Coliques du bébé : une association avec le tabagisme maternel

baby-215303_640Une étude néerlandaise montre que les coliques du petit enfant sont deux fois plus fréquentes si la mère fume. Paradoxalement, cette association est plus nette lorsque l’enfant est nourri au biberon. La colique infantile est un syndrome caractérisé par des pleurs excessifs, habituellement paroxystiques, chez des enfants pourtant en bonne santé.

Elle commence dans les premières semaines et dure jusqu’à environ six mois. Elle pourrait être liée à des causes gastrointestinales ou psychosociales; il pourrait aussi ne s’agir que d’une forme extrême de pleurs normaux.Trois études se sont déjà penchées sur le problème. La première (Matheson et coll.) a montré que les enfants nourris au sein par une mère fumeuse ont plus souvent des coliques; l’explication: le passage de la nicotine dans le lait. La deuxième (Said et coll.) a retrouvé une association avec le tabagisme parental, que l’enfant soit nourri au sein ou au biberon.

La troisième (Haggart et coll.) n’a retrouvé aucune association. Ces trois études contradictoires étaient relativement petites.L’équipe de Sijmen Reijneveld (Pays-Bas) a conduit une nouvelle étude de grande envergure auprès de 3.345 enfants dont les parents ont été interrogés par des pédiatres et des infirmières. La colique était définie par des pleurs pendant plus de trois heures par jour, pendant plus de trois jours au cours de la semaine écoulée. Une colique était présente chez 4,7 des enfants et, surtout, plus fréquente chez les enfants les plus jeunes et chez les enfants de mère fumeuse.

Cette association était la plus forte chez les bébés nourris au biberon. L’odds ratio était de 2,01 pour moins de 15 cigarettes parjour et de 2,85 pour plus de 15 cigarettes par jour. Pour les enfants nourris au sein, les odds ratio correspondants étaient de 1,61 et 2,52. Notre étude montre que le tabagisme maternel et la colique sont associés mais que l’allaitement maternel réduit cette association plus qu’elle ne la renforce.

Toutefois, on peut analyser les résultats d’autre manière. On peut penser que ce sont les pleurs de l’enfant qui incitent les mères à fumer. On peut penser que les mères qui fument après la naissance fumaient déjà pendant la grossesse, ce qui a pu déjà retentir sur la santé de l’enfant. Enfin, on peut imaginer que les fumeuses sont plus sensibles aux pleurs et peuvent donc les signaler davantage.

De toutes les façons le tabac nuit à la santé, quelle que soit la déclinaison, on le sait. Arrêter n’est certes pas facile, mais c’est un objectif qu’il faut se fixer, à tout prix. Votre médecin peut vous y aider.