Trotteurs dangereux (baladeurs, youpala) pour les nourrissons

Nous avons fait une étude rétrospective sur 100 cas consécutifs de traumatismes crâniens survenus chez des enfants de moins de deux ans, hospitalisés dans notre service de pédiatrie générale, au cours des années 1997 à 1999. Il s’agissait de 34 enfants de plus d’un an et de 66 enfants d’un an et moins.

Dans notre série, les chutes en trotteur (youpala) étaient exclusivement notées chez les enfants de moins de I an; nous avons donc restreint notre étude aux enfants d’un an et moins. Dans cette catogorie d’âge, les traumatismes crâniens liés aux trotteurs représentaient 27 cas sur 66, soit 4O,9 % de tous les traumatismes crâniens.

Les chutes en trotteurs étaient survenues avant tout dans l’escalier : 25 cas sur 27 (92 %). Dans le groupe des enfants de moins d’un an ne chutant pas en trotteur, les causes les plus souvent retrouvées étaient les chutes de table à langer ou de chaises hautes, les chutes de bras des parents. La moyenne d’âge des enfants chutant en trotteur était de neuf mois dix jours, contre sept mois trois semaines pour les chutes d’autre origine.

Les conséquences des chutes étaient sensiblement identiques, que l’enfant ait chuté en trotteur ou d’une autre façon : on dénombrait trois fractures dans le premier groupe (soit 11 %), trois également dans le deuxième (7,6 %). On déplore un hématome extra-dural dans le groupe chutant en trotteur, et un hématome sous-dural dans l’autre groupe, tous deux d’évolution favorable.

Les accidents de trotteur (synonymes : youpala, « marchette » pour les canadiens) constituent un problème de santé publique déjà bien étudié dans la littérature [1]. Ils représentent une cause d’accidents évitables chez l’enfant de moins de un an.
Les trotteurs pourraient aussi avoir des conséquences développementales négatives : des aspects de pseudo-diplégies ont été décrits [2] chez des enfants marchant en équin du fait de sièges trop haut situés. L’âge d’acquisition de la marche autonome serait plus tardif chez les enfants ayant marché en trotteur que chez les autres [3].

Les motivations parentales à l’achat de trotteurs sont toujours fortes malgré les conseils le plus souvent défavorables des professionnels de santé [4].Dans ces conditions, il apparaît souhaitable que la communauté pédiatrique émette des recommandations visant à réglementer la vente de ce type d’appareils, comme cela a déjà été fait au Canada et aux États-Unis.

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