DEUX SOCIETES savantes en hépatologie, l’Association française pour l’étude du foie (AFEF) et la Fédération nationale des pôles de référence et ré-seaux hépatites (FPRH), souhaitent rassurer à propos de la vaccination contre l’hépatite B.
L’objectif étant de permettre d’améliorer le taux de couverture vaccinale « qui reste bas chez les nourrissons et les enfants dans tes pays occidentaux ». Ce message intervient alors que la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy poursuit l’instruction du dossier du vaccin contre l’hépatite B en enten-dant les responsables des laboratoires concernés. Les craintes étaient nées, on s’en souvient, de la description de plusieurs cas d’atteintes démyélinisantes, en particulier des SEP (sclérose en plaques), après vaccination contre le virus B, ce seulement chez l’adulte.
Dans un communiqué de presse, les deux sociétés savantes fondent leurs propos, d’une part, sur plusieurs études antérieures qui n’ont pas trouvé de risque significativement plus élevé d’affection dé- myélinisante après vaccination, et, d’autre part, sur deux études françaises récemment publiées.
La première porte sur une cohorte de 500 enfants atteints de ce type d’affection et suivis pendant dix ans. Les auteurs (Mikaeloff Y. et coll.) montrent l’absence de risque à vacciner les enfants atteints de SEP. Il n’y a pas de poussée de la maladie par rapport à un groupe non vacciné.
La seconde a étudié 143 enfants atteints de SEP qui ont été comparés à 1122 témoins. La couverture vaccinale contre l’hépatite B était équivalente dans les deux groupes (50 %). Ici aussi, il n’existe pas d’augmentation du risque lorsque le vaccin a été injecté 6 ou 36 mois avant l’apparition de la maladie.
Ainsi, les recommandations demeurent: vaccination universelle des nourrissons; programme de rattrapage temporaire visant enfants et adolescents ; vaccination des sujets à risque élevé d’hépatite B.
En effet, les hépatites flambent dans le monde entier, il faut vacciner:
C’est un véritable fléau mondial. Les hépatites virales ont tué 1,34 million de personnes en 2015, soit presque autant que la tuberculose (1,8 million de morts), et davantage que le virus de l’immunodéficience humaine (VIH, 1,1 million). Au premier chef, les hépatites dues aux virus B (VHB) et C (VHC), qui sont à l’origine de 96 % des décès. Alors que la mortalité imputable à la tuberculose, au VIH ou au paludisme suit une courbe descendante, celle des hépatites prend le chemin inverse : en 1990, le nombre de décès imputables aux hépatites s’élevait à moins de 890 000 et, en 2000, à 1,1 million. Ce constat a été présenté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
L’organisation estime que 328 millions d’individus dans le monde sont porteurs à l’état chronique du virus : 257 millions du VHB et 71 millions du VHC.
68 % des personnes infectées par l’hépatite B se trouvent dans les régions Afrique et Pacifique occidental (telles que définies par l’OMS), tandis que l’hépatite C est ubiquitaire, même si l’ampleur de l’épidémie varie beaucoup entre les pays et au sein même de chaque pays, les régions Europe et Méditerranée orientale étant les plus affectées.
Sans traitement, les infections chroniques par les virus B ou C des hépatites sont à l’origine de cirrhoses (720 000 morts) et de cancers primitifs du foie (470 000 morts). Cette tendance à la hausse de la mortalité avait déjà été mise en évidence dans des publications en 2016. Pour l’expliquer, les chercheurs faisaient intervenir les évolutions démographiques (augmentation de la population, modification de la structure d’âge).
Contracter une hépatite B dans l’enfance est plus grave que l’attraper à l’âge adulte: risque nettement plus grand que ça évolue vers un cancer (hépatome) ou une cirrhose.
Donc n’hésitez pas à faire vacciner votre enfant, parlez en avec votre pédiatre.