Régimes végétariens et végétaliens administrés aux enfants et adolescents: attention extrême prudence !

Régime végétarien ou régime végétalien: de quoi parle-t-on?

Il existe plusieurs types de régimes végétariens : l’ovo-lactovégétarisme, qui admet les produits laitiers et les œufs, le lactovégétarisme, qui exclut les œufs et l’ovo-végétarisme, qui exclut les produits laitiers.

Le végétalisme est un régime excluant tous les produits carnés, laitiers, produits de la mer, œufs et miel. Par extension anglophone, le véganisme répond plus à une idéologie préconisant un régime végéta- lien, ainsi qu’une lutte contre l’exploitation des animaux interdisant la laine, le cuir et la soie, et également tout produit ayant fait l’objet de tests sur l’animal. De plus, il existe plusieurs “variantes” de régimes végétaliens : régime macrobiotique, régime flexitarien, voire fruitarien. Le régime macrobiotique est composé pour 50 à 60 % de céréales entières, légumes, légumineuses, algues et produits fermentés de soja.

Les flexitariens vont consommer parfois de la viande, du poisson ou des produits laitiers. Les fruitariens ne consomment que des fruits à pulpe et fruits secs. Lorsque les risques pour la santé attribués à la consommation de produits carnés conduit les parents à imposer ce type d’alimentation à leur nourrisson ou leur enfant, on évoque une ortho- rexie mentale par procuration.

Conséquences liées aux régimes végétariens et végétaliens

Chez l’enfant comme chez l’adulte, une alimentation végétarienne n’expose à aucun risque nutritionnel.

En revanche, ce n’est pas le cas de l’alimentation végétalienne, en particulier pour la couverture des besoins en vitamines B12, vita- mine D, fer, calcium, acides éicosapentaénoïque et docosahexaénoïque, et zinc.

Plusieurs sociétés savantes internationales ont donc statué sur les recommandations concernant le végétalisme chez l’enfant. En contrepartie, il existe peu d’études pédiatriques évaluant les carences nutri- tionnelles d’enfants végétaliens par rapport aux enfants et adolescents omnivores.

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6% des enfants en âge scolaire et 8% des adolescents

Les enfants et adolescents sont entrainés par les adultes dans cette pratique. On estime que 6 % des enfants en âge scolaire et 8% des adolescents sont végétariens. Un pourcentage assez faible est purement végétalien (VEGAN=francisation de l’anglais veganism, signifiant végétarien intégral), tournant sans doute autour de 1%, ce qui, à l’échelle des États-Unis, représente quand même 500.000 personnes de moins de 18 ans avec une tendance nette à l’augmentation de cette pratique.

Les raisons du choix d’un tel régime vont de bénéfices attendus sur la santé, à des raisons sociopolitiques, écologiques, et éthiques liées à l’allocation des ressources mondiales et aux droits des animaux.

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Concept éditorial : Hachette Digital en collaboration avec Lauren Malka

Une autre complication, redoutable, plane sur les tout-petits : la coqueluche maligne. La bactérie Bordetella produit une toxine qui, chez les nourrissons, peut faire grimper le taux de globules blancs dans le sang. Celui-ci devient alors extrêmement visqueux, d’où un risque de détresse respiratoire aiguë, de trouble de la conscience et de défaillance de multiples organes. Cette complication gravissime nécessite un transfert en réanimation et peut conduire à la mort.

Types de régimes végétariens, végétaliens

Ces régimes varient considérablement selon le degré d’exclusion d’aliments d’origine animale.

  • Le régime végétarien est à l’origine fait de céréales, fruits, légumes, noix et autres végétaux. Les protéines d’origine animale sont généralement exclues, cependant des diètes moins sévères incluent certains aliments selon les cas.
  • Régimes semi-végétariens : la viande est occasionnellement permise, plutôt la volaille et aussi parfois le poisson.
  • Le pesco-végétarisme : la chaîne de poisson, crustacés et mollusques est permise.
  • Le lacto-ovo végétarisme : les œufs, le lait et les produits laitiers sont permis.
  • Le lactovégétarisme : seuls les produits laitiers et le lait complètent le régime végétarien.Le régime macrobiotique : des céréales entières (complètes) et du riz brun sont ajoutés et occasionnellement (une ou 2 fois par semaine) de la volaille et/ou du poisson sont consommés. Dans sa forme extrême, il peut être plus restrictif encore se rapprochant du végétalisme.
  • Le régime VEGAN : tous les aliments issus du règne animal (viande, volaille, poisson, crustacé, mollusque, œufs, lait et produits dérivés, parfois miel) et produits dérivés sont formellement exclus de l’alimentation.
Problèmes posés par l’alimentation végétarienne et végétalienne
La commission estime que les régimes végétariens peuvent satisfaire, à condition d’être variés et bien équilibrés, aux besoins des enfants et adolescents, femmes enceintes et allaitantes avec une réflexion sur certaines supplémentations, comme le calcium par exemple. Par contre, le régime végétalien est inadapté et donc non recommandé pour les enfants à naître, les enfants et les adolescents, de même que les femmes enceintes et allaitantes. Les supplémentations obligatoires, les déséquilibres métaboliques et l’obligation d’un suivi médicalisé, y compris par prélèvements sanguins, ne sont donc pas admissibles. Le fait de les administrer à des enfants soulève donc d’importants problèmes bio-éthiques.

Carences graves possibles

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En effet, ce régime induit de graves carences: les quantités de protéines de haute valeur biologique, de vitamine B12 , de vitamine D, de calcium, de fer, de zinc, d’iode et de DHA sont particulièrement visées dans les carences observées lors de régimes végétaliens purs non substitués réalisés sans un suivi rigoureux. Le manque de vitamine B12 peut être dangereux et une supplémentation est habituellement requise, notamment pour prévenir l’anémie. Par ailleurs la répartition respective des différents aliments végétaux (céréales, légumineuses, fruits oléagineux, légumes et fruits) pour couvrir les besoins en un certain nombre d’oligo-éléments et de nutriments est absolument essentielle en particulier pour le calcium présent par exemple dans le chou, les graines de sésame ou les amandes, et les omégas-3, présents dans les noix, le colza ou le soja. Il existe aussi un risque d’excès de fibres (phytates) par consommation importante de légumineuses et céréales, de fruits et de légumes pouvant interférer avec l’absorption digestive des minéraux et du fer.
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Mais le régime végétalien induit aussi des déséquilibres variablement supportés par les patients. Il s’agit en particulier d’hyperkaliémie et d’hyperphosphorémie. L’excès de phosphore et le manque de calcium peuvent être responsables d’une hyperparathyroïdie secondaire d’origine nutritionnelle. Le rapport entre la quantité de zinc et de fer ainsi que les déséquilibres entre nutriments essentiels jouent sur la biodisponibilité des ingestats. S’il est encore possible de corriger des carences par des supplémentations, le traitement des déséquilibres est beaucoup plus délicat.
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L’alimentation végétalienne excluant toute forme de protéines animales (et donc d’une série d’acides aminés essentiels) nécessite en d’autres termes systématiquement l’augmentation des apports alimentaires supplémentaires par rapport aux besoins ainsi qu’une analyse précise des aliments consommés afin de s’assurer du meilleur équilibre alimentaire possible. Si cette situation peut être contrôlée chez l’adulte par une diversification des sources, elle devient plus problématique chez le nourrisson dont l’alimentation est exclusivement lactée jusqu’à 4 à 6 mois.
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Si la consommation d’un tel régime et ses conséquences sont de la responsabilité de l’adulte qui s’y soumet, il est tout à fait non recommandé médicalement et même proscrit de soumettre un enfant, en particulier lors des périodes de croissance rapides, à un régime potentiellement déstabilisant, justifiant des supplémentations et nécessitant des contrôles cliniques et biologiques fréquents. Ce concept d’alimentation où la supplémentation systématique et des contrôles sanguins obligatoires (accompagnement médical systématique par le généraliste et/ou le pédiatre) sont indispensables à l’exclusion de carences s’apparente non plus à une alimentation classique mais à une forme de « traitement » qu’il n’est pas éthique d’imposer à des enfants.
Voir la totalité de l’étude ICI

La publication de cet avis de l’Académie de Médecine de Belgique a entraîné des réactions de confrères médecins et nutritionnistes, dont nous publions ci dessous une d’entre elles:

Sécurité des régimes végétariens et végétaliens chez la femme enceinte, allaitante et chez l’enfant en phase de croissance

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C’est désormais 4 livres du Dr Pfersdorff pédiatre, qui sont édités chez Hachette et distribués dans toutes les librairies de France, mais aussi Belgique, Luxembourg, Suisse, Canada. Ils s’adressent aux parents. Egalement sur Amazon, Fnac, BNF, etc.