Piercing, tatouages : la bonne attitude à adopter avec les adolescents

Tendance, mode ou affirmation de soi ?

Réprouver la mode du piercing ne doit pas vous empêcher d’engager le dialogue ni de mettre en garde nos enfants sur les risques sanitaires. Les parents de Karine, 15 ans, sont très agacés, et même désespérés, depuis que leur fille s’est fait percer le nombril, la paupière et maintenant la langue, sans leur autorisation. Chaque jour, ils lui demandent de faire enlever ces piercings, sans succès. «Je trouve que c’est une façon très originale de porter un bijou et c’est un truc pour nous, les jeunes, pas pour vous, dit-elle à ses parents. Mon corps m’appartient, je le décore comme je veux ! »

Chez eux c’est le rejet qui domine et qui confine à la honte.
La mode des piercings et des tatouages ne cesse de se développer en France. Les boutiques spécialisées fleurissent en ville, attirant de plus en plus de jeunes. 32 % des adolescents de 11 à 19 ans se disent tentés par cette pratique ! Les parents en ont en général une image négative, trouvant ces marques synonymes de vulgarité, de mutilation ou de mal-être.

Cependant, David Le Breton, sociologue à l’université de Strasbourg, dans son livre « Signes d’identité: tatouages, piercings et marques corporelles » (éditions Métaillé), y voit non seulement une fonction de construction de soi et une façon d’exprimer son identité, mais aussi une nouvelle forme de séduction et probablement un véritable phénomène culturel.

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Comprendre sa motivation

Dès lors qu’un adolescent exprime le désir de porter un piercing, il est important de comprendre sa motivation. Revendiquer leur identité, pouvoir dire à leur façon qu’ils ont quitté le monde de l’enfance est une démarche propre aux jeunes de 13 à 18 ans, nécessaire, dit-on, pour grandir. Utiliser son enveloppe corporelle pour « se faire remarquer», comme le dit David Le Breton, n’est pas nouveau. A votre époque, peut-être avez-vous, vous-même, porté des cheveux longs, des pantalons pattes d’éléphant. Aujourd’hui, le piercing remplit cette fonction de provocation. D’autres motivations, comme le goût pour la séduction, l’originalité, les sensations fortes, la fierté de relever un défi, la sensation d’appartenir à un cercle d’initiés, sont également très présentes chez les jeunes.

Maintenir le dialogue

Votre enfant est en pleine adolescence. Il ou elle a besoin de votre résistance, ne cédez donc pas à la première demande. Les arguments s’enchaîneront les uns aux autres ( » C’est joli, c’est top, tout le monde en a, ça ne fait pas mal, mon amie Julie m’accompagnera et on ira chez quelqu’un de sûr… « ). Laissez mûrir le projet, apportez d’autres éléments de discussion : ne peut-on pas se faire remarquer d’une autre façon ? Les risques d’infection valent-ils la peine d’être courus ? Les contraintes d’hygiène quotidienne pourront-elles être supportées longtemps?
La croissance n’étant pas terminée, le piercing comme le tatouage sont à éviter avant l’âge de 14 ou 15 ans. Rappelez-lui aussi que, malheureusement, on juge souvent sur l’apparence (y penser pour les examens ou les petits boulots à venir)!
Si la motivation est très forte, il y a des chances pour que vous finissiez par accepter, en y mettant toutefois des conditions (la paupière, le nombril, mais pas la langue ou la lèvre.) Il se peut aussi que, pour éviter un tatouage indélébile, vous acceptiez un piercing discret, que l’on peut faire enlever plus facilement.

Connaître les risques

Pour les mineurs, les perceurs sérieux demandent une autorisation parentale, certains la pièce d’identité d’un des parents. Les plus rigoureux exigent aussi la présence d’un des deux parents. Le piercing n’est pas une démarche anodine, puisqu’il s’agit d’une effraction de la peau. Il convient donc de mettre en garde votre enfant sur les risques qu’il court.

Les risques infectieux

Dans certains cas, une infection se déclenche (streptocoques, staphylocoques et auIres bactéries), qui peut donner lieu à des complications graves. Le piercing peut être à l’origine de la transmission des virus de l’hépatite B et C. Autre risque: les allergies aux métaux ou aux produits désinfectants utilisés. Le choix du professionnel est donc très important.

La douleur

L’opération ne dure que quelques secondes et se révèle en général plus désagréable que douloureuse. On n’opère pas sous anesthésie locale mais, souvent, les lendemains déchantent. Le nombril peut faire souffrir et, tant qu’il n’est pas cicatrisé, il est nécessaire de porter des pantalons taille basse. La langue reste gonflée pendant une bonne semaine, oblige à manger avec une paille, à parler un minimum, interdit de fumer pendant la cicatrisation.

La cicatrisation

Une réaction inflammatoire locale est normale si elle n’excède pas quinze jours, mais, pour qu’un piercing soit complètement cicatrisé, il faut compter de trois à six mois, parfois plus s’il se situe dans un endroit chaud et humide. Une désinfection quotidienne très rigoureuse est indispensable. II est interdit d’y toucher sans arrêt avec des doigts plus ou moins nets. N’hésitez pas à retourner voir le perceur au moindre problème ou à consulter un médecin en cas d’infection ou de douleurs prolongées.

Les conseils

  • Évitez à tout prix les perceurs amateurs (discothèques, puces, à domicile … ) et les bijoutiers qui utilisent un pistolet qui ne peut être complètement stérilisé.
  • Faites un repérage (avis de « piercés », visite des boutiques…). La salle d’attente et le studio de piercing doivent être séparés. Profitez-en pour poser un maximum de questions, demander si on peut assister auparavant à la pose d’un piercing…
  • Choisissez un perceur à la propreté irréprochable (sur lui comme dans sa boutique). Il doit stériliser matériel et bijoux par autoclave, porter des gants stériles et déballer devant vous une aiguille à usage unique.
  • Consultez le guide des bonnes pratiques du piercing, rédigé par des professionnels de santé. Tout le monde peut aujourd’hui ouvrir une boutique de piercing. Un projet de réglementation devrait voir le jour courant 2004.

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