Allergies aux animaux : éléments de prise en charge (asthme, rhinite, eczéma)

 

Allergie ou apaisement?

Pour deux tiers des Français, les animaux domestiques font entièrement partie de la famille et plus d’un foyer sur deux en possède un. Les effets bénéfiques de vivre avec un animal sont décrits dans le développement socio-émotionnel des enfants, les relations sociales et même en tant que facteur protecteur des maladies cardiovasculaires. Les animaux, notamment les chats, représentent la 3e cause d’allergie respiratoire après les acariens et les pollens. Nous allons voir les conseils que l’on peut donner pour l’acquisition ou non d’un animal, les signes respiratoires orientant vers une allergie à ce dernier avec la nécessité de confirmation par les tests allergologiques, et la difficulté de l’éviction des allergènes ubiquitaires. Enfin, les traitements symptomatiques conseillés et l’intérêt d’une immunothérapie allergénique.

La prise en charge de l’enfant allergique aux animaux comporte plusieurs aspects : le traitement des symptômes aigus, les mesures d’éviction et de réduction de l’exposition aux allergènes, I’immunothérapie spécifique et, en amont, la prévention primaire et secondaire. La plupart de ces mesures ont leurs limites; elles seront le plus souvent associées.

 

L’acquisition d’un animal : les premières années de vie prévient-elle l’apparition d’une allergie ?

Plusieurs études épidémiologiques ont montré qu’avoir un chien au domicile dans les premières années de vie de l’enfant, avait un effet protecteur primaire sur l’apparition des allergies et de l’asthme. Il existe encore des données contradictoires concernant la garde des chats ou d’autres animaux de compagnie typiques. On peut donc conseiller l’acquisition d’un chien à des parents qui attendent un bébé avec un possible effet bénéfique protecteur sur l’allergie.
Pour l’acquisition d’un chat, la réponse doit être guidée en fonction du terrain atopique familial et personnel de l’enfant. Pour les familles sans risque accru d’allergies, la garde de chats ne devrait pas être limitée pour des raisons de prévention primaire des allergies.
Les familles présentant un risque accru d’allergies ou ayant des enfants atteints d’eczéma atopique préexistant ne doivent pas commencer à acquérir un chat. Concernant les animaux de compagnie autres que les chats et les chiens, aucune recommandation ne peut être faite sur la prévention primaire d’allergies et d’asthme.

 

Mesures d’éviction et de réduction de l’exposition

Lorsque l’allergie est reconnue, une éviction est en général proposée d’emblée. Chapman et Wood effectuent une revue critique de ces mesures d’où il ressort plus de questions posées que de réponses données. Pour ces auteurs :

  • la plupart des études concernent les chats
  • si on considère que l’éviction d’un animal résulte logiquement du constat allergologique, la guérison ou l’amélioration clinique ne sont pas toujours obtenues, en tout cas prouvées selon les règles de la médecine basée sur le niveau des preuves (Evidence Based Medicine);
  • les allergènes des animaux demeurent au domicile pendant 4 à 6 mois ou plus pour le chat, plusieurs années dans certains matelas. Néanmoins, on peut s’accorder pour dire que la meilleure méthode d’éviction du chat est son départ. L’éviction d’un animal familier peut souvent poser des problèmes psychologiques (pour l’enfant et/ou ses parents), provoquer des conflits familiaux (animal au domicile des grands parents) ou compromettre la relation entre le médecin et le patient. Un parent sur deux n’admet pas que l’affection de l’enfant ou son aggravation soit due à la présence d’un animal. Des alternatives à l’éviction ont été proposées pour l’animal de compagnie de référence, le chat :
    • laver le chat toutes les semaines (mais il faudra l’habituer à cette opération très tôt !);
    • enlever les moquettes, les meubles capitonnés, les tapis, etc.;
  • utiliser des filtres HEPA (Haute Efficacité pour les Particules Aériennes) branchés aux aspirateurs ou aux purificateurs d’air.

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Quelques études permettent d’étayer ces recommandations.
De Blay et Soldatov  ont obtenu une diminution des scores médicamenteux et de l’hyperréactivité bronchique en associant pendant 5 mois le lavage hebdomadaire du chat, un ménage régulier (aspiration et purification de l’air avec des appareils munis de filtres HEPA) et la mise en place d’une housse autour du matelas.

Pour le chien, Hodson et al. ont montré que le lavage diminuait significativement le taux de l’allergène Can f 1 dans l’air et dans les produits de lavage. Toutefois, si la différence du taux de Can f 1 dans les produits de lavage est significative entre le taux de base et le second jour après le lavage (73 ,ug/g versus 12 ,ug/g), elle ne l’est pas entre le taux de base et les jours 3 à 7 après le lavage. La même cinétique est observée dans l’air de la pièce. Par conséquent, il faut laver le chien non pas une fois, mais deux fois par semaine !

Dans l’étude de Cain et al., la chaleur est inefficace sur Fel d 1 et Can f 1.
Chez l’enfant asthmatique, la mise en place de purificateurs d’air dans la salle de séjour et la chambre diminue l’hyperréactivité bronchique, mais sans changement du taux des allergènes Fel d 1 et Can f 1 de sorte que cette mesure, seule, ne suffit pas.

Un conseil en environnement est utile pour faciliter l’éviction des allergènes du point de vue technique, mais aussi pour rappeler l’utilité des mesures prévues. En effet, seuls 20 % des asthmatiques allergiques aux chats qui avaient décidé de se séparer de leur animal l’ont fait réellement. Pour les allergènes autres que le chat et le chien, le manque d’études scientifiques fait privilégier les mesures empiriques et de bon sens…
A priori, se débarrasser d’un furet, d’une gerboise, d’un chinchilla, d’un lapin (etc.) devrait être plus facile que se débarrasser d’un chat, d’un chien ou d’un cheval.

Immunothérapie spécifique
L’immunothérapie spécifique n’est conseillée qu’en cas de monosensibilisation aux acariens ou aux pollens ches les patients atteints de rhinite ou d’asthme. A l’heure actuelle, I’allergie aux animaux (chat, chien,cheval) n’est pas une indication de l’immunothérapie spécifique chez l’enfant. À titre individuel, on peut proposer un tel traitement à des enfants particulièrement exposés par la profession de leurs parents ou surtout à des professionnels (jockey, lad,vétérinaire) qui doivent s’occuper régulièrement des animaux auxquels ils sont allergiques. Encore faut-il que les symptômes de cette allergie ne soient pas trop graves !

Prévention
Si, par commodité, on distingue des mesures de prévention primaire, secondaire et tertiaire, en réalité ces actions s’inscrivent dans un continuum dont le but est de prévenir ou de limiter les symptômes allergiques et, en tout cas, d’améliorer la qualité de vie.

Prévention primaire
Les actions proposées ont pour but de prévenir l’apparition des allergies chez le nouveau-né à risque allergique, c’est-à-dire que l’un des parents (mère, père, frères ou sœurs) ou plusieurs sont atteints d’une affection dûment étiquetée comme allergique. Elles ont générale ment consisté à diminuer l’impact des facteurs prédisposant au développement des allergies.

Avant et pendant la grossesse

  • Cesser de fumer.
  • Ne pas acquérir d’animal
  • Aménager une chambre hypoallergénique « propre,bien aérée,bien exposée, bien ventilée pour accueillir l’enfant : ameublement simple, suffaces faciles à nettoyer (carrelage, parquet).
  • Éviter de consommer des aliments connus pour être très allergisants (cacahuètes, fruits à coques, fruits exotiques).
  • De la naissance à 6 mois