Mercredi 3 septembre à 10h, j’étais l’invité sur France Inter avec Ali Rebeihi dans sa magnifique emission « Grand Bien Vous Fasse »
Pour parler des « Besoins fondamentaux des bébés ».
Avec la remarquable Nawal Abboub, docteure en sciences cognitives, spécialiste du développement du cerveau et de l’apprentissage, autrice de La puissance des bébés (Fayard, 2022). Les résultats de ses recherches nous aident beaucoup, nous pédiatres.
Un sujet d’une extrême importance, pour lequel tant de progrès ont été cernés grâce à la recherche.
Dormir, manger, boire… Tels sont les besoins fondamentaux des bébés. Dans le Mag de la vie quotidienne, nous en explorons d’autres comme le besoin de sécurité physique et affective. Ou encore le besoin d’une figure d’attachement, d’explorer leur environnement, d’être stimulé intellectuellement.
Toutes vos questions au standard et sur WhatsApp au 01 45 24 7000 et sur l’appli Radio France.
Nos invités :
- Arnault Pfersdorff, pédiatre à Strasbourg, fondateur du site pediatre-online.fr, auteur de Bébé premier mode d’emploi (Hachette Pratique) dans une nouvelle édition revue et augmentée
- Nawal Abboub, docteure en sciences cognitives, spécialiste du développement du cerveau et de l’apprentissage, autrice de La puissance des bébés (Fayard, 2022)
C’est ICI
Dans l’émission « Bien Vous fasse » mercredi 3 septembre de 10 heures à 11heures
Appréhender les besoins fondamentaux de l’enfant, c’est interroger une construction, sociale, culturelle, clinique et juridique, qui s’inscrit dans une historicité, une temporalité et un contexte donné.
Ces besoins communs et universels sont reconnus fondamentaux, dans le sens où leur satisfaction permet la construction du sujet dans la plénitude de ses potentialités, du respect de ses droits et au service de son développement et de son accès à l’autonomie et à
la socialisation.
Si les connaissances actuelles retiennent une approche interdépendante et contextuelle des besoins entre eux plus qu’une approche hiérarchique, toutefois pour certains auteurs, un besoin particulier est dit « méta-besoin » dès lors « qu’il englobe la plupart (sinon
l’ensemble) des autres besoins fondamentaux que peut avoir un enfant au cours de son développement. La satisfaction de ces derniers ne pouvant être atteinte que dans le contexte de la satisfaction suffisante du premier ».
Or, tout enfant a besoin pour grandir, « s’individuer » et s’ouvrir au monde, d’une base de sécurité interne suffisante pour explorer et acquérir des habilités (physiques, psychologiques, langagière, d’apprentissage, d’estime de soi, et de relations aux autres),
favorables à son autonomie et à sa socialisation.
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Quels sont les besoins fondamentaux d’un enfant ?
1/ Besoin de protection
- L’enjeu : la protection à l’égard de toute forme de souffrance.
- La méthode : protéger contre les blessures susceptibles d’être causées par l’environnement extérieur et/ou domestique, protéger contre les violences (physiques, sexuelles, psychologiques), permettre un développement dans un environnement physique et humain connu et rassurant et surtout ne pas négliger.
En cas de violences répétées, quelle qu’en soit la forme, les émotions négatives ressenties (dont notamment la peur) conduisent à la libération dans le cerveau de substances nuisibles à son développement.
Les violences physiques, mêmes si elles ne durent pas longtemps (lien vers page « syndrome du bébé secoué) peuvent avoir des conséquences désastreuses sur le corps de l’enfant et sur son développement psychomoteur.
L’enfant est très sensible aux émotions car son cerveau ne dispose pas encore de moyens de régulation de celles-ci.
2/ Besoin affectif et relationnel:
- L’enjeu : l’attachement sécurisant qui crée un lien stable avec une personne.
- La méthode : prendre soin de l’enfant, le regarder dans les yeux, lui parler, le porter et lui faire des câlins.
Dès les premières minutes de sa vie, le nourrisson entre en interaction avec son entourage et en particulier avec sa mère.
A 40 centimètres de distance, son visage lui apparait clairement. Ce contact visuel est le premier lien que le nourrisson tisse. Il est source de réconfort pour lui et représente la première réponse au besoin de sécurité affective.
Dès ses premières semaines, il doit avoir compris qu’il existe un endroit sécure où il peut toujours trouver le réconfort dont il a besoin s’il a peur ou s’il ressent des sensations désagréables.
Ce rôle sécurisant est assuré par la mère mais va être partagé avec quelques autres personnes : le père, les frères et sœurs, les grands-parents, …
Pour que l’enfant soit facilement rassuré, il faut que les réponses apportées soient constantes et prévisibles. S’il n’a pas de réponse à son stress, s’il y a trop d’interlocuteurs ou si les réponses sont trop inconstantes, l’enfant ne parvient pas à se rassurer. Il met alors en place des stratégies de défense qui nuisent à son développement et à sa relation aux autres : repli affectif, comportement anxieux, insatisfaction permanente, agressivité, …
Pour se lancer dans la découverte du monde, l’enfant a besoin d’un « port d’attache ».
3/ Besoin d’expérience:
- L’enjeu : le développement des compétences et des habilités.
- La méthode : les expériences, l’observation et l’imitation des adultes
Les enfants doivent s’exercer, répéter les expériences pour découvrir les propriétés des objets, les rapports de leur corps à l’espace, ce qu’ils sont capables de faire, les effets de leurs actions sur leur environnement.
Ils découvrent des intérêts et des goûts qui leurs sont propres, développent des compétences et des talents particuliers.
Ces expériences sont aussi l’occasion de tester les adultes pour savoir s’ils peuvent compter sur eux.
Les enfants sont en expérimentation et en observation constante. Ils apprennent ainsi à connaître, à comprendre et à interagir avec leur environnement.
4/ Besoin d’un cadre, de règles et de limites:
- L’enjeu : le développement de l’autocontrôle, de la vie en société et de l’autonomie.
- La méthode : une guidance constante avec un cadre suffisamment souple pour permettre les expériences mais aussi des règles claires qui assurent la sécurité et une bonne relation aux autres.
La réaction de l’adulte à ses expérimentations, pour peu qu’elle soit constante, lui fournit les outils de compréhension et le protège contre les expériences dangereuses. Les attentes de l’adulte doivent être formulées de manière claire et les conséquences en cas de non-respect des règles doivent être connues.
A l’inverse, le respect des règles par l’enfant doit être félicité pour qu’il en tire une satisfaction et donne un sens positif à cette action.
La mise en place de routines est un moyen d’aider l’enfant à assimiler les règles parce que ce qui est fait de manière habituelle est prévisible et ce qui est prévisible donne à l’enfant un sentiment de maîtrise rassurant (repas à table, toilette, coucher, …).
L’adulte doit aussi garder à l’esprit qu’il sert de modèle à chaque instant et donc que s’il ne respecte pas lui-même les règles, leur compréhension devient plus difficile pour l’enfant.
Par l’apprentissage des règles, l’enfant assimile les codes et les valeurs sociales. Au début, il ne sait pas reconnaitre les émotions qu’il ressent telles que la frustration ou la colère. C’est le rôle de l’adulte de lui expliquer de manière à ce que l’enfant apprenne à réguler ces émotions et à adopter des comportements adaptés vis à vis des autres. L’apprentissage du cadre est donc aussi celui d’une régulation des émotions et du comportement socialement acceptable.
L’enfant qui expérimente ne connait pas de limites. Au début, il ne distingue pas ce qui est dangereux ou non, ce qui est acceptable ou pas.
5/ Besoin d’estime et de valorisation de soi:
- Enjeu : l’acquisition de la confiance dans la relation à soi-même et aux autres, le développement d’une image positive de soi, l’apprentissage de la confiance, le développement de la capacité à s’affirmer ou à se projeter.
- Méthode : montrer des marques de satisfaction et responsabiliser l’enfant.
La confiance en soi s’établit d’abord parce que l’on se reconnait comme estimable. C’est parce que l’enfant réussit des choses qu’il va s’estimer capable.
Il s’agit donc de lui donner l’occasion de réaliser des expériences dans des champs nouveaux pour lui. A chaque occasion, il est préférable de le laisser faire plutôt que de faire à sa place des choses qui sont à sa portée.
Dans tous les cas, en dehors des situations dangereuses, l’adulte doit soutenir ses tentatives pour que l’enfant continue à oser avec la conviction qu’il peut réussir et qu’il prenne confiance dans ses actions.
Il est utile de féliciter ses succès et de ne pas se moquer de ses échecs.
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6/ Le besoin d’identité:
- Enjeu : la prise de conscience de soi en tant qu’individu unique mais pluridimensionnel.
- Méthode : permettre à l’enfant d’affirmer son caractère unique et lui donner la possibilité de s’identifier à des groupes.
S’affirmer, c’est se donner le droit à la présence, à la parole, à l’écoute de la part des autres et à la différence.
Pour l’entourage, cela implique qu’au cours du développement de l’enfant, on lui laisse une place à part entière en lui permettant d’être autonome, de se singulariser (vêtements, coupes de cheveux, …), de développer des formes d’expression personnelle (création), de réaliser des potentialités (sport, arts, ,…). C’est aussi dans la mesure du possible lui donner accès à sa filiation, à ses origines personnelles et culturelles.
Appartenir à un groupe, c’est pour l’enfant pouvoir comprendre qu’il compte pour les autres, qu’il a une place et un rôle à jouer au milieu des autres.
C’est aussi réaliser qu’il peut nouer, au-delà du cadre familial, des liens sécurisants et enrichissants. La socialisation de l’enfant dans son quartier, à l’école, dans les clubs sportifs est donc l’occasion, pour peu que l’on soit à son écoute, de lui permettre de se confronter et de s’assimiler à des groupes qu’il choisit et qui lui permettent de se reconnaitre comme membre à part entière d’une communauté humaine.
Le bon développement de l’enfant nécessite qu’il soit capable de s’affirmer parmi les autres tout en pouvant s’intégrer à des groupes.
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