Les otites, qu’est-ce que c’est?

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Qu’est-ce qu’on appelle « otite » ?

Une otite est une atteinte soit d’origine infectieuse (virus, bactérie, champignon), soit d’origine inflammatoire (épanchement), soit d’origine allergique, soit d’origine traumatique (otite barotraumatique lors de plongée sous-marine, séjour à la montagne, voyage en avion).

Cela peut concerner différentes parties de la sphère ORL selon le schéma ci-dessous.

  1. Elle peut être dite externe (elle touche alors le conduit auditif externe, qui va de l’oreille jusqu’au tympan: par exemple s’il y a eu un traumatisme avec un coton-tige. Elle se traduit plutôt par des douleurs, des écoulements, un prurit, des démangeaisons. En tirant sur le pavillon de l’oreille, la douleur augmente.
  2. Une otite moyenne: c’est la plus répandue en pédiatrie. L’otite moyenne aiguë (OMA) est la seconde maladie de cause infectieuse chez l’enfant après les rhino-pharyngites.  Elle va toucher le tympan en plein centre, ou sa périphérie. Elle n’est pas toujours douloureuse. Et elle ne provoque pas toujours de la fièvre, ce qui explique que pour les parents, ce n’est pas toujours facile de s’en inquiéter. En effet, un nez qui coule, un bébé qui pleure, qui mange moins, cela est fréquent et on peut croire qu’il s’agit par exemple d’une poussée dentaire ou d’un rhume qui met du temps à passer. Dites-vous que si votre nourrisson persiste avec des symptômes de type fièvre, baisse d’appétit, agitation, troubles du sommeil, parfois vomissements, rarement écoulement au niveau des oreilles, alors il faut consulter. Seul l’examen des tympans par un médecin aguerri donnera le diagnostic. Aguerri, car cela demande une certaine expérience de bien voir le tympan: souvent du cérumen rend difficile l’examen. Dans d’autres cas, le tympan peut être simplement inflammatoire sans que cela nécessite de donner des antibiotiques. En effet, la plupart du temps, une otite moyenne est d’origine virale.
  3. Otite interne: cela touche tout ce qui est au-delà du tympan, en particulier les osselets, le nerf auditif, la cochlée qui nous permet de trouver notre équilibre. Cela peut se voir quand une otite moyenne n’a pas été bien soignée, par exemple.

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Concept éditorial : Hachette Digital en collaboration avec Lauren Malka

L’otite externe, quelques précisions.

L’otite externe est un motif fréquent de consultation, en particulier l’été. Si la grande majorité cède avec un traitement local, certaines infections peuvent évoluer allant parfois, sur des terrains vulnérables, jusqu’à l’ostéite maligne à diagnostiquer rapidement.

Le conduit auditif externe (CAE) est particulièrement exposé aux infections du fait de son anatomie, de la présence d’une flore commensale microbienne, et de l’impact éventuel de pathologies dermatologiques. Au niveau de son tiers externe, des fissures de la structure fibrocartilagineuse représentent de potentielles voies de diffusion microbienne. Au niveau des 2/3 internes, la peau est fragile et la migration des couches superficielles du tympan vers le CAE peut y provoquer une accumulation de cellules épidermiques à même de favoriser l’infection.

Les otites externes (OE) sont bactériennes dans 90 % des cas. Le signe principal est l’otalgie violente (douleurs), souvent accompagnée d’une otorrhée (liquide pâteux , jaunâtre). Les germes les plus fréquemment rencontrés sont le Pseudomonas aeruginosa et le Staphylococcus aureus, mais d’autres Gram- et Enterococcus faecalis peuvent être impliqués.

L’OE est favorisée par la macération, la chaleur et l’humidité, les embouts auriculaires, ainsi que par une dermatose préexistante. Dès les premiers signes, il faut éviter de mettre de l’eau dans l’oreille, d’irriter le conduit par des soins excessifs, suspendre le port des bouchons, des écouteurs intra-auriculaires et des prothèses auditives. Les pathologies dermatologiques comme l’eczéma doivent être traitées.

Le traitement est local et il n’y a pas lieu de prescrire d’antibiotiques par voie générale pour les OE non compliquées. L’utilisation des gouttes auriculaires doit être clairement expliquée.

Avant de procéder au bain d’oreille avec les gouttes auriculaires, un nettoyage des sécrétions par un bain d’oreille de quelques minutes, par exemple avec H2O2, est préconisé. Si le CAE est obstrué, il doit être nettoyé par aspiration sous microscope ; une mèche sera placée dans le CAE si l’œdème empêche l’administration des gouttes.

Comment traite-t-on habituellement une otite?

Le médecin établira un diagnostic précis du type d’otite dont il s’agit.

Souvent, il ne sera pas nécessaire de donner des antibiotiques (trop prescrits ou prescrits à tort, à terme cela peut provoquer des résistances). Des anti-inflammatoires locaux (gouttes) et par voie générale (doliprane, advil) peuvent suffire. (ces produits agiront pour la douleur, pour l’inflammation et pour la fièvre).

Dans d’autres cas, il conviendra de prescrire un traitement par voie générale à base de corticoïdes (Prednisolone comme le Solupred, Bétaméthasone comme le Célestène).

S’il le faut, une décongestion nasale (lavages de nez doux) sera prescrite.

Enfin, en cas de récidive et si l’audition diminue, la pose de drains transtympaniques (aérateurs) souvent associée à l’ablation des végétations adénoïdes ( on parle d’adénoïdectomie, à ne pas confondre avec l’ablation des amygdales) si elles sont épaissies, sera pratiquée.

NE PRENEZ JAMAIS L’INITIATIVE DE METTRE DES GOUTTES DANS LES OREILLES DE VOTRE ENFANT, CAR SI LE TYMPAN EST FISSURÉ, CERTAINS PRODUITS VONT TRAVERSER LE TYMPAN ET PEUVENT DÉTRUIRE L’OREILLE INTERNE (ototoxicité).

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Mon enfant fait souvent des otites, est-ce grave? Mais pourquoi en fait-il souvent?

Chez un enfant, la période à risques, où l’on peut voir souvent des otites, cela va entre 6 mois et 5 ans environ.

C’est une période fragile, car l’enfant a souvent le nez qui coule, les poussées dentaires sont une véritable porte d’entrée aux virus et aux bactéries, l’exposition dans les crèches est un facteur favorisant. De plus, le jeune enfant ne sait pas bien se moucher, ses végétations adénoïdes sont fréquemment épaissies, ce qui obstrue la bonne « aération » des trompes d’Eustache qui font communiquer l’arrière-gorge avec les tympans (pour égaliser les pressions: ce qu’on fait quand on avale dans l’avion pour régulariser les pressions externe et interne).

Bref, tout cela contribue à faire des otites récidivantes.

Et à terme, cela peut se répercuter sur l’apprentissage de la parole. En effet, des otites fréquentes vont favoriser une baisse de son audition et par là déformer les mots qu’ils entend. Alors il prononcera mal et ce peut être une cause de retard de langage.

Certains enfants sont plus sensibles que d’autres, c’est hélas ainsi, nous ne sommes pas tous égaux.

Que faire si mon enfant fait souvent des otites? 

On parle alors d’otites à répétition.

Si votre nourrisson a entre 1 an et 5 ans, et qu’il commence à faire 2 ou 3 otites par hiver, votre pédiatre va d’abord s’assurer qu’il n’y a pas une cause derrière tout cela. (ou des facteurs favorisants)

  1. Par exemple un reflux gastro-oesophagien: c’est un facteur favorisant d’otites à répétition
  2. ou une allergie aux protéines de lait de vache
  3. une baisse de l’immunité (chez les anciens prématurés par exemple)
  4. la vie en collectivité: est-ce fait pour votre enfant?
  5. un usage trop fréquent de la tétine
  6. une alimentation au biberon en position couchée
  7. un épaississement des végétations adénoïdes. Pour cela, un examen ORL au miroir de Clar sera utile et parfois une radiographie.

Selon ces différents cas, le pédiatre entreprendra un traitement de fond ou parfois adressera votre enfant à un médecin ORL pour tester son audition et en fonction des résultats voir s’il n’y a pas une indication à poser des drains transtympaniques et souvent retirer (par aspiration) des végétations adénoïdes.

Y a-t-il des choses à faire pour diminuer le risque d’otites chez mon enfant?

Certaines actions sont utiles:

  1. attention aux contacts directs avec d’autres enfants, surtout s’ils ont le nez pris, qu’ils toussent et postillonnent.
  2. penser à bien nettoyer les objets utilisés par ces autres enfants
  3. ne pas dépasser une température de la chambre de votre enfant au-delà de 19/20°.
  4. vérifier que le taux d’hygrométrie de sa chambre soit compris entre 50 et 60%
  5. aérer la souvent
  6. apprenez assez tôt à se laver régulièrement les mains
  7. à se moucher
  8. coupez lui souvent les ongles afin qu’ils soient propres (réservoirs à microbes)
  9. évitez lui le tabagisme passif
  10. évitez de prendre l’avion ou d’aller en altitude s’il a le nez bien pris

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