Chez l’enfant, le principal mode de contamination par les virus de l’hépatite B et de l’hépatite C est la transmission du virus de la mère à son enfant. La plupart des données suggèrent que la contamination ait lieu au moment de l’accouchement. Cependant, des incertitudes ont longtemps subsisté quant au risque éventuel de contamination par le lait maternel. Les données actuellement disponibles indiquent que ces incertitudes ne sont pas fondées.
Virus de l’hépatite B
L’antigène HBs, I’antigène HBe et l’ADN du virus B sont détectables dans le colostrum des mères porteuses chroniques du virus de l’hépatite B en période de réplication virale active. La quantité de virus potentiellement présents dans le lait maternel est cependant très faible, puisque le titre de l’antigène HBe dans le colostrum est inférieur à 100 fois son titre dans le sérum et que l’ADN du virus B est indétectable dans le colostrum par les méthodes habituelles et ne peut être mis en évidence que par une méthode d’amplification PCR.
Sur le plan pratique, il est connu depuis 35 ans que l’allaitement maternel n’augmente pas le risque de contamination chez les enfants dont les mères sont porteuses du virus de l’hépatite B. A Taïwan, zone où les mères porteuses de I’antigène HBs sont très souvent en phase de réplication virale active, la proportion d’enfants contaminés à partir de leur mère AgHBs+ était, avant l’époque de la séro-vaccination des nouveau-nés, comparable dans un groupe d’enfants nourris au sein et dans un groupe d’enfants non nourris au sein (tableau).
Il est hautement probable que le contact avec le sang maternel (fissuration vasculaire du placenta ou contact avec le sang maternel au moment du travail) dans lequel la concentration de virus B est beaucoup plus élevée joue un rôle prédominant à l’origine de la contamination. On peut également souligner le fait que le virus B n’est pas transmis par voie digestive. La sérovaccination systématique des nouveau-nés de mères AgHBS+ doit mettre à l’abri les nouveau-nés de tout risque résiduel éventuel.
Virus de l’hépatite C
Les données actuellement disponibles indiquent que le risque de transmission du virus C de la mère à son enfant est de 10 % lorsque la mère n’est pas co-infectée par le VIH. L’ ARN du virus C peut être détecté dans le lait ou le colostrum par méthode PCR dans 30 % des cas. La concentration d’ARN du virus C y est en moyenne l00 fois inférieure à celle du sang (S). L’analyse des articles concernant la transmission du virus C de la mère à son enfant dans lesquels les modalités d’alimentation ont été précisées ne met pas en évidence de différence entre les enfants nourris au sein et ceux qui n’ont pas été nourris au sein
Plusieurs enfants nourris avec un lait connu pour contenir l’ARN du virus C n’ont pas été contaminés. Cela indique que l’allaitement maternel ne constitue pas un facteur de risque de contamination de l’enfant. Les conférences de consensus nord-américaine et européenne sur l’hépatite C ont récemment pris clairement position dans ce sens. On peut ajouter que, comme pour le virus de l’hépatite B, le virus C n’est pas transmis par voie digestive, et que des lésions muqueuses seraient nécessaires pour que le virus puisse éventuellement pénétrer par cette voie.