La dépression du post-partum sur LMDM

 

Rachel Halimi est sage-femme libérale à Paris. Elle répond à nos questions sur la dépression post-partum.

LMDM – Qu’appelle-t-on le post-partum ?

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Rachel Halimi – La période post-partum commence à la naissance de votre enfant et dont la durée est propre à chaque femme. Je dirai que c’est minimum 40 jours, mais ça peut être beaucoup plus long : 6 mois, 1 an. On parle également de « suites de couche » ou de « quatrième trimestre de grossesse »

Cette période après l’accouchement est une période de changements : la femme vit des transformations corporelles, identitaires et psychiques profondes.

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Quelle est la différence entre la dépression du post-partum et le baby-blues ? 

Ce sont deux états psychologiques qui surviennent après l’accouchement et qui peuvent être confondus mais qui n’ont rien à voir. Le baby-blues est très fréquent, il survient tôt après l’accouchement (entre 2 et  15 jours après). C’est un état transitoire qui ne dure que quelques jours, grand maximum 15 jours, 3 semaines. C’est lié à la chute hormonale. La femme est alors traversée par des émotions très contradictoires : les émotions font des hauts et des bas et l’on passe du rire aux pleurs sans savoir pourquoi. C’est fréquent, normal : les psychiatres s’accordent à dire que c’est plutôt sain, comme une crise identitaire, un passage dans le devenir mère.

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La dépression post-partum est plus taboue, souvent méconnue, à cause de l’idéalisation de la maternité, ça entraîne un déni collectif des soignants, de l’entourage. C’est un état qui s’installe. On constate 2 grands pics : 2 à 4 mois et 6 mois après l’accouchement. Les signes sont ceux d’une dépression classique : immense fatigue, anxiété majeure profonde, sentiment de vulnérabilité, associés à des symptômes plus spécifiques du post-partum. Un rejet du bébé, un sentiment d’incapacité vis à vis du bébé, des idées suicidaires. C’est important de rappeler aux femmes qu’il n’y a pas de honte à avoir. Car certaines n’osent pas en parler, et elles s’isolent. Il faut oser demander de l’aide : c’est une maladie qui se soigne très bien, et plus elle est prise en charge tôt, moins il y a de répercussions sur la santé psychique de la mère et du bébé.

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Peut-on se préparer au post-partum, y a-t-il des moyens d’éviter la dépression en amont ?

Il y a de nombreux moyens de prévenir cette dépression et malheureusement en France, les femmes sont trop souvent isolées et ne reçoivent que trop peu d’aides.

Tout d’abord, il faudrait qu’elles reçoivent pendant leur grossesse lors des séances de préparation à la parentalité une information sur les difficultés courantes et normales du post-partum.  Et le père ou co-parent devrait également être informé de cette réalité du post-partum pour mieux soutenir sa conjointe dans cette période de vulnérabilité. 

J’invite les mamans à prendre soin de leur corps endolori et fatigué (qui vient de vivre l’expérience intense de la grossesse et de l’accouchement) en se faisant offrir des soins physiques : massages, des spas… La rééducation périnéale puis abdominale va aussi permettre de re-consolider l’enveloppe corporel de la femme fragilisée. Et il faut un repos absolu de ce corps, au moins les 40 jours qui suivent l’accouchement 

Se décharger au maximum de toute charge mentale et physique, notamment les courses, les tâches ménagères, la cuisine… Oser demander de l’aide et déléguer. 

La place du père ou co-parent est essentielle. Il faut vraiment constituer une équipe avec lui.elle dès le début. Le congé paternité est essentiel pour épauler la femme lors ces premiers temps de grande fragilité. Essayez les trois premiers mois de ne pas rentrer trop tard, car c’est souvent les heures en fin de journée qui sont les plus difficiles et éprouvantes pour les femmes. 

Enfin, ne pas être trop exigeante avec soi-même. Il faut oublier le mythe de la « mère parfaite » qui n’existe pas. Il ne faut donc pas avoir honte de verbaliser son mal-être à l’entourage ou aux soignants. N’hésitez pas à consulter rapidement une psychologue spécialisée en périnatalité ou à solliciter des associations comme « maman blues » qui pourront vous aider si vous vous sentez en souffrance. 

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La rédaction de La Maison des Maternelles