La grippe chez les enfants et ses particularités: faut-il vacciner les enfants?

Quel virus?

La grippe, une des maladies les plus courante est aussi une des plus anciennes. Décrite pour la première fois par Hippocrate en 412 av J.-C., la grippe touche aussi les enfants. La grippe est avant tout une maladie, bénigne, qui ne nécessite pas, sauf complication, la prescription d’antibiotique. Sa complication la plus fréquente est l’otite chez les plus petits.

La grippe de l’enfant a droit de cité depuis une quinzaine d’années, reconnue dans son épidémiologie, ses manifestations cliniques et ses complications.

Un peu de technique

Les virus grippaux A sont hébergés en priorité chez les oiseaux (virus aviaires) et chez l’homme (virus humanisés). Les virus humains de type A portent essentiellement à leur surface H0/H1, H2 et H3 (H5, H7 et H9 ponctuellement) et les sous-types N1 et N2. Les virus pandémiques (A exclusivement) forment la troisième catégorie. Le risque pandémique (pour l’homme) est dû à la “primo-infection” d’une population humaine sensible à un nouveau virus à composante aviaire devenu transmissible d’homme à homme.

Les virus de types B et C infectent presque exclusivement l’homme.

En France, depuis 1984, la surveillance est intensive d’octobre à avril. Le réseau Sentinelles de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) cible quelques pathologies dont les syndromes grippaux. La détection des virus circulants se fait dès le début de l’épidémie dans quelques laboratoires hospitaliers et deux centres de référence (Institut Pasteur de Paris, Hospices civils de Lyon). Santé publique France publie des informations épidémiologiques hebdomadaires.

Faut-il vacciner les enfants?

En cette saison de grippe saisonnière, une question est régulièrement posée dans les cabinets médicaux et devant les comptoirs officinaux : dois-je faire vacciner mon enfant contre la grippe même s’il est en bonne santé ?

Si les recommandations vaccinales sont claires concernant ceux qui sont à risque de forme grave de grippe (ou d’aggravation d’une maladie préexistante en cas de grippe), la France a fait le choix de ne pas recommander la vaccination systématique des enfants en bonne santé, à la différence d’autres pays européens.

Si l’une des raisons autrefois évoquées était la faiblesse des données d’efficacité clinique, cela n’est plus le cas avec la publication de méta-analyses solides et de données de vie réelle dans les pays qui vaccinent systématiquement les enfants. Ces éléments nouveaux confirment l’efficacité et la sécurité des vaccins antigrippaux, au bénéfice des vaccinés et aussi, et peut-être surtout, de leur entourage et de la communauté en général.

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Les recommandations en France

Les nourrissons de moins de 6 mois ne peuvent pas être vaccinés contre la grippe (absence de données cliniques), mais ils sont indirectement protégés par la vaccination de leur mère (au dernier trimestre de grossesse avec une durée de protection d’au moins 4 mois chez le nourrisson) [3], et aussi par la vaccination des adultes et des enfants de leur entourage.

Aujourd’hui, en France, la vaccination antigrippale n’est recommandée que pour les enfants âgés de 6 mois et plus à risque de forme grave de grippe ou présentant une maladie qui pourrait s’aggraver lors d’une grippe [4]. Concrètement, cela concerne ceux qui souffrent :

  • de maladies respiratoires chroniques (asthme, dysplasie bronchopulmonaire, mucoviscidose, par exemple) ;
  • de maladies cardiaques (par exemple, une cardiopathie congénitale) ;
  • d’hépatopathies ;
  • d’insuffisance rénale ou de syndrome néphrotique ;
  • de drépanocytose ou autre affection hématologique, ou ayant subi une splénectomie ;
  • d’immunodépression ;
  • d’une maladie justifiant un traitement chronique par aspirine (syndrome de Kawasaki, arthrite chronique juvénile, par exemple) ;
  • d’une affection de longue durée (ALD) quelle qu’elle soit (par exemple diabète de type 1, maladie cœliaque).

Par ailleurs, les adultes et les enfants qui font partie de l’entourage proche des jeunes patients cités ci-dessus sont également invités à se faire vacciner, comme le sont les professionnels de la petite enfance (« effet cocon »).

En France, pour la campagne 2022-2023, la vaccination antigrippale des enfants peut s’effectuer avec l’un de trois vaccins tétravalents inactivés sans adjuvant injectables (FLUARIXTETRA, INFLUVAC TETRA, VAXIGRIPTETRA). Chez les moins de 8 ans, la première année, deux injections à un mois d’intervalle sont nécessaires. Les années suivantes, une seule injection suffit, comme lors de la primo-vaccination chez les 8 ans et plus.

Le vaccin intranasal vivant atténué FLUENZ TETRA (cf. ci-dessous), disponible lors de la campagne précédente, ne l’est plus en 2022-2023 [3].

La vaccination antigrippale des enfants est remboursée pour ceux qui sont à risque de forme sévère, mais aussi pour ceux, en bonne santé, qui côtoient un nourrisson de moins de 6 mois ou une personne à risque de forme grave (sujet âgé, immunodépression, pathologie cardio-respiratoire, diabète, obésité, grossesse, etc.).

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La contamination

La contagiosité est favorisée par la concentration élevée de particules émises (lors de la parole, la toux et les éternuements) et une faible distance entre les personnes. Le virus projeté dans les sécrétions respiratoires sous forme de particules reste en suspension quelques heures dans l’air et se dessèche sans être inactivé. L’épithélium respiratoire humain est le réceptacle.

L’infection se propage de cellule en cellule avant le début brutal des symptômes cliniques. Le sujet est contagieux 24 heures avant et jusqu’à 6 jours après.

Sont caractéristiques de l’enfant : la richesse des sécrétions nasales en particules virales (titres plus élevés que chez l’adulte) et la persistance virale nasopharyngée (jusqu’à 10 jours, plusieurs semaines en cas d’immunodépression).

Les enfants sont un vecteur important du virus, ayant un rôle essentiel dans la dissémination à leur famille et à la collectivité, avec un pic épidémique précédant de 15 jours celui de la population générale, ce qui est confirmé par un suivi en Espagne entre 2001 et 2018 démontrant la transmissibilité accrue chez les enfants et la précession de l’ordre de 15 jours.

Chez les enfants d’âge scolaire, le taux d’attaque est supérieur à celui des jeunes adultes, atteignant 30 à 50 % en période épidémique.

Les épidémies saisonnières annuelles de grippe posent un réel problème de santé publique. Chacune se développe en bruit de fond discret perannuel, se déclare brutalement dans une région donnée, y atteint un pic en 3 à 4 semaines et dure habituellement 6 à 8 semaines. Un écart allant jusqu’à un à de hierux mois sépare l’atteinte de plusieurs régions.

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Effet Covid saison 2020-2021?

Pendant la saison 2020-2021, la grippe a disparu ! Un nombre infime de 27 prélèvements positifs pour la grippe a été notifié par les laboratoires hospitaliers au Centre national de référence des virus respiratoires (dont la grippe).

Les signes cliniques chez l’enfant

Les enfants, à tout âge, chaque année, risquent d’être infectés ou de développer la grippe du fait de leur statut immuno­logique naïf pour tout nouveau sous-type (ce qui arrive presque chaque année). Au pic épidémique dans la population pédiatrique, l’incidence en ambulatoire des syndromes grippaux et des grippes confirmées avec consultation médicale est estimée à 20,0 et 8,7 respectivement pour 1 000 aux États-Unis (réseau de surveillance), plus élevé chez les 2 à 17 ans. Le pourcentage de consultations pour syndrome grippal en période interpandémique est estimé à 30 à 50 % en France (données Santé publique France, enfants de moins de 15 ans) et à 10 à 25 % aux États-Unis (enfants de moins de 5 ans).

Chez les plus grands, une complication grave est la pneumonie. Les formes sévères concernent essentiellement les enfants souffrant de pathologies chroniques. Le grand responsable est le vitus influenzae A. En période d’épidémie, 1 enfant sur 3 peut être atteint. Chez l’enfant de moins de 4 ans, les signes sont peu évocateurs : somnolence, nausées, vomissements, diarrhées.

Après 4 ans, les signes se rapprochent de ceux de l’adulte: une fièvre, souvent forte avec toux, nez bouché ou qui coule, maux de tête, douleurs musculaires et fatigue. La courbe de température est habituellement en forme de V (fièvre élevée, puis diminution jusqu’à 37°C, et remontée à 39°C au 3ème-4ème jour). L’enfant guérit spontanément huit jours après.

Il faut compter 1 à 2 semaines pour qu’il soit complètement rétabli car souvent une grosse fatigue persiste. Sans complication, le traitement consiste uniquement en médicaments contre la fièvre et de gouttes pour le nez. En prévention, il existe des vaccins ou des médicaments antiviraux. Les conséquences économiques de la grippe sont importantes. Une enquête montre qu’un parent sur cinq a dû s’arrêter de travailler à cause de la grippe de son enfant. Et chez l’adulte, ça peut durer une voire deux semaines.

Traitement?

Il est essentiellement symptomatique et repose sur des mesures simples classiques vis-à-vis de la fièvre mal supportée (aspirine déconseillée pour éviter les rares mais graves syndromes de Reye) ou de troubles respiratoires et/ou digestifs.

La prescription d’antibiotiques doit rester rare et uniquement en cas de surinfection (ORL, pulmonaire) avérée.

En se vaccinant en tant qu’adulte, on protège l’enfant. D’autant qu’on ne peut vacciner contre la grippe avant l’âge de 6 mois.

Rôle important des mesures barrières de type respiratoire

L’interruption des contacts interhumains avec distanciation sociale pendant les périodes de confinement, le port du masque et le lavage régulier des mains ont eu une place importante. Leur rôle a été largement démontré à l’occasion de la saison pandémique 2020-2021 avec extinction complète de la survenue de l’épidémie.

 

 

 

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