Ne pas me justifier
Ne pasAllaiter mon enfant a toujours été pour moi l’option la plus évidente, sans vouloir me justifier : le lait maternel est certainement quoi qu’on en dise, l’alimentation la plus saine pour un nourrisson et présente pas mal d’avantages: il est totalement gratuit, ne nécessite pas de préparation, est toujours à portée de main! Et j’ai franchement toujours été fascinée par l’image de la mère allaitante : ce bien être du bébé qui tète et la sérénité de la maman qui entoure d’affection par ce contact charnel sa progéniture…C’est un moment privilégié entre la maman et son bébé, un lien affectif très fort qui les unit. Dès lors que j’ai su que j’étais enceinte c’était pour moi donc une évidence : j’allaiterai mon enfant. Mais jusqu’à quand? Ça n’avait pas d’importance: en tout cas, autant que faire se peut!
Je me suis occasionnellement documentée en la matière mais sans vraiment m’y attarder. Les sages-femmes de la maternité ont aussi pas mal communiqué sur le sujet. Mon conjoint m’a également confortée dans ce choix mais qui était de toute façon ferme et définitif. Et j’étais donc relativement préparée !… Du moins en théorie…
Quand notre bébé est né je l’ai donc tout de suite porté à mon sein. La manière était peu assurée mais la petite était déterminée ! Elle, n’avait nullement besoin d’entraînement! C’est lors de cette toute première tétée que j’ai réalisé que ça n’allait pas être chose facile! Et que je n’allais pas jouir de cette sérénité, de cette quiétude, qui me fascinait tant dans l’immédiat! Il fallait avant tout acquérir comme on dit « le coup de main »!
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Premières remises en question
Arrivent alors les premières remises en question. D’autant plus que l’on se sent plutôt fragile psychologiquement quand on devient maman pour la première fois. C’est hormonal parait-il…On a peur de mal faire, et on culpabilise presque systématiquement lorsqu’on se sent maladroite. Les remarques et les regards curieux de l’entourage ne contribuent pas vraiment à avoir confiance en soi pendant cette période d’essai. Pas facile donc au début…
L’allaitement nécessite une période d’adaptation et d’apprentissage, qui pour ma part a duré près de 3 mois ! Les débuts sont vraiment laborieux rien que pour trouver la bonne position, car il est nécessaire, pour favoriser la lactation, d’alterner les deux seins, il faut donc trouver la bonne position à gauche mais également à droite! Les coussins d’allaitement son parfaits pour les débutantes!
Après 4 mois d’allaitement exclusif, et une fois que je commençai à avoir un soupçon d’assurance, les premières remarques de l’entourage fusent : « Alors tu as commencé la diversification ? Tu lui donnes des soupes? Tu ne vas pas l’allaiter toute sa vie tu sais? Il va falloir la nourrir de manière plus consistante si tu veux qu’elle grandisse convenablement et fasse ses nuits ! En plus tu as l’air épuisée !»… J’en passe…
Pendant cette période il faut également penser reprendre une activité professionnelle (au début j’ai repris à mi-temps, pendant 6 mois dieu soit loué). Ce qui représente une étape supplémentaire difficile à franchir! La séparation d’avec son enfant est douloureuse ; pas seulement physiquement à cause des montées de lait mais également psychiquement par le manque de ce contact charnel avec son enfant.
Suite naturelle de la grossesse
Même si dans mon esprit et je suis sûre dans celui de beaucoup de mamans, l’allaitement est la suite naturelle de la grossesse, tout le monde ne s’imagine pas, ou a oublié, combien il est difficile de concilier allaitement et travail. Il n’était de toute manière pas question de rompre ce contact avec mon bébé qui est tellement nécessaire mais avant tout tellement naturelle. Le lien qui s’est créé pendant neuf mois entre nous et qui perdure au-delà cette période de gestation est indescriptible… C’est un geste instinctif et tellement tendre en même temps. Il est hors de question de s’en priver déjà, de sevrer mon enfant dès 4 mois seulement et de substituer mon lait à un quelque autre produit lacté « maternisé », non pas spécialement pour suivre les recommandations de l’OMS mais pour le bien être de mon enfant qui contribue de toute évidence à notre bien-être à nous parents.
C’est sûr, allaiter et travailler demande une certaine organisation, mais en ce qui concerne le bonheur de bébé je ne suis pas du genre à opter pour des solutions de facilité ; n’ayant aucun problème de lactation, j’ai opté pour le tire-lait, et me suis réveillée très souvent la nuit pour allaiter ma fille à sa demande. Pas évident de rester en forme avec des cycles de sommeil perturbés, une vie de famille et professionnelle à concilier mais je me suis adaptée ! Et je n’avais pas intérêt à être souffrante car les médecins en général ne peuvent pas soigner les mamans qui allaitent… c’est une chose que j’ai appris à mes dépends… Je ne suis pas malade souvent mais il m’est arrivé à un moment donné d’avoir recours à des spécialistes ; il s’agissait concrètement d’un dermatologue, d’un endocrinologue et d’un ORL que j’ai dû consulter sur recommandation de mon généraliste (pour moi-même). Ils m’ont tous encouragée à stopper complètement l’allaitement pendant mon traitement. Ils appliquaient peut-être le principe de précaution?! Mais leurs arguments n’étaient pas très convaincants! Les possibilités qui s’offraient à moi étaient les suivantes : soit j’arrêtais d’allaiter ma fille qui avait à ce moment là un peu plus d’un an, qui était donc bien grande et bien portante pour ne plus avoir besoin de mon lait, et donc à partir de ce moment je pouvais être soignée médicalement, soit je continuais l’allaitement et ma santé se détériorait… Sympas les toubibs ! Les laits actuels madame, me disait-on, sont très proches du lait maternel ! Et votre enfant est déjà bien grande et n’a plus besoin de votre immunité… Bla bla bla !
L’entourage proche
Ces avis médicaux sont bien sûr partagés par l’entourage proche qui est inquiet pour vous bien évidemment ! « Ca suffit maintenant ! Elle est grande la petite » bel oxymore merci !! Il est arrivé qu’on me dise « tu es bizarre » ! Comme si j’étais dégénérée, presque folle ! On me faisait comprendre gentiment « Ecoute, plus tu continues, plus ça risque de devenir pathologique cet acharnement à vouloir allaiter ton enfant ! » et ce avec un ton condescendant et des yeux roulants… et puis de transmettre l’info au voisin : « Et tu ne sais pas quoi, elle allaite toujours !!! – Arrête ??!!… Ben oui, ben c’est bien, mais bon… Mais bon quoi ?? me disais-je… Enfin bref, quoi qu’il en soit, ma santé ne s’est pas détériorée, j’ai subi un traitement pendant quelques jours, qui était d’ailleurs au final tout à fait compatible avec l’allaitement, (ça je l’ai appris bien plus tard) mais qui s’est révélé vain de toute manière. J’ai recouvré toute ma vitalité très naturellement et je continue encore aujourd’hui à allaiter ma fille de 18 mois sereinement.
Je travaille désormais des journées entières mais j’ai maintenu les tétées du matin et celle du soir. A l’heure du coucher ma fille réclame d’ailleurs sa dose de lait de sa jolie petite voix : « tété ! maman tété » ! Comment puis-je l’en priver ? Je me demande vraiment quel est le mal à allaiter son enfant passé les 6 mois recommandés par l’OMS ? Qui peut le dire ? Le pédiatre de la petite est favorable à l’allaitement dit « long » et m’a d’ailleurs toujours encouragée dans ce sens ! Alors à ceux qui me demandent, ou qui demandent au papa jusque quand je compte allaiter notre fille on leur répond : autant que faire se peut !
Nadège H.
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