies aux acariens chez les moins de 12 mois est donc possible. D’autres études en cours dans différents pays semblent déjà apporter la preuve de l’efficacité de l’éviction allergénique, alors qu’une métaanalyse publiée dans le « British Medical Journal » avait affirmé le contraire en 1998.

Ces résultats divergents s’expliquent par l’absence d’outils de mesure fiables dans les années 80 des allergènes présents dans l’habitat. La mise au point d’une technique par Ac monoclonaux (ELISA) a permis de connaître précisément l’efficacité des méthodes d’éviction allergéniques.

L’humidité relative à l’intérieur des maisons peut venir de l’extérieur du fait d’une mauvaise construction (capillarité par les murs ou le toit, absence d’isolation au niveau du plancher) ou du fait que les ventilations sont volontairement bloquées. A ce propos, une enquête de la société SOCOTEC a montré que 60 % des personnes vivant dans des bâtiments collectifs modifient les systèmes de ventilation.

Les causes d’augmentation de l’humidité relative provenant de l’intérieur sont la surpopulation dans un espace clos. La cuisine au milieu du salon, par exemple, fait beaucoup augmenter l’humidité. Des travaux danois ont montré que l’aération régulière des maisons avec un air froid et sec l’hiver fait baisser l’humidité relative, réduit les concentrations d’acariens et améliore le score médicamenteux des patients.

L’allergie aux chats est la deuxième cause d’allergie (30 % des asthmatiques) après les acariens. Elle pose un problème de plus en plus important, car il y a 8 millions de chats en France. L’allergène de chat est ubiquitaire, il y en a donc toujours dans les écoles à des taux suffisants pour induire une sensibilisation. Les manifestations cliniques avec les animaux sont un peu différentes, dans la mesure où la petite taille des particules les fait pénétrer rapidement dans les muqueuses, induisant des signes cliniques précoces. De fait, la plupart des sujets savent qu’ils sont allergiques aux animaux, ce qui n’est pas le cas avec les acariens. L’allergène du chien (de 10 à 15 % des enfants) pose les mêmes problèmes que celui du chat : l’existence d’asthmes allergiques sans chat ou chien.

Quid des cafards ?

Les allergènes de blattes sont plutôt dans la cuisine ou la salle de bains. Il est difficile de s’en débarrasser dans les habitats collectifs car il n’y a pas d’obligation légale à désinsectiser. Si un appartement n’est pas désinsectisé, tous les autres peuvent être réinfestés. L’allergie aux blattes est variable en fonction de la population étudiée.

Aux Etats-Unis, elle touche préférentiellement les populations défavorisées du centre des villes où elle est la première cause d’asthme. En Europe, on a un peu la même impression, mais peu d’études épidémiologiques ont été faites; il est possible qu’elle devienne une cause importante d’allergie dans les années à venir, d’autant que les cafards sont une cause d’asthme sévère.

Polluants chimiques, perturbateurs endocriniens

Les polluants chimiques, mais aussi les perturbateurs endocriniens, présents dans la maison pourraient aussi favoriser l’atopie. Il existe quelques arguments pour le N02 (dioxyde d’azote) dégagé par les cuisinières à gaz et les cheminées à foyer ouvert. Des travaux expérimentaux ont montré que l’inhalation de N02 augmentait la réactivité aux allergènes, et en particulier aux acariens. Des personnes qui ont une rhinite allergique aux acariens et à qui on fait inhaler du N02 (tout comme du S02 ou de l’ozone) déclenchent secondairement une crise d’asthme pour la même dose d’allergène.

Le formaldéhyde, présent dans tous les meubles en aggloméré, pourrait être un autre cofacteur. De même, les endotoxines, omniprésentes dans l’habitat, viendraient renforcer l’effet des allergènes. Ces constituants de la paroi des Gram négatifs seraient un facteur aggravant de l’asthme, comme l’a montré une étude clinique.

Il est difficile actuellement de proposer une prévention primaire car on ne dispose pas de marqueurs pour trouver les sujets à risque. Cependant, d’ici à deux ans, on aura une réponse précise sur l’intérêt des mesures de prévention primaire chez des enfants sans aucun symptôme mais ayant un ou deux parents allergiques. Dès à présent, on peut déjà proposer aux parents dont l’enfant présente un eczéma atopique des menus d’éviction des allergènes des acariens, même en l’absence de tout symptôme d’asthme.

En revanche, chez des sujets qui ont un asthme allergique connu (prévention tertiaire), l’éviction est une méthode thérapeutique au même titre que la désensibilisation et les médicaments. En ce qui concerne l’éviction des polluants chimiques, il n’existe pas, pour l’instant, de traçabilité des matériaux utilisés à l’intérieur des maisons.

Alors que dans les pays du nord de l’Europe, cette traçabilité existe et, de plus, l’étiquetage permet de savoir ce que contiennent les produits.

 

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