Dans la nuit de samedi à dimanche, vous gagnerez une heure de sommeil… ou en perdrez une si vous oubliez de régler votre réveil ! Comme chaque année, le changement d’heure perturbe les habitudes des Français.
- Armelle Rancillac Chargée de recherche INSERM au laboratoire Plasticité du cerveau du CNRS dans l’équipe Réseaux neuronaux du sommeil à l’ESPCI.
- Pierre Bénazet Journaliste
- Dr Arnault Pfersdorff Pédiatre et auteur du livre « Bébé Premier Mode d’emploi » aux Éditions Hachette
Institué de manière pérenne en 1976 à travers toute l’Europe, le changement d’heure a été mis en place pour que chacun puisse profiter au maximum de la lumière du jour selon les saisons, mais aussi (et surtout) pour économiser de l’énergie.
Pourtant, ces dernières années, les avantages énergétiques du changement d’heure semblent de moins en moins significatifs par rapport aux coûts sanitaires qu’il implique. En effet, le dérèglement de l’horloge biologique, parfois brutal pour certains, peut provoquer une fatigue accrue, responsable d’une baisse de vigilance et d’une hausse des risque d’accidents de la route. Mais d’autres effets transforment cette question en enjeu de santé publique : augmentation du risque de dépression, baisse des défenses immunitaires, troubles de la mémoire, réduction de la production d’hormone de croissance chez l’enfant, sans oublier les risques accrus de maladies cardiovasculaires, AVC, diabète et infarctus.
Ces nombreuses externalités négatives ont poussé l’Union européenne à inscrire, dès 2019, la fin du changement d’heure à son agenda. Cependant, en 2024, ce sujet reste d’actualité : où en sont les discussions européennes ? Le sommeil est-il un enjeu suffisamment pris en compte ?
On en parle dans Le Téléphone sonne avec Armelle Rancillac, chercheuse en neurosciences à l’Inserm et au Collège de France, Pierre Benazet, correspondant France Inter à Bruxelles ainsi que le Docteur Arnault Pfersdorff, pédiatre et auteur du livre Bébé Premier Mode d’emploi aux Éditions Hachette.
Mieux de ne plus changer d’heure au printemps et en hiver?
Il serait grand temps de ne plus changer d’horaire en été/hiver, les économies d’énergies prévues au départ (nous la présidence de Giscard d’Estaing) ne sont plus d’actualité avec en particulier les ampoules à basse consommation.
D’après les recherches scientifiques, l’heure d’hiver serait globalement plus favorable à la santé des enfants pour plusieurs raisons :
- Alignement avec le rythme naturel :
– L’heure d’hiver est plus proche du rythme circadien naturel
– Elle permet un réveil plus progressif avec la lumière naturelle du matin
- Effets sur le sommeil :
– Facilite l’endormissement le soir car il fait nuit plus tôt
– Permet un sommeil de meilleure qualité
– Réduit les risques de dette de sommeil
- Impact sur la vigilance :
– Meilleure concentration en classe le matin
– Moins de somnolence diurne
– Réduction de la fatigue
- Bénéfices physiologiques :
– Meilleure régulation des hormones (notamment la mélatonine)
– Synchronisation plus naturelle des cycles veille-sommeil
– Système immunitaire mieux régulé
L’heure d’été, en revanche, peut perturber le sommeil des enfants car :
– Il fait encore jour tard le soir, compliquant le coucher
– Le réveil est plus difficile car il fait encore nuit
– Le décalage avec le rythme solaire est plus important