La CIIVISE, c’est quoi?
Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
La commission espère qu’il ne s’agit pas de son rapport final mais d’un rapport d’étape, que les autorités qui l’ont souhaitée et instituée en seront satisfaites et estimeront qu’il étaye suffisamment la demande de maintien de la commission.
Elle espère que ce rapport sera lu et qu’il suscitera l’intérêt des mouvements et professionnels de la protection de l’enfance et celui des mouvements et professionnels de la lutte contre les violences sexuelles. Elle espère qu’il sera lu par tous les citoyens, quel que soit leur métier ou leur engagement, parce que ce dont parle la CIIVISE les concerne nécessairement.
Elle espère que son rapport, dès les premiers mots, sera tout entier déjà connu, reconnu par les personnes qui lui ont confié leur témoignage et par toutes les victimes de violences sexuelles dans leur enfance, que ces femmes et ces hommes se reconnaitront dans chaque mot, qu’aucun mot ne les troublera, que cette multitude de femmes et d’hommes se dira que la CIIVISE a été à la hauteur de leur attente, de leur parole, de leur exigence.
Elle espère enfin que ce rapport sera connu des enfants, d’une manière ou d’une autre ; que les enfants en entendront parler et se diront que cette CIIVISE a fait un travail sérieux, comme les enfants font un travail sérieux parce que les enfants sont des gens sérieux, qui vivent leur vie sérieusement ; que les enfants victimes se diront qu’ils vont être protégés, que les adultes qui les croient et veulent les protéger vont réussir parce qu’ils ne sont pas tout seuls.
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La Doctrine de la CIIVISE peut être formulée de la façon suivante
- Est appelé enfant un être humain qui n’a pas atteint l’âge de 18 ans.
- Un viol ou une agression sexuelle sont par nature et par définition des actes violents.
- Des enfants, très nombreux, sont violés et agressés sexuellement dans notre pays comme dans les autres pays, aujourd’hui comme avant.
- Ces enfants doivent être reconnus comme victimes. Plus une personne est vulnérable plus le risque qu’elle soit victime de violences est élevé. Un enfant est une personne très vulnérable. Un enfant handicapé est une personne extrêmement vulnérable.
- Les êtres humains qui commettent ces actes doivent être appelés agresseurs et non pas auteurs. Le mot agresseur ne doit pas être mis entre guillemets. Si les mots ont un sens, pédophile est le plus mauvais choix concevable pour désigner un agresseur. Pédocriminel doit être privilégié par les locuteurs qui tiennent absolument à faire usage du préfixe pédo pour spécifier l’enfance.
- Les violences sexuelles sont des violences sexuées. Les agresseurs sont presque toujours, mais pas toujours, de sexe masculin ; les victimes sont en majorité de sexe féminin mais lorsque les victimes sont des enfants, le nombre de victimes de sexe masculin est plus important que parmi les victimes adultes.
- Les violences sexuelles sont une trahison. Le plus souvent, l’agresseur est un proche de l’enfant, il est adulte et jouit de la confiance des parents de l’enfant s’il n’est pas lui-même parent de l’enfant.
- Les violences sexuelles faites aux enfants sont le plus souvent commises par un membre de la famille de l’enfant. Elles doivent alors être désignées par le mot inceste.
- Un enfant est dit mineur par la loi : son jeune âge fait présumer que l’autonomie n’est pas acquise, qu’il doit donc être protégé et que le statut juridique de l’incapacité est une protection. La raison commande donc de reconnaître qu’il y a une asymétrie irrécusable entre l’enfant et l’adulte et d’admettre que cette asymétrie inclut les émotions, les désirs, les relations affectives, sentimentales ou sexuelles.
- La violence, y compris lorsqu’elle est commise par le sexe, est un acte de négation par la personne qui le commet de l’altérité et de la légitimité de la personne qu’elle agresse. La violence est un instrument de domination incompatible avec la relation.
- La violence est un acte qui résulte d’une décision prise par la personne qui le commet. Le libre arbitre est l’un des attributs essentiels de la dignité humaine. Si la violence est un choix, il est possible de ne pas être violent. Il suffit de renoncer à la volonté de puissance.
- Nul ne transgresse la loi impunément. Les violences sexuelles faites aux enfants sont une transgression d’une extrême gravité.
- Les violences sexuelles ont des conséquences graves et durables sur la santé, la sécurité, l’existence tout entière de l’enfant victime.
- Il résulte des 13 premières composantes de la doctrine de la CIIVISE que les violences sexuelles faites aux enfants sont un problème d’ordre public.
- Les 14 premières composantes de la doctrine de la CIIVISE font l’objet d’un large consensus au sein des sociétés contemporaines. Il était tout de même utile de les mentionner pour rendre hommage aux personnes et aux associations qui ont lutté à la fin du XXème siècle pour parvenir à ce que la réalité fasse l’objet d’une acceptation consensuelle, même partielle et fragile.
- Lorsqu’un groupe humain ne tolère pas la réalité, il crée une « réalité alternative ». Le passage de la première à la seconde et la persistance dans la seconde sont appelés déni. Au sujet des violences sexuelles faites aux enfants, la réalité alternative est parfois appelée réalité psychique, vérité judiciaire ou majorité sexuelle.
- Les agresseurs bénéficient, sauf exceptions, d’une impunité totale. Les enfants victimes de violences sexuelles ne sont pas protégés et sont parfois obligés de vivre avec leur agresseur.
- Les adultes qui veulent protéger les enfants victimes de violences sexuelles font l’objet de menaces et de sanctions. Ces adultes sont souvent affublés de qualificatifs tels que : manipulatrice, aliénante, imprudent, intrusif, complotiste, féministe, fanatique, caricatural, voire militant qui est le qualificatif le plus péjoratif dans l’esprit de la personne qui l’utilise comme une arme de langage.
- Il résulte des composantes 16, 17 et 18 que les violences sexuelles faites aux enfants font l’objet d’un déni.
- La complaisance collective dans le déni peut être appelée « consentement meurtrier passif(4) »….
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Les 82 préconisations:
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