L’allergie aux protéines du lait de vache, c’est quoi exactement? Comment les réintroduire après régime?

Protéines ou lactose?

Souvent, on confond allergie aux protéines du lait de vache et intolérance au lactose. Les premières sont des protéines, le second est un sucre, tous présents dans le lait de vache pour ce qui nous concerne ici.

L’allergie aux protéines de lait de vache est une forme d’allergie alimentaire qui touche surtout les nourrissons et les enfants de moins de trois ans. Elle provoque des symptômes digestifs et des rougeurs de la peau. Avec l’âge, cette allergie disparaît spontanément dans la majorité des cas.

Article publié par eurekasante.vidal.fr

C’est quoi les protéines du lait de vache?

Le lait contient plus de trente protéines, toutes potentiellement allergisantes. Les protéines sont identifiées et séquencées. Les allergènes ont la dénomination Bos d pour Bos domesticus.

Les caséines et la β-lactoglobuline sont le plus souvent en cause, mais toutes les protéines peuvent être incriminées. La caséine est impliquée dans les allergies durables. On distingue différents type de caséines, qui ont toutes la particularité de rester stable, même soumise à des conditions susceptibles de les dénaturer, comme la chaleur par exemple.

Quels sont les symptômes de l’allergie aux protéines de lait de vache ?

L’allergie aux protéines de lait de vache (ou PLV) peut apparaître dès l’âge de trois semaines et jusqu’à l’âge de huit à dix mois. Elle se traduit par des rougeurs et des démangeaisons de la peau, ainsi que par des symptômes digestifs (tels que régurgitationsvomissementsconstipationdiarrhée ou maux de ventre) et, parfois, des symptômes neurologiques de type malaise. Le bébé est souvent irritable. L’allergie aux protéines de lait de vache doit être distinguée de l’intolérance au lactose qui n’est pas une maladie allergique.

En France, ce type d’allergie touche environ un bébé sur quarante. Si les parents présentent tous les deux un terrain allergique, cette maladie touche environ un bébé sur cinq. Il est assez fréquent que l’allergie aux protéines de lait de vache soit associée à une autre forme d’allergie alimentaire (par exemple aux œufs, aux protéines de blé ou à l’arachide).

Dans la plupart des cas, l’allergie aux protéines de lait de vache disparaît avec l’âge. Un enfant sur deux en guérit avant l’âge de deux ans, trois sur quatre avant l’âge de trois ans et neuf sur dix avant l’âge de six ans.

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Plus de précisions

Pour être plus précis, on sait qu’il y a deux formes d’allergies aux protéines du lait de vache (APLV):

  • la forme dite IgE médiée qui est la plus sérieuse: les symptômes apparaissent de quelques minutes à 3 heures après l’ingestion et vont de la simple urticaire péribuccale à l’anaphylaxie
  • la forme non IgE médiée: les réactions sont semi-retardées à retardées, soit dans les 2 à 72 h après l’ingestion. Les symptômes gastro-intestinaux et/ou cutanés (eczéma) ont la particularité de résister aux traitements symptomatiques. La sévérité de cette forme est jugée sur l’éventuelle mauvaise prise de poids, voire la perte de poids, un eczéma sévère (scorad > 40), des vomissements répétés et/ou d’une diarrhée chronique.

Une forme particulière existe, le SEIPA: À noter la particularité du syndrome d’entérocolite induite par les protéines alimentaires (SEIPA) aux PLV : des vomissements répétés 2 à 6 heures après l’ingestion sont observés, plus ou moins une diarrhée parfois profuse, une hypotonie, voire un choc hypovolémique. Cet accès peut être précédé d’une phase chronique avec RGO, coliques, troubles du transit, croissance pondérale non optimale.

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Quelles sont les complications de l’allergie aux protéines de lait de vache ?

Si elle n’est pas traitée, une allergie aux protéines de lait de vache peut provoquer des lésions de l’intestin et diminuer l’absorption des nutriments. Des carences peuvent se développer et nuire à la croissance de l’enfant. Les démangeaisons peuvent provoquer des lésions de grattage qui peuvent s’infecter.

Les nourrissons qui souffrent d’une allergie aux protéines de lait de vache ont un risque plus élevé de développer une autre forme d’allergie en grandissant : allergie alimentaire, rhume des foins, asthme, par exemple.

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Quelles sont les causes de l’allergie aux protéines du lait de vache ?

Les symptômes de l’allergie aux protéines de lait de vache sont dus à une réaction allergique de l’organisme lorsqu’il est exposé aux protéines contenues dans ce lait, mais également, très souvent, à celles contenues dans le lait de chèvre, de brebis ou de jument. Ces protéines provoquent des réactions inflammatoires au niveau de la peau et de l’intestin.

Comment prévenir l’allergie aux protéines de lait de vache ?

  • L’allaitement maternel (au sein) pendant les quatre à six premiers mois semble diminuer la fréquence des allergies alimentaires chez les nourrissons. Néanmoins, ce n’est pas toujours le cas. Il arrive qu’un bébé soit allergique à des substances issues des produits laitiers consommés par sa mère et qui passent ensuite dans le lait maternel. La mère doit alors s’abstenir de consommer ce type d’aliments et recevoir des compléments de calcium.
  • Chez les enfants dont les parents présentent un terrain allergique et qui sont allaités au biberon, le pédiatre peut conseiller l’usage de laits dits hypoallergéniques qui semblent réduire le risque de développer une allergie aux protéines du lait de vache., mais leur efficacité est nettement remise en doute.

Quand consulter le médecin en cas d’allergie aux protéines de lait de vache ?

Que fait le médecin en cas d’allergie aux protéines de lait de vache ?

S’il soupçonne une allergie aux protéines de lait de vache (ou à un autre aliment), le médecin prescrit des examens complémentaires destinés à diagnostiquer qu’il s’agit bien d’une allergie et à identifier la substance responsable. Il peut avoir recours à diverses techniques.

  • Le test de provocation labiale consiste à déposer une goutte de la substance suspecte (dans ce cas, du lait de vache) sur un côté de la lèvre inférieure de l’enfant. Après quelques heures, il recherche la présence de signes d’inflammation là où la goutte a été déposée. Un test de provocation orale (au cours duquel on fait ingérer des doses croissantes de la substance suspecte) peut également être pratiqué en milieu hospitalier.
  • Le prick-test consiste à déposer un peu de substance suspecte sous la peau (à l’aide d’une aiguille courte). Si le nourrisson y est allergique, une inflammation apparaît au point d’injection. En règle générale, chez les bébés, ce test est pratiqué avec six substances : lait de vache, blanc d’œuf, poisson, farine de blé, arachide (cacahuète) et soja.
  • Une prise de sang peut être prescrite pour rechercher la présence d’anticorps dirigés contre les protéines de lait de vache. Pour confirmer son diagnostic, le médecin peut avoir recours à la mise en place d’un régime d’éviction : le bébé est nourri avec un lait spécial où les protéines ont été découpées en tout petits fragments. Si les symptômes disparaissent, cela confirme la nature de l’allergie.

Comment soigne-t-on l’allergie aux protéines de lait de vache ?

Les nourrissons allergiques aux protéines de lait de vache ne doivent pas être nourris avec du lait de chèvre, de brebis, de jument ou du lait dit « de soja ». Pour ces enfants, ces laits peuvent être tout aussi allergisants que le lait de vache.

Le traitement de cette allergie repose sur une alimentation à base de lait de vache dont les protéines ont été fragmentées en petits morceaux et cessent ainsi d’être rejetées par l’organisme. Ces laits, appelés hydrolysats poussés, ne doivent pas être confondus avec les laits dits hypoallergéniques (ou HA). Ceux-ci sont destinés à prévenir les allergies chez des nourrissons prédisposés pour des raisons familiales. Ils ne conviennent en aucun cas aux bébés qui ont déjà montré les signes d’une allergie.

Parfois, ils arrivent que les hydrolysats poussés continuent à provoquer des symptômes allergiques car les fragments de protéines suffisent à les déclencher. Dans ce cas, le nourrisson est alimenté avec des solutions à base d’acides aminés (les éléments de base des protéines). Leur coût est très élevé et leur usage réservé aux cas les plus difficiles à traiter.

On tente généralement de réintroduire le lait chez un nourrisson allergique aux protéines de lait de vache vers l’âge de douze à quatorze mois. En effet, ce type d’allergie ayant tendance à disparaître avec le temps, une réintroduction progressive est parfois possible dès cet âge.

Les parents de nourrissons allergiques doivent veiller à utiliser des produits de toilette (shampooings, pommades, etc.) qui ne contiennent pas de protéines de lait.

APLV et alternatives au lait de vache : pour un choix éclairé des parents

L’allergie aux protéines de lait de vache (APLV) est une des allergies alimentaires les plus fréquentes chez le jeune enfant avec une prévalence mondiale estimée à 2-5 %. La majorité des enfants APLV développe une tolérance aux protéines de lait de vache entre 3 (80 %) et 6 ans (90 %), donc patience…. Face à une offre commerciale grandissante, le choix de la meilleure alternative au lait de vache, qui soit adaptée à l’âge et aux besoins nutritionnels de chaque enfant, peut s’avérer compliqué pour les parents et les praticiens. Dans ce contexte, la Société Canadienne de Pédiatrie (SCP) a récemment publié un guide nutritionnel à destination des pédiatres et médecins de famille afin qu’ils aident les parents à faire un choix éclairé pour leur enfant.

Les recommandations de la Société Canadienne de Pédiatrie, en bref :

De 0-2 ans et au-delà :

L’allaitement exclusif est recommandé durant les 6 premiers mois, prolongé jusqu’à deux ans voire au-delà en complément d’une alimentation diversifiée. Chez les enfants présentant une allergie non-IgE médiée, les PLV seront exclues du régime de la mère allaitante.

Nourrissons < 6 mois :

Si l’allaitement n’est pas possible ou souhaité, une formule infantile type hydrolysat poussé de PLV (HPPLV) ou à base d’acides aminés (FAA) peut être utilisée. Les formules infantiles à base de soja ne sont pas recommandées dans cette tranche d’âge. Les boissons végétales et les laits issus d’autres mammifères que la vache sont à éviter.

Nourrissons entre 6 mois et 2 ans :

Les boissons végétales et les laits issus d’autres mammifères que la vache sont à éviter. Néanmoins, si les parents optent pour l’utilisation d’une boisson végétale en plus d’une alimentation diversifiée chez leur enfant de plus d’un an dont la courbe de croissance est normale, malgré les présentes recommandations, les cliniciens peuvent conseiller les parents dans le choix du type de boisson végétale en s’aidant du tableau nutritionnel (ci-dessous) et éventuellement de conseils d’un diététicien. Ceci afin de s’assurer d’ apports en macronutriments notamment calcium et vitamine D adéquats. La croissance de l’enfant doit être surveillée de près.

Enfants de plus de 2 ans :

Si les parents portent leur choix sur des boissons végétales, celles qui ne contiennent pas de sucre ajouté ou d’édulcorant, les plus riches en macronutriments (protéines, lipides, etc.) et éventuellement enrichies en calcium et vitamine D devraient être préférées aux alternatives moins riches sur le plan nutritionnel et contenant des sucres ajoutés voire des édulcorants.

Quand envisager une réintroduction des PLV ?

Une information importante doit être recherchée systématiquement à chaque consultation : y-at- il eu une ou des ingestions accidentelles de PLV par le patient ? Si c’est le cas, en fonction de la forme ingérée (crue ou cuite), la quantité ingérée, la tolérance, la réintroduction sera ou pas envisagée, éventuellement plus précocement qu’attendu.

Dans l’APLV IgE-médiée, le régime d’éviction est mené pendant au moins 6 mois et minimum jusqu’à l’âge de 9 à 12 mois. La décision de réintroduction est basée sur la clinique, les tests cutanés, la cinétique des IgE spécifiques, le souhait de la famille et sa capacité à suivre une éventuelle immunothérapie orale (ITO).

Dans l’APLV non-IgE-médiée légère à modérée, l’éviction doit être suivie en moyenne 6 mois, pour la proctocolite allergique 4 à 6 mois avec possibilité de réintroduction dès l’âge de 4 mois.
Pour les entéropathies allergiques sévères, l’éviction doit être poursuivie jusqu’à l’âge de 9 à 12 mois et pendant au moins 6 mois.
Dans les SEIPA, l’éviction est menée jusqu’à l’âge de 18 à 24 mois.

Où réaliser la réintroduction des PLV ?

Pour les APLV IgE-médiée, elle ne pourra être envisagée qu’en milieu hospitalier sauf si une ingestion accidentelle à domicile suivie d’une bonne tolérance est rapportée. Le milieu hospitalier est indiscutable pour les SEIPA.

Dans le cadre des APLV non-IgEmédiée légère à modérée et des proctocolites allergiques, cette réintroduction est réalisée au domicile (après avoir vérifié l’absence d’IgE-médiée ou la négativité des tests cutanés).

Pour les formes sévères des APLV non-IgE-médiée, la décision se prendra au cas par cas, il faut se méfier des formes chroniques de SEIPA, le choix du TPO au lait cuit dans un premier temps sera souvent une bonne option.

Article publié par eurekasante.vidal.fr

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