Incongruence de genre, qu’est-ce que c’est?

Le genre, c’est quoi?

Le Genre se réfère à l’identité personnelle et sociale d’une personne en tant qu’homme, femme ou personne non binaire (une personne qui ne se reconnait pas comme étant exclusivement homme ou femme).

Attention : le genre n’a rien à voir avec les sexe constaté et assigné à la naissance : un pénis fera déclarer le nouveau-né comme étant garçon, l’absence de pénis et la présence d’un vagin, d’un utérus fera déclarer le nouveau-né comme étant une fille.

Mais en grandissant, en particulier lors des années de la puberté, certains individus ont l’impression de ne pas être en harmonie avec le corps dont le sexe leur a été assigné à leur naissance : une fille peut se sentir « masculine » et un garçon « féminin », encore que ces appellations prêtent à confusion.

Toi ado, si tu ne te sens pas bien dans ta peau (c’est fréquent) ou que tu ressens un mal être et que tu cherches sur internet « mal être ado », tu vas de suite tomber sur des sites qui te parlent de troubles de l’identité de genre. Sois bien accompagné, ton problème n’est peut-être pas lié à une question de genre.

Différents concepts de genre

Le genre comprend les concepts suivants :

– l’identité de genre correspond au genre qu’une personne ressent intimement et individuellement : « je me sens fille depuis des années, proche des filles, j’ai envie de faire comme elles et plus ça va, plus je veux m’affirmer en ce sens, bien que j’ai un pénis »

– l’expression de genre désigne la manière dont une personne présente son genre à travers son langage corporel, des choix esthétiques ou des accessoires (p. ex. vêtements, coiffure et maquillage) qui peuvent avoir été traditionnellement associés à un genre particulier, et ce, sans égard à son identité de genre.

Le genre d’une personne peut donc différer de son sexe à la naissance et de la mention qui figure sur ses pièces d’identité ou documents juridiques actuels tels que son certificat de naissance, sa carte d’identité ou son permis de conduire. Le genre d’une personne peut aussi changer au fil du temps, selon son ressenti, son expérience, ses rencontres, ses sphères d’investissement, etc.

Chez la plupart des gens, le sexe à la naissance correspond à leur genre (on parle de cisgenre). Par contre, chez certaines personnes, le sexe à la naissance peut être différent de leur genre (on parle de transgenre).

De plus, le concept de genre est également différent de celui de l’orientation sexuelle, un terme générique qui comprend l’identité sexuelle, l’attirance sexuelle et le comportement sexuel d’une personne.

Enfin, certaines personnes peuvent ne pas s’identifier à un genre en particulier.

Cisgenre, transgenre, non binaire

Encore quelques définitions pour comprendre :

  • Une personne cisgenre : cette catégorie comprend les personnes dont le genre déclaré (qu’elles ressentent) correspond à leur sexe à la naissance déclaré. Elle comprend les hommes et les femmes cisgenres (cis).
  • Une personne transgenre : cette catégorie comprend les personnes dont le genre déclaré (qu’elles ressentent) ne correspond pas à leur sexe à la naissance déclaré. Elle comprend les hommes et les femmes transgenres (trans). Les personnes non binaires sont exclues. Le terme de fille trans (ou fille transgenre) fait référence à une enfant/adolescente assignée dans le genre masculin à la naissance et se ressentant du genre féminin ; et inversement pour un garçon trans (ou garçon transgenre).
  • Une personne non binaire : Cette catégorie comprend les personnes dont le genre déclaré n’est pas exclusivement masculin ni féminin. Elle comprend les personnes dont le genre déclaré est, par exemple, agenre, pangenre, genre queer, genre fluide ou genre non conforme. Elle comprend également les personnes dont le genre déclaré est bispirituel — un terme propre à certains peuples autochtones d’Amérique du Nord.
    Elle comprend aussi les personnes dont le genre déclaré est à la fois masculin et féminin, ni l’un ni l’autre ou l’un ou l’autre en plus d’un autre genre. Elle peut également comprendre celles ayant indiqué ou ayant été identifiées par personne interposée comme étant en questionnement ou en processus de décision.

Un mal être, faire mieux?

C’est souvent un long parcours pour celles et ceux qui cherchent à affirmer ce qu’ils pensent réellement être, dans une société où ils ne trouvent pas forcément leur place. Et où celle-ci ne leur offre pas les sécurités qu’ils aimeraient y trouver, le non jugement, l’acceptation de la différence de l’autre, l’absence de moquerie, etc.

Et hélas parfois, des rejets par l’entourage, parfois sa propre famille (attention au poids des religions), ou au collège font que la souffrance va en augmentant, amenant certains à provoquer des troubles de leur comportement, alimentaire par exemple (anorexie, hyperphagie), des scarifications, des mutilations pouvant aller au suicide.

Les personnes transgenres sont près de huit fois plus à risque de faire une tentative de suicide par rapport au reste de la population, selon une étude danoise publiée dans le « JAMA[1] » en juin 2023. Et encore s’agit-il d’un pays connu pour être assez libéral, les taux de suicide doivent être plus élevés en France par exemple.
Les observateurs espèrent que leurs résultats élimineront les derniers doutes sur le fait que les personnes transgenres forment un groupe vulnérable. En outre, « les tentatives de suicide et les décès par suicide qu’ils ont pu observer et analyser ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. En effet, en dessous se trouve un fardeau encore plus lourd de problèmes de santé mentale moins visibles, tels que la solitude, l’anxiété, la dépression et l’automutilation non suicidaire chez les personnes transgenres. Cela peut les conduire à des comportements à haut risque. Ils peuvent avoir recours à des stimulants tels que l’alcool et les stupéfiants, ce qui va rajouter encore des problèmes de santé.

Selon Santé publique France, un quart des personnes transsexuelles auraient déjà renoncé à consulter un médecin. Le dialogue reste encore difficile avec les professionnels de santé, entraînant des « prises en charge non optimales » et des spécificités insuffisamment prises en compte. À l’instar de l’agence sanitaire française qui a lancé une campagne d’information grand public en mai 2021 contre les discriminations envers les LGBT, il s’agit plus globalement de changer le discours sur la transsexualité, afin que tout le monde comprenne mieux ce que c’est d’être une personne transgenre.

[1] https://jamanetwork.com

Qu’est ce que l’incongruence de genre ?

Chez l’adolescent, le diagnostic d’incongruence de genre (on parlait encore récemment de dysphorie de genre) est délicat, car il se trouve dans une période de bouleversement hormonal, de changements physiques et d’inconfort psychique liés à la puberté. La prise en charge pédiatrique, endocrinologique, voire chirurgicale va dépendre de ce discernement diagnostique. La confirmation diagnostique de l’incongruence de genre est d’autant plus importante qu’elle va pouvoir conduire à un suivi individualisé et personnalisé auprès d’une équipe multi disciplinaire, ce qui ne pourra que t’être utile (psychologue, psychiatre, endocrinologue, gynécologue, etc.). Tu ne dois pas craindre d’être ainsi accompagné, c’est pour ton bien. Comme tu es mineur, un de tes parents doit t’accompagner, mais rassure-toi, il y aura des temps où tu seras sans eux chez le ou la psychologue.

Selon la 11e révision de la «Classification internationale des maladies» (CIM-11), l’incongruence de genre se caractérise par une discordance marquée et persistante entre le genre auquel une personne s’identifie (voir ci-dessus) et le sexe qui lui a été assigné à la naissance sur la base de ses organes génitaux.

La fréquence chez l’enfant atteint quelques pourcents, en lien avec l’évolution connue de l’incongruence de genre chez l’enfant dont témoigne la littérature, à savoir qu’un certain nombre de ces enfants construiront finalement leur identité de genre dans celui qui leur a été assigné à la naissance (on parle alors de “désistants” ou de “persistants”). À l’inverse, si la transidentité persiste à l’adolescence, après le démarrage pubertaire, elle est peu susceptible de disparaître. Des études scientifiques récentes en population générale avancent le chiffre de 1,2 à 1,3 % d’adolescent.e.s concerné.e.s.

Pour comprendre et en savoir davantage, le site du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences ICI

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Complexité de la prise en charge médicale

Les personnes transgenres ont à affronter de multiples barrières concernant leur prise en charge médicale. Une revue[1], publiée en 2019, a rapporté que 27 % (19-40 %) d’entre eux avaient fait l’objet d’un refus de soins par un professionnel de santé. A l’inverse, 85 % des praticiens de soins primaires ne seraient pas hostiles à les traiter mais 57 % avouent ne pas être familiers avec la pratique médicale à mettre en place d’autant plus que des troubles de santé mentale sont souvent associés. De fait, les différents traitements médicaux et chirurgicaux en vue d’affirmer le genre (GAMST[2]) s’accompagnent souvent d’une détresse psychologique et d’une majoration du risque suicidaire, surtout en cas d’incongruence marquée avec le sexe assigné à la naissance (notion de dysphorie liée au genre).

[1] Poteat T , Davis AM , Gonzalez A. Standards of Care for Transgender and Gender Diverse

[2] gender-affirming medical and/or surgical treatments= GAMST

Le sexe & le genre

Le sexe renvoie aux caractéristiques biologiques, physiologiques, qui différencient les hommes et les femmes, alors que le genre renvoie davantage à la dimension sociale et culturelle de la sexuation : les rôles, les comportements, tous les attributs qu’une société considère à un temps donné comme appropriés à un sexe. Le «rôle de genre», c’est la face publique et sociale, «l’identité de genre» est la face plus privée, plus psychologique, la manière dont chaque personne vit son identité. On peut vivre son identité sexuée de manière très diverse sans éprouver de malaise particulier.

Pour comprendre et en savoir davantage, le site du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences ICI

Comment accompagner?

Un accompagnement personnalisé peut être proposé, en particulier lorsqu’une détresse est associée avec un retentissement dans les différentes sphères de la vie : sociale, familiale et scolaire.

  • L’accompagnement psychologique doit intervenir en premier lieu, le plus tôt possible, afin de recueillir les demandes du jeune et de sa famille et l’aider à explorer son identité de genre. Ces consultations permettent aussi d’identifier d’éventuels troubles affectifs et émotionnels associés (épisodes dépressifs, troubles anxieux, comportements suicidaires), et des traits de troubles du neuro­développement, dont les prévalences (nombre de cas d’une maladie dans une population à un moment donné, englobant aussi bien les cas nouveaux que les cas anciens) apparaissent plus importantes dans cette population. Dans certains cas, les médecins veilleront à éliminer un trouble du spectre de l’autisme (TSA), car on sait que cette population montre plus souvent des troubles identitaires de genre.
    Elles permettent ainsi de proposer, si nécessaire, une prise en charge adaptée. L’accompagnement permet également un soutien dans la transition sociale au sein du milieu familial et du milieu scolaire, c’est d’une grande complexité. L’objectif est d’éviter un rejet, des moqueries, du harcèlement.
  • L’accompagnement juridique et social : La transition sociale peut être effectuée facilement, du fait des parents et de l’établissement scolaire, et a été facilitée par la publication en septembre 2021 de la circulaire Blanquer “Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire”.
    Elle peut être également effective sur le plan juridique depuis la “loi de modernisation de la justice du XXIe siècle” de 2017 permettant à une personne, y compris mineure, quel que soit son âge, de modifier son prénom à l’état civil par simple demande sur formulaire (et accord parental pour les mineurs). Cette loi permet aussi de modifier la mention du genre à l’état civil, à partir de l’âge de 18 ans, sans nécessité de traitement médical ou chirurgical au préalable. Enfin, les frais médicaux ou en lien avec le suivi peuvent être pris en charge, en France, dans le cadre d’une ALD (affection de longue durée) hors liste, à la demande du jeune et de sa famille.

L’accompagnement dans une transition de genre :
Celle-ci peut être médicale, accompagnée par un endocrino-pédiatre et un psychiatre. Un traitement médical à visée de blocage de la puberté physiologique peut être envisagé chez les adolescent.e.s trans lorsque la transidentité persiste ou s’intensifie avec la puberté et entraîne une souffrance. Pour ces jeunes, les changements physiques pubertaires peuvent apparaître insupportables et rendent nécessaire cet accompagnement. Les bénéfices en termes de santé résident principalement dans l’amélioration de l’anxiété et de la souffrance en lien avec l’apparition des caractères sexuels secondaires et permettent une amélioration du fonctionnement global avec une réduction des risques de co-occurrences, notamment dépression, déscolarisation, risque suicidaire, plus élevés dans cette population.
Ces traitements dits de « blocage de la puberté », en empêchant l’apparition de certains caractères sexuels secondaires (mue de la voix, développement de la pomme d’Adam, développement de la glande mammaire…), permettent d’éviter certaines chirurgies ou permettent des chirurgies moins invasives. Du fait de son caractère réversible, l’adolescent.e peut, s’il/elle/iel le souhaite, arrêter le traitement, et la puberté physiologique reprendra.
Par la suite, si l’adolescent.e souhaite une transition hormonale, des hormones dites d’affirmation du genre (estrogènes pour les filles trans, androgènes pour les garçons trans) pourront être proposées, généralement vers l’âge de 15-16 ans.
Ce sont des sujets très complexes, pour lesquels un consensus est loin d’être trouvé et chaque pays cherche à trouver une équilibre entre « éviter un mal être pouvant mener à un suicide » et « protection de l’ado » qui n’a pas encore toutes les cartes de la connaissance en main. D’autant que le poids des influenceur-se-s sur les réseaux est très fort et peut provoquer des demandes de transition en se méconnaissant.
On le sait, certains transgenres qui sont allés jusqu’à effectuer une transition chirurgical définitive (ablation des seins= on parle de torsoplastie, ablation de l’utérus, des ovaires, du pénis, vaginoplastie = transformation des organes génitaux masculins en leur donnant la forme et l’apparence extérieure d’organes génitaux féminins), des années après regrettent le geste (et souhaitent retransitionner) et se retournent juridiquement contre les médecins qui seraient intervenus trop tôt selon eux.
Sujet complexe.

Quelques contacts

SOShomophobie 01 48 06 42 41

Association TRANSPARENTS https://www.transparents.info

Association Nationale Transgenre https://ant-france.eu

Carte des Associations Trans en France : https://wikitrans.co/carte/

Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT = https://www.dilcrah.fr