Concernant l’ asthme le constat d’épidémie ne date pas d’aujourd’hui, loin s’en faut. Pour preuve ces directives scandinaves au sujet la prévention du phénomène, qui remontent déjà au milieu des années 1990. Mais à ce jour, les solutions proposées alors n’ont pas fait la démonstration de leur intérêt autrement que sur le papier – sauf bien sûr sur les points du tabagisme et de la pollution. Dans le dernier numéro d’ Allergy c’est une équipe scandinave justement, suédoise pour être plus précis, qui rapporte à quel point au final ces efforts entamés il y a une dizaine d’années commencent à porter leurs fruits.
La Suède est à n’en point douter l’un des pays les plus concernés par l’extension continuelle de l’asthme . Ainsi sur chaque classe d’âge, 100 000 naissances chaque année 8 500 enfants environ seront amenés à payer leur tribut à cette pathologie dans ses différentes formes, asthme vrai ou « simple » wheezing . Mais si tout le monde respectait à la lettre les recommandations émises par le ministère de la santé suédois, « près de 2 000 d’entre eux pourraient éviter de développer un asthme avant 2 ans », affirme de manière quelque peu péremptoire le Dr Magnus Wickman, de l’hôpital Karolinska de Stockholm et auteur principal de cette nouvelle étude .
Mais cette fois, Wickman a les preuves de ce qu’il avance. Il a en effet avec ses collègues repris les données d’une étude prospective qui portait sur quelque 4 000 enfants nés entre 1994 et 1996. Dès l’âge de 2 mois on demandait à leurs parents si oui ou non ils se conformaient aux guidelines édictées en Suède. Puis à 1 et 2 ans les enfants consultaient à la recherche d’une éventuelle survenue d’ asthme ou de sifflements.
Ainsi les chercheurs se sont-ils aperçus que les enfants élevés dans la droite ligne des recommandations étaient au moins 2 fois moins à risque de maladies respiratoires de ce type. Trois items en particulier démontraient dans l’analyse leur importance : l’allaitement maternel, la non-exposition au tabac et la ventilation de la maison, notamment en vue d’éviter l’humidité et donc les moisissures. Pour les familles les plus respectueuses de ces notions, la prévalence de wheezing et asthme tournait seulement autour de 12,6 % et 6,8 %, respectivement. Par opposition, chez ceux qui ne se conformaient qu’à une ou aucune de ces recommandations devaient déplorer des chiffres supérieurs, à 24,1 % et 17,9 % respectivement.
En outre cette division par deux du risque était encore plus flagrante chez les enfants de parents eux-mêmes allergiques, où le risque était diminué par un facteur 3 ! Alors bien entendu on peut prétendre que ces résultats n’existent que sur une base rétrospective, mais ils semblent suffisamment probants pour inciter à plus d’études dans ce domaine.
C’est en tous les cas l’opinion du Dr Kai-Hakon Carslen de l’Hôpital national Ullveien d’Oslo, en Norvège, qui signe dans la même revue un élégant éditorial : « Cette étude démontre que la prévention de l’ asthme et de l’allergie peut être très efficace , écrit-il, et d’autres études bien conçues et contrôlées, suivies d’études de cohortes real life devraient être encouragées. » On n’en attend pas moins, mais trouver des financements pour des interventions de ce type ne sera certainement pas une mince affaire…