Nettement moins d'appendicites opérées depuis 25 ans ! Chirurgie ou antibiotiques? ~ Pediatre Online

Rédigé par Docteur Arnault Pfersdorff le 28 février 2025

Chirurgie ou antibiotiques? les derniers résultats en 2025

Concevoir, construire et conduire un essai clinique comparant deux procédures thérapeutiques totalement différentes est un exercice méthodologiquement délicat, surtout quand il s’agit de prendre en charge une situation clinique aiguë et potentiellement grave. Un travail qui a inclus et suivi un peu moins de 1 000 enfants pendant 1 an. Pour eux et pour les investigateurs qui sont tous chirurgiens, l’échec de la non-infériorité des antibiotiques et la supériorité revendiquée de la chirurgie vont plutôt dans le sens de leur spécialité.

Cependant, même si la chirurgie est supérieure à l’antibiothérapie, le résultat de cet essai n’est généralisable qu’aux pays ayant un haut niveau socio-économique (comme celui de tous les pays investigateurs) qui ont des services de chirurgie pédiatrique à la pointe des prestations diagnostiques et laparoscopiques. Il est probable que le résultat ne serait pas le même dans les pays dits pauvres dans lesquels les services de chirurgie sont moins bien équipés et performants.

En se fondant sur les résultats de cet essai, devant un enfant suspect d’appendicite aiguë non perforée, il serait préférable de le confier au chirurgien plutôt que de lui prescrire des antibiotiques pour peu que le clinicien exerce dans un système de soins riche et chirurgicalement bien doté. Celà reste donc la tendance des pédiatres et des médecins: plutôt privilégier la chirurgie pour enlever l’appendice s’il y a appendicite.

Une seule antibiothérapie ne parait pas aussi efficace, même si elle est plus simple.

Explications: c’est quoi l’appendice?

L’appendice, c’est une sorte de petite poche étroite et allongée en forme de cul-de-sac, 6 à 10 centimètres de long environ, qui s’ouvre sur l’intestin (la plupart du temps en bas du ventre à droite, mais rarement il peut être situé à un autre endroit). Parfois, il se bouche, il peut se remplir de microbes, ce qui provoque alors une inflammation qui peut elle-même évoluer vers une infection (appendicite), voire une perforation (péritonite qui met le pronostic vital en jeu).Cette diminution des opérations sur appendicite ne veut pas dire qu’il y en a moins, non. Elle signifie qu’on les diagnostique mieux grâce aux progrès de l’échographie et du scanner.En clair, cela veut dire que jadis on opérait souvent pour rien, mais plutôt que de prendre le risque de la péritonite, on y « allait » comme on dit dans le jargon chirurgical.Il y a aussi une autre évolution à venir, controversée par certains professionnels de la santé: l’utilisation d’antibiotiques en remplacement de la chirurgie. Ça veut dire que dans certains cas bien ciblés, l’usage de ces médicaments pourrait permettre d’éviter l’opération. Les chiffres baisseraient alors encore. Mais tout ceci est en cours d’études.

En bref, se faire opérer moins souvent, c’est bien. Et si l’intervention doit avoir lieu, désormais elle se fait quasi tout le temps à « ventre fermé » grâce à la cœlioscopie (par sonde et caméra).