Le RGO chez le bébé et chez le nourrisson
Dans la très grande majorité des cas, le reflux gastro-œsophagien, qui se manifeste typiquement par des régurgitations chez le nourrisson, ne relève que de mesures de réassurance des parents et d’une approche diététique. Donc on ne se précipite pas sur internet et on ne fait de diagnostic intempestif de « reflux interne » comme c’est devenu une espère de mode. Mon enfant pleure? C’est donc un reflux. Il faut sortir de cet aphorisme peu adapté à la réalité.
Le RGO, qui définit le passage de liquide gastrique dans l’œsophage, n’est pas une maladie mais un phénomène physiologique, qui se produit quotidiennement chez les nourrissons, les enfants et les adultes, et est le plus souvent sans conséquences.
Le RGO toucherait de 45 à 65 % des nourrissons, qui sont particulièrement exposés à ce phénomène du fait de l’immaturité supposée du système antireflux, mais surtout de la quantité de liquide (associée à de l’air) ingérée par jour (130 à 150 mL/kg, ce qui équivaut à neuf litres chez un adulte de 70 kg), et de la position allongée la majeure partie du temps.
Abus de médicaments !
Donner de l’Inexium (inhibiteur de la pompe à protons) à son nourrisson n’est pas dénué d’effets secondaires. Il s’agit d’uneclasse thérapeutique qui a un effet sur l’apparition future d’asthme.
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Existe-t-il une association entre l’utilisation d’inhibiteurs de la pompe à protons et la survenue d’un asthme ?
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) comme par exemple l’Inexium, restent relativement prescrits pour un reflux gastroœsophagien dans les premiers mois, puis par la suite chez l’enfant pour un pyrosis ou des épigastralgies. Ces médicaments ont des effets secondaires reconnus et modifient les microbiomes digestif et pulmonaire [5]. Or il est reconnu qu’une dysbiose peut être à l’origine de crises d’asthme. Les données de la littérature concernant l’association entre la prise d’IPP et la survenue d’un asthme sont limitées.
Une étude de cohorte suédoise cas-témoins a repris les données sur 10 ans de 80 870 paires d’enfants et adolescents appariés selon un score de propension afin d’analyser le risque d’incidence d’un asthme suivant ou non la prescription d’IPP [6]. Sur l’ensemble de la cohorte, dont l’âge moyen était de 12,9 ans et comprenant 63 % de filles, ceux qui avaient reçu des IPP avaient un taux d’incidence d’asthme plus élevé que ceux sans ce traitement, avec 21,8 événements pour 1 000 personnes-années versus 14 événements pour 1 000 personnes-années, soit un HR de 1,57 (IC 95 % : 1,49-1,64). Quelle que soit la tranche d’âge, le risque d’asthme était augmenté, particulièrement chez le nourrisson, avec un HR de 1,83 (IC 95 % : 1,65-2,03) chez les moins de 6 mois et de 1,91 (IC 95 % : 1,65-2,22) dans le groupe 6 mois-2 ans. Selon la molécule utilisée, le risque était plus ou moins important, le HR était de 1,64 (IC 95 % : 1,50-1,79) avec l’ésoméprazole, de 1,43 (IC 95 % : 1,35-1,51) avec l’oméprazole et de 2,33 (IC 95 % : 1,30-4,18) avec le pantoprazole. Au cours du suivi, l’asthme survenait dans un délai variable après la prescription d’IPP. Les HR étaient de 1,62 (IC 95 % : 1,42-1,85) entre 0 et 90 jours, et de 1,53 (IC 95 % : 1,45-1,62) entre 181 jours et la fin du suivi.
Ces données confirment une nouvelle fois que les IPP doivent être prescrits uniquement lorsque leur indication est justifiée.
RGO et les conséquences
Il est le plus souvent physiologique, il fait partie de l’environnement et des tracasseries des bébés assez souvent sans qu’il soit pour autant pathologique. Ces remontées de lait qui apparaissent dès la deuxième moitié de la tétée ou du biberon. Avec votre enfant qui commence à se tortiller.
Cependant, il y a des cas où un simple lait épaissi ne suffira pas (voir avec votre pédiatre si c’est nécessaire) et où il ne faudra pas passer à côté d’une vraie maladie.
Le RGO « normal » se voit chez près de 50% des nourrissons, et se traduit par des régurgitations.
Parfois on parle de reflux « interne », car on ne le voit pas forcément extérieurement.
Il faut savoir que le volume de l’estomac d’un bébé est limité (entre 100 et 150ml) dans les premiers mois de vie. On comprend alors qu’un biberon de 180ml à l’âge de 5 ou 6 mois va se traduire par ces remontées qui ne sont rien d’autre qu’un trop-plein.
Si en effet cela persiste, ce ne sont plus des simples régurgitations, mais un vrai reflux que le pédiatre traitera si besoin.
Il ne faut pas systématiquement se précipiter pour traiter ces « remontées », votre pédiatre a l’habitude et va chercher d’abord à savoir si ces RGO sont passagers, s’ils vont disparaître vers l’âge de 5/6 mois ou si une éventuelle pathologie est à craindre derrière.
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RGO et otites?
Cependant, un RGO peut être à l’origine d’otites à répétition et votre pédiatre y pensera, et mettra en route un traitement de ce RGO si besoin pour voir si la fréquence des otites diminue.
Quoi comme pathologies?
Une sténose du pylore par exemple (des vomissements en jet), une allergie au lait de vache, un problème chirurgical par exemple l’intestin qui fait une sorte de noeud (invagination intestinale aiguë= c’est une urgence), un problème de surcharge alimentaire (bébé trop nourri), un hématome autour du cerveau (en cas de chute).
Mais pas de panique: la plupart du temps c’est bénin, évitez les autos médications, et surtout votre pédiatre verra avec vous s’il est nécessaire d’utiliser des médicaments de type IPP (inhibiteur de pompe de neutrons) qui souvent peuvent faire plus de dégâts qu’autre chose.
Il y a des moyens simples pour les diminuer (réduire volume du biberon, utiliser un lait épaissi, mettre son bébé sur le ventre et sous surveillance dès la fin du repas pendant dix à vingt minutes, portage en écharpe, etc.).