Les plus jeunes de la classe seraient-ils victimes de problèmes psychiatriques ?

Depuis 1964, des études conduites en milieu scolaire dans les pays anglo-saxons ont montré que les enfants les plus jeunes d’une classe donnée avaient plus de difficulté à s’adapter aux programmes scolaires et que le taux d’affections mentales étaient plus élevé chez eux.
Deux hypothèses ont été proposées pour expliquer ce phénomène :

  1. La théorie « saisonnière » rapporte les problèmes rencontrés à la saison de naissance ou de conception. Les enfants les plus jeunes d’une classe étant nés entre septembre et décembre dans les pays où l’année civile est prise en compte pour l’entrée au cours préparatoire, on peut en effet imaginer qu’une naissance à cette période automnale ou une conception printanière puissent influencer le développement psychique des enfants.
  2. L’hypothèse de l’âge relatif attribue la plus mauvaise adaptation des enfants les plus jeunes d’une classe à leur immaturité relative liée simplement à leur âge.

Une étude épidémiologique élégante conduite en Grande Bretagne semble favoriser la deuxième théorie. Robert Goodman et coll. ont en effet étudié deux cohortes d’enfants de 5 à 15 ans en Angleterre et en Ecosse, régions de Grande Bretagne où le mois de naissance n’est pas pris en compte de la même façon pour l’entrée au cours préparatoire. En Angleterre (contrairement à la France) les enfants les plus jeunes dans une classe sont nés entre janvier et mars, tandis qu’en Ecosse, les enfants les plus jeunes à l’entrée au cours préparatoire sont nés entre septembre et février.

Pour ces deux groupes d’enfants, des questionnaires psychopathologiques ont été remplis par les parents, les professeurs et les élèves entre 11 et 15 ans, tandis que les éventuels diagnostics de pathologies psychiatriques étaient relevés sur les dossiers médicaux. Ce travail a tout d’abord confirmé que les sujets les plus jeunes d’une classe présentent bien des difficultés d’adaptation scolaire, des indices psychopathologiques plus élevés et un risque relatif de troubles psychiatriques augmenté de 14 % par rapport aux plus âgés (IC 95 % : 3 à 25 %) . La comparaison entre les écoliers écossais et anglais a par ailleurs corroboré l’hypothèse de l’âge relatif puisque c’est bien celui-ci qui influence la psychopathologie des enfants et non la saison de naissance ou de conception.

On peut en conclure que les instituteurs, devenus professeurs des écoles, devraient tenir compte dans leur enseignement de l’âge relatif de leurs élèves en adaptant leur pédagogie aux enfants les plus jeunes (en France ceux qui sont nés en automne). Il faut en effet se souvenir qu’une différence de 9 mois ne représente que moins de 5 % de l’âge à la faculté mais près de 20 % au cours préparatoire.

Faut-il également en déduire que faire sauter une classe à un « enfant précoce » soit dangereux pour son bien être psychique ? Probablement pas, puisque dans ce cas la sélection de sujets jeunes pour une classe donnée n’est pas le fait du hasard du calendrier comme c’est le cas en règle générale, mais est réalisée a posteriori en fonction des capacités manifestées par l’enfant dans les classes précédentes.

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