Les carences en fer chez l’enfant

Manque d’apports ou problème de métabolisme?

Les troubles du métabolisme du fer sont fréquents chez l’enfant. Il peut s’agir d’une déficience en fer absolue (ou quantitative) par insuffisance d’entrée de fer alimentaire dans le plasma, d’origine acquise (carence d’apport, malabsorption) ou génétique (syndrome Irida de cause génétique).

Les troubles du métabolisme du fer sont fréquemment observés tant chez l’enfant que chez l’adulte. Ils sont de deux grands types. La déficience en fer représente un problème de santé mondiale. Elle concernerait deux milliards d’individus dans le monde, et serait responsable d’une anémie chez plus d’1,2 milliards d’entre eux. Le rôle essentiel du fer dans la vie cellulaire explique que le manque de fer soit responsable de nombreux troubles cliniques, allant de la fatigue chronique à des troubles neurocognitifs.

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A quoi sert le Fer?

Le fer est un métal indispensable à la vie, dont les propriétés liées à ses deux états chimiques (fer ferreux et fer ferrique) lui permettent des interactions avec certaines enzymes et les processus d’oxydoréduction (oxygénation, respiration cellulaire).

De la période fœtale à l’adolescence, le fer est essentiel au développement et au fonctionnement cérébral en participant notamment à la formation de la myéline (gaine qui s’installe autour des nerfs et qui accélère la vitesse de l’influx nerveux) et au développement des dendrites neuronales. Une déficience précoce entraîne des désordres cognitifs dominés par des troubles de l’attention, une diminution du contrôle de la motricité fines. La déficience en fer augmente la susceptibilité aux infections, notamment à certains micro-organismes intracellulaires.

Où se stocke-t-il?

Le fer est présent dans les cellules sous forme stockée, sous forme fonctionnelle (participation à de multiples activités biologiques), et sous une forme de transit.

Près des 2/3 du fer de l’organisme sont sous forme héminique dans les érythrocytes et la myoglobine des muscles.

Le foie constitue le lieu de stockage essentiel, mais le fer peut être stocké également dans d’autres organes (macro- phages de la rate notamment). Le taux sanguin de ferritine est un reflet du stock en fer de l’organisme.

Les pertes en fer de l’organisme (1 à 2 mg/j chez l’adulte) sont essentiellement digestives (desquamation épithéliale intestinale, microsaignements digestifs, pertes biliaires) et dermatologiques (desquamation cutanée, phanères), et sont physiologiquement strictement compensées par les apports alimentaires.

Où trouver du bon Fer?

Le fer de l’alimentation est absorbé essentiellement au niveau du duodénum  (juste après l’estomac) sous deux formes :

  • fer héminique, contenu principalement dans la viande, dont environ 25 % sont absorbés
  • fer non héminique, contenu dans de nombreux légumes ou féculents, dont le coefficient d’absorption est moindre, de l’ordre de 5 % et dont l’absorption est favorisée par la vitamine C et diminuée par la présence de polyphénols, de tanins, de phytate de calcium ou de fibres alimentaires.

Nouveau-né, prématuré, grands enfants, ados

Le stock de fer constitué chez le nouveau-né à terme permet de couvrir les besoins pendant le premier trimestre quel que soit le type d’allaitement.

Les enfants nés prématurément doivent par contre recevoir une supplémentation en fer dès leur sortie de la maternité, poursuivie jusqu’à 6 mois d’âge corrigé.

Durant le deuxième semestre de vie, les apports de fer diminuent avec la baisse des apports de lait lors de la diversification, et une supplémentation peut être nécessaire (de 2 à 2,5 mg/kg/j) pour couvrir les besoins de cet âge.

Après l’âge de 1 an, des apports de 10 mg/j sont suffisants, tandis qu’ils devront être augmentés à 15 mg/j à l’adolescence.

L’allaitement maternel exclusif prolongé au-delà de 4 mois ne couvre pas les besoins en fer, ni l’utilisation de lait de vache à la place des préparations lactées infantiles chez le nourrisson.

Les adolescents constituent également une population à risque de déficit martial, en particulier chez les filles, en raison des besoins augmentés à cet âge, mais aussi des carences d’apport liées à des régimes déséquilibrés (végétariens, restrictifs. . .).

Comment traiter le manque de fer?

les mesures préventives:

  • L’utilisation de préparations lactées infantiles enrichies(lait infantile= PPN)  en fer est indispensable jusque l’âge de 12 mois (au moins 700 ml/j après l’âge de 6 mois), et recommandée de 1 à 3 ans (au moins 300 ml/j).
  • Une supplémentation en fer est systématique chez les enfants de faible poids de naissance (< 2000 g) de l’âge de 2 à 6 semaines jusqu’à 6 mois, et les enfants nés à terme en cas d’allaitement maternel exclusif ou majoritaire (> 50 % des apports lactés) prolongé au-delà de 4 mois.
  • Les conseils diététiques visent à assurer un régime équilibré contenant quotidiennement 10 à 20 mg de fer (dont 1/10è sera absorbé au niveau duodénal), avec d’éventuels additifs peremettant d’accroître l’absorption du fer tels que les aliments riches en vitamine C.

les mesures curatives:

  • Elles commencent habituellement par un traitement par voie orale. Il peut s’agir de fer ferreux (sous forme de sulfate) ou de fer ferrique (sous forme de polymaltose). La prescription, d’une durée d’environ 3 mois (guidée par la remontée des paramètres sanguins du fer), est, pour le fer ferreux, de l’ordre de 23 mg/kg de fer élémentaire/jour, en une ou deux fois, une demi-heure avant ou après le repas ; pour le fer ferrique, 35 mg/kg en une ou deux fois au moment des repas. Il existe des formulations où le fer est associé à de la vitamine C.
  • parfois il faudra donner le fer par voie intraveineuse dans certaines pathologies