La dépression du post-partum et l’empreinte du lien mère-enfant

 

LMDM – Qu’appelle-t-on le post-partum ?

Voir l’émission ICI La période post-partum commence à la naissance de votre enfant et dont la durée est propre à chaque femme. C’est minimum 40 jours, mais ça peut être beaucoup plus long : 6 mois, 1 an. On parle également de « suites de couche » ou de « quatrième trimestre de grossesse.

Cette période après l’accouchement est une période de changements : la femme vit des transformations corporelles, identitaires et psychiques profondes.

Qui ne sont pas sans laisser des traces sur l’enfant, même à distance sur le futur ado, par l’intermédiaire du lien mère enfant qui se construit dans la durée.

Du post-partum à l’adolescence : l’empreinte du lien mère-enfant

La santé mentale maternelle en période post-partum influe sur le développement psychologique de l’enfant. Une étude longitudinale japonaise sur 245 dyades mère-enfant révèle une association robuste entre symptômes dépressifs maternels précoces, troubles du lien mère-bébé et difficultés psychosociales de l’enfant à l’âge de 11-12 ans. 

Le développement et le bien-être de l’enfant sont influencés par de nombreux facteurs qui vont au-delà des pratiques parentales immédiates. La santé mentale maternelle joue un rôle important dans le développement de l’enfant et constitue une cible pour une intervention précoce.

Malgré des preuves limitées sur les résultats à long terme, le lien mère-enfant semble avoir des effets positifs durables sur les compétences socio-émotionnelles des enfants. La théorie de l’attachement souligne l’importance du lien précoce dans le façonnement du développement émotionnel et social d’un enfant.

Les interactions parent-enfant sont intrinsèquement dynamiques et bidirectionnelles, les deux parties s’influençant mutuellement au fil du temps.

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Le lien mère-bébé, un médiateur dans la trajectoire développementale 

Parmi les 942 séries d’EPDS et de MIBS-J maternels disponibles pour l’analyse, 145 mères (15,4 %) avaient des scores EPDS ≥ 9, atteignant le score seuil pour la dépression. Le score moyen pour le MIBS-J était de 1,8 (ET 2,3), avec 57,1 % obtenant un score de 0 ou 1 et 28,1 % un score de 3 ou plus. Les SDQ évalués par les parents ou auto-évalués ont été récupérés pour 245 des 942 enfants.

Les symptômes dépressifs maternels post-partum, évalués par l’EPDS, étaient significativement associés aux difficultés de création du lien mère-enfant, évaluées par le MIBS-J. La qualité du lien précoce apparaît comme un facteur de médiation majeur entre la dépression maternelle post-partum et les troubles ultérieurs de l’enfant. 

Concrètement, près de 35 % de l’effet total de la dépression sur les difficultés psychosociales ultérieures de l’enfant est médié par la qualité du lien mère-enfant. Ce résultat donne un éclairage clinique sur le rôle du lien affectif dans la structuration émotionnelle de l’enfant, corroborant les fondements de la théorie de l’attachement.

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Quelle est la différence entre la dépression du post-partum et le baby-blues ? 

Ce sont deux états psychologiques qui surviennent après l’accouchement et qui peuvent être confondus mais qui n’ont rien à voir. Le baby-blues est très fréquent, il survient tôt après l’accouchement (entre 2 et  15 jours après). C’est un état transitoire qui ne dure que quelques jours, grand maximum 15 jours, 3 semaines. C’est lié à la chute hormonale. La femme est alors traversée par des émotions très contradictoires : les émotions font des hauts et des bas et l’on passe du rire aux pleurs sans savoir pourquoi. C’est fréquent, normal : les psychiatres s’accordent à dire que c’est plutôt sain, comme une crise identitaire, un passage dans le devenir mère.

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La dépression post-partum est plus taboue, souvent méconnue, à cause de l’idéalisation de la maternité, ça entraîne un déni collectif des soignants, de l’entourage. C’est un état qui s’installe. On constate 2 grands pics : 2 à 4 mois et 6 mois après l’accouchement. Les signes sont ceux d’une dépression classique : immense fatigue, anxiété majeure profonde, sentiment de vulnérabilité, associés à des symptômes plus spécifiques du post-partum. Un rejet du bébé, un sentiment d’incapacité vis à vis du bébé, des idées suicidaires. C’est important de rappeler aux femmes qu’il n’y a pas de honte à avoir. Car certaines n’osent pas en parler, et elles s’isolent. Il faut oser demander de l’aide : c’est une maladie qui se soigne très bien, et plus elle est prise en charge tôt, moins il y a de répercussions sur la santé psychique de la mère et du bébé.

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Peut-on se préparer au post-partum, y a-t-il des moyens d’éviter la dépression en amont ?

Il y a de nombreux moyens de prévenir cette dépression et malheureusement en France, les femmes sont trop souvent isolées et ne reçoivent que trop peu d’aides.

Tout d’abord, il faudrait qu’elles reçoivent pendant leur grossesse lors des séances de préparation à la parentalité une information sur les difficultés courantes et normales du post-partum.  Et le père ou co-parent devrait également être informé de cette réalité du post-partum pour mieux soutenir sa conjointe dans cette période de vulnérabilité. 

J’invite les mamans à prendre soin de leur corps endolori et fatigué (qui vient de vivre l’expérience intense de la grossesse et de l’accouchement) en se faisant offrir des soins physiques : massages, des spas… La rééducation périnéale puis abdominale va aussi permettre de re-consolider l’enveloppe corporel de la femme fragilisée. Et il faut un repos absolu de ce corps, au moins les 40 jours qui suivent l’accouchement 

Se décharger au maximum de toute charge mentale et physique, notamment les courses, les tâches ménagères, la cuisine… Oser demander de l’aide et déléguer. 

La place du père ou co-parent est essentielle. Il faut vraiment constituer une équipe avec lui.elle dès le début. Le congé paternité est essentiel pour épauler la femme lors ces premiers temps de grande fragilité. Essayez les trois premiers mois de ne pas rentrer trop tard, car c’est souvent les heures en fin de journée qui sont les plus difficiles et éprouvantes pour les femmes. 

Enfin, ne pas être trop exigeante avec soi-même. Il faut oublier le mythe de la « mère parfaite » qui n’existe pas. Il ne faut donc pas avoir honte de verbaliser son mal-être à l’entourage ou aux soignants. N’hésitez pas à consulter rapidement une psychologue spécialisée en périnatalité ou à solliciter des associations comme « maman blues » qui pourront vous aider si vous vous sentez en souffrance. 

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La rédaction de La Maison des Maternelles