Alimentation végane avec exclusion de tout produit d’origine animale. Attention aux carences chez l’enfant et l’ado

Petit rappel des régimes « végétariens ».

Un certain nombre de tendances alimentaires existent. 

  1. Le régime semi-végétarien qui ne va exclure que la viande rouge
  2. Le régime lacto-ovo-végétarien qui va exclure la viande rouge, le poisson et la volaille
  3. le régime lacto-végétarien qui exclut la viande (toutes les viandes), le poisson, la volaille ainsi que les oeufs.
  4. le flexitarisme (semi-végétarisme) admet une base végétarienne, mais autorise le consommation occasionnelle d’aliments d’origine animale (poisson, viande)
  5. Enfin le régime végétalien (on parle aussi de véganisme, d’alimentation végane ou vegan) qui exclut tous les produits d’origine animale. Dans l’alimentation (donc ni viandes, ni poisson,ni volaille, ni oeufs, ni lait, ni laitages). Mais aussi dans l’usage des cosmétiques (pour éviter de contribuer aux tests sur les animaux, dans l’habillement (pas de laine, de soie, de cuir, etc.), dans la vie de tous les jours (pas de bougie en cire d’abeille, pas de graisse d’origine animale, pas de colle d’origine animale, pas certaines colles, etc.). Certains adeptes acceptent cependant de consommer du poisson.

Le végétalisme

Le végétalisme, qui consiste à exclure les produits d’origine animale de son alimentation, est une déviance alimentaire en plein essor. Il séduit de plus en plus de jeunes, les exposant à de nombreuses carences dont ils subissent parfois les conséquences tout le restant de leur existence. L’utilisation de jus végétaux chez les nourrissons et les jeunes enfants a aussi crû de 61 % aux États-Unis entre 2012 et 2017, les carences nutritionnelles qu’elle provoque étant plus graves encore à cet âge.

Les courants idéologiques actuels qui prônent la réduction de la consommation des produits animaux sont les principaux coupables de la propagation de ce fléau. Les arguments utilisés comme la lutte contre le changement climatique ou l’effet cancérogène de la viande sont absurdes pour le premier et biaisés pour le second. Les maires, souvent du même courant idéologique, qui imposent un voire plusieurs repas végétariens à la cantine promeuvent indiscutablement cette dérive alimentaire chez l’enfant et l’adolescent.

Un travail portant sur des enfants polonais âgés de 5 à 10 ans a comparé 52 végétaliens, 63 végétariens et 72 omnivores. Il a confirmé que la carence martiale (le fer) était plus fréquente dans les 2 premiers groupes comparés aux omnivores, et a surtout montré que la croissance staturale (la taille) était significativement diminuée chez les végétariens et encore davantage chez les végétaliens. Donc, en plus des conséquences spécifiques à chacune des carences nutritionnelles qu’entraîne l’exclusion totale ou partielle des produits d’origine animale, la croissance staturale peut être altérée chez les enfants suivant ces régimes déviants.

Réf: Réalités pédiatriques Tounian P. 15 décembre 2021

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Position philosophique ou comportement à  l’égard des animaux?

On le voit, dans le régime végétalien, il s’agit d’éviter « d’utiliser » les animaux comme source à destination des humains.

Ainsi dans certains cas, cette démarche peut trouver son origine s’il y a des allergies dans la famille: allergie aux protéines du lait de vache, intolérance au lactose, allergie au poisson, au blanc d’oeuf, etc.

Dans d’autres cas, la motivation trouvera sa source dans une compassion pour les animaux. Sans oublier l’idée de maltraitance des animaux, produits en grande quantité souvent sans prise en compte du bien-être de ceux-ci, en particulier lors de l’abattage. Les vidéos postées sur YouTube ne manquent pas de nous effrayer à ce sujet. 

Soit pour des motivations écologiques. 

« Le dernier livre du Dr Pfersdorff »

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L’exemple de la Suisse

En 2017, l’existence en Suisse de 3 %  d’adultes végans, 11 % de végétariens et 17 % de flexitariens (définis comme «flexibles en matière de végétarisme») incite les pédiatres à considérer les conséquences de ces habitudes alimentaires chez l’enfant. 

L’alimentation végétalienne de l’enfant est confrontée à plusieurs difficultés : variabilité du contenu alimentaire en fer, zinc, iode, calcium, vitamines D et B12; inhibition de certaines enzymes protéolytiques par les plantes diminuant la disponibilité en peptides alimentaires nécessaires à la croissance; variation des effets de la préparation des aliments (réfrigération, congélation, cuisson). Pour toutes ces raisons, les pédiatres suisses recommandent un suivi diététique, avec anamnèse alimentaire, journal alimentaire pendant trois jours, surveillance de la croissance staturo-pondérale, prescription de compléments alimentaires en cas de besoin. 

Effet de serre lorsque nous exploitons des animaux?

Les adeptes du « véganisme »sont « jusqu’au-boutistes dans leur comportement. Qui dit usage des animaux  » dit non-respect du bien-être animal.

De plus, les régimes laitiers et lactés accéléreraient la destruction de la nature et le réchauffement climatique comme semble le montrer le schéma ci-dessous qui compare l’effet de serre selon le type de consommation. Il s’agit d’un discours qui trouve une écoute plus attentive de nos jours, il s’agit d’un sujet d’actualité.

On le voit il y a à la fois un souci de protection des animaux, mais aussi un désir de prendre soin de l’homme et de la planète. Aucun média ne s’exonère de ce sujet, il est compréhensible alors que les adeptes deviennent plus nombreux. On peut alors comprendre que certains passent du végétarisme au végétalisme.

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C’est désormais 4 livres du Dr Pfersdorff pédiatre, qui sont édités chez Hachette et distribués dans toutes les librairies de France, mais aussi Belgique, Luxembourg, Suisse, Canada. Ils s’adressent aux parents. Egalement sur Amazon, Fnac, BNF, etc.

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Le risque pour les enfants?

Un enfant a des besoins qui ne sont pas les mêmes qu’un adulte. Son organisme est en pleine croissance et donc en pleine « expansion ». Il a besoin de nutriments, de vitamines, d’oligoéléments, d’acides aminés essentiels.

Les nourrissons que les mères nourrissent avec des boissons végétales inadaptées — en remplacement de formules infantiles à base de lait de vache —, sont exposés à des complications nutritionnelles sévères, notamment une dénutrition avec déficit de taille et de poids, mais aussi un état convulsif, une anémie, des fractures osseuses spontanées, des perturbations biologiques, etc.

Les besoins en fer sont particulièrement élevés chez l’enfant et l’adolescent : 0,7 mg/j de 1 à 6 ans, 1,1 mg/j de 7 à 11 ans et de 1,8 à 2,4 mg/j de 11 à 18 ans. Sa biodisponibilité est 7 à 8 fois plus importante dans les produits carnés que dans les végétaux. C’est pourquoi la Société française de pédiatrie recommande la consommation de deux produits carnés par jour aux enfants et adolescents.

Si la carence martiale (en fer) est plus fréquente chez les végétaliens, il en est de même pour le calcium, dont les apports sont nettement insuffisants : un enfant ou un adolescent doit consommer de trois à quatre produits laitiers par jour. Une supplémentation est nécessaire lorsque les apports sont inférieurs à 300 mg (un bol de lait). « Le risque de fractures est augmenté chez les végétaliens, mais pas chez les végétariens, qui consomment des produits laitiers ».

Les deux étapes essentielles chez l’enfant (phases de croissance rapide) sont chez le nourrisson et chez l’adolescent . Ce dernier, en particulier les filles, est attentif à une perte de poids pour, hélas trop souvent, correspondre aux canons de l’esthétique dont nous assaillent les publicitaires et les afficheurs partout dans les médias ou dès qu’il y a une place pour nous « imposer-culpabiliser » ces images qui ne sont plus subliminales. Attention aux adolescentes: elles ne vont pas avoir la même démarche que les adultes. Et trop contentes d’adopter le végétalisme à 100% jusqu’à en devenir obsédées. Gare aux répercussions physiques mais aussi mentales chez elles. Certains en arrivent à ne plus accepter la discussion sur ces sujets. soyez vigilants.

9% des 11-12 ans aux Pays-Bas deviennent végétariens essentiellement pour cette raison. Le poids !

3% aux USA.

2 % en France.

Alors que cependant 40% de la population indienne est végétarienne. Pour des raisons économiques: la viande coûte cher et la vache est…sacrée.

Il faut rappeler que viandes et poissons sont sources importantes d’acides aminés (protéines) essentiels, mais aussi en acides gras dits polyinsaturés (pour le développement du cerveau par exemple), mais aussi en Taurine, en iode, en fer, en vitamine dont la vitamine B12. (très importante pour la fabrication des globules rouges).

Passer à un régime végétarien chez un enfant demande de respecter l’apport calorique, car il n’est pas le même que pour un régime omnivore.

Equilibre complexe à respecter

Le danger devient palpable lors des régimes végétaliens où il va falloir respecter un équilibre très savant entre les sources différentes de protéines céréalières et végétales pour conserver un apport efficace en acides aminés. Les apports en lipides sont également très bas dans les régimes végétariens: un enfant a besoin de lipides, plus qu’un adulte. Ils sont alors compensés en partie par des apports en hydrates de carbone (sucres).

Le fer se trouve certes dans les végétaux, mais sous une forme moins biodisponible que celui en provenance des viandes (fer héminique) . De plus, la présence d’apports élevés en fibres  et en phytates (régime végétalien) baisse aussi sa disponibilité. Ainsi, on observe davantage d’anémies par manque de fer dans les régimes végétaliens.

Les phytates sont des composés phosphorés qui se lient à certains métaux, par exemple le fer non hémique, en les rendant insolubles et en empêchant leur absorption par l’intestin. Et ces phytates, on les trouve en grande quantité dans les végétaux! Base du régime végétalien. Les végétaux les plus prônés contiennent beaucoup de ces phytates car de même ils sont riches en protéines, en fibres, en vitamines et en sels minéraux. Donc impossible de les supprimer.

Il en va de même pour les oxalates qu’on trouve essentiellement dans les racines et les rhizomes de pas mal de plantes comme la rhubarbe, la betterave et l’oseille.

Il en va de même pour les besoins en Zinc qui sont insuffisants.

De même aussi pour le Calcium dont les os ont besoin pour grandir et se solidifier d’une part, mais aussi pour ne pas subir de déformation. Sans laits ou produits laitiers, les carences vont aussi de pair avec le manque en vitamine D. Sauf si l’on habite une zone bien ensoleillée.

Quelles peuvent être les conséquences cliniques pour les enfants?

Entre 6 et 12 mois l’apport énergétique va assez vite devenir insuffisant, en raison des faibles densités calorique et protéique des aliments proposés, avec un risque important de déficit en acides aminés, en vitamine B12, en fer et en calcium comme nous m’avons vu plus haut. Cela va se répercuter par des ralentissements de croissance, des dénutritions et des rachitismes. Le rapport poids/taille reste inférieur chez les enfants suis à un régime végétalien.

Parfois, un retard pubertaire se constate, voire chez les filles un retard d’apparition des règles. Le rachitisme cité plus haut se traduit par des os plus fragiles avec risque fracturaire important (les fractures apparaissent à choc égal plus facilement). Soyons prudents en particulier avec les adolescentes !

Quelques points à retenir

  • il faut diversifier les apports en protéines (tofu, légumineuses) et ajouter 2 à 14 g de protéines pour couvrir les besoins en acides aminés ;
  • allaitement pendant six mois, d’autant plus si la mère est supplémentée en vitamine B12 ;
  • un régime enrichi en huile de lin, de noix et de colza apporte de l’acide alpha-linoléique ;
  • les oxalates des épinards et des choux peuvent aider à éviter une carence martiale (manque de fer), mais une supplémentation peut être utile ;
  • en cas de déficit en zinc, donner 5 mg/j de zinc aux enfants âgés de six à trente-six mois et 10 mg/j au-delà de cet âge ;
  • dans certains pays (Suisse), le sel de cuisine contient systématiquement de l’iode pour éviter l’hypothyroïdie : un apport de 50 à 90 mg/j d’iode est souhaitable pour le nourrisson et le petit enfant, sous forme d’un ajout modéré de sel à l’alimentation solide
  • supplémentation en vitamine D de 400 à 600 UI/j pour tous les enfants jus- qu’à l’âge de trois ans, puis de 600 UI/j au cours des mois peu ou non ensoleillés (Suisse). Cette supplémentation est à prolonger au-delà de trois ans pour les enfants végétaliens
  • possibilité d’un apport supplémentaire en calcium
  • supplémentation en vitamine B12 par une dose journalière unique de 5 mg de six mois à trois ans, de 25 mg de quatre à dix ans et de 50 mg à partir de onze ans. 

L’autre risque est celui de l’exclusion

Les parents qui veulent appliquer un tel régime végétalien à leur enfant le condamnent souvent à un repli et à un moindre suivi médical. Qui peut parfois frôler la non-assistance à personnes (ici un mineur ) en danger. 

Les risques nutritionnels d’un tel régime végétalien chez un enfant, en particulier de moins de 5 ans, sont non négligeables. Et parfois, il est à craindre que les parents étant entrés dans le « tout sauf des produits d’origine animale » pour des raisons philosophiques anti système, peuvent entraîner dans leur sillage un enfant, qui n’a rien demandé, sans se rendre bien compte des dangers encourus.

En parler !

Aussi est-il vraiment important, si vous êtes adepte de ces types de régimes, que vous vous approchiez du médecin traitant de votre enfant, pédiatre ou non, et qui saura vous accompagner dans votre démarche sans vous sentir jugés. L’objectif est que tout le monde s’y retrouve.

N’allez pas fouiller sur le web, vous n’y trouverez que…ce que vous avez envie d’entendre.

Ce n’est pas la même chose que d’avoir un avis objectif.

Tous les médecins ne sont pas des anti régimes végétariens ou tous ne sont pas dans le rejet systématique des approches différentes qui peuvent être les vôtres.

Surtout à l’heure actuelle où la crainte est de mise, en particulier dans le domaine de l’alimentaire: produits toxiques, produits conservateurs, perturbateurs endocriniens, émulsifiants, antibiotiques en grande quantité dans l’élevage des animaux, dioxydes, métaux lourds, mauvais traitements aux animaux, etc. Derrière chaque médecin, il y a un homme ou une femme qui est capable d’entendre votre approche.

Il en va de même d’ailleurs pour les vaccins.

Trouvez le bon médecin qui sera à l’écoute, sans être lui-même dans l’émotionnel ou le compassionnel. Et qui saura trouver les mots pour vous expliquer de quoi votre enfant a réellement besoin pour sa croissance (vitamines, acides gras désaturés, fer, etc.). Et qui ne vous jugera pas.

Et alors vous prendrez le temps de parler. Il saura prescrire les compléments nécessaires.

Pour le bien-être de votre enfant. Il le vaut bien.

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