COVID-19 : La vaccination des mères qui allaitent protège le nourrisson

Maman Covid plus peut allaiter 

On rappellera que l’infection COVID-19 chez la mère ne doit pas être un obstacle à l’allaitement. Au-delà de cette transmission possible d’immunité naturelle, chez les mères qui allaitent, la vaccination anti-COVID-19 peut également une protection au bébé. C’est le constat de cette étude de pédiatres de l’Université de Washington qui révèle, dans le Journal of Obstetrics and Gynecology (AJOG) une augmentation majeure des anticorps COVID-19 dans le lait maternel après la vaccination.

Une précédente recherche dans la revue Breastfeeding Medicine a démontré, qu’alors que les mères infectées par un coronavirus ont probablement déjà colonisé leur nourrisson, la poursuite de l’allaitement maternel a le potentiel de transmettre des anticorps maternels protecteurs au nourrisson via le le lait maternel. Ainsi, l’allaitement doit être poursuivi, même en cas de COVID chez la mère, avec toutes les mesures d’hygiène et de prévention bien sûr afin de réduire au maximum l’exposition virale du nourrisson.

 

De la même manière, les mères qui allaitent et reçoivent un vaccin COVID-19 peuvent transmettre des anticorps protecteurs à leur bébé par le lait maternel pendant au moins 80 jours après la vaccination. Alors que de récentes recherches ont déjà suggéré que les vaccins COVID-19 génèrent des anticorps transmis aux nourrissons par le lait maternel, il s’agit ici de la première étude à suivre les niveaux spécifiques de ces anticorps dans le lait maternel sur une période prolongée.

Y a-t-il des anticorps anti-SARS-CoV-2 dans le lait maternel après la vaccination ?

Cette étude retrouve que toutes les femmes allaitantes vaccinées contre le SARS-CoV-2 développent des IgG anti-S1 et RBD dans le sérum et le lait maternel. Des IgA spécifiques sont aussi observées chez la majorité des femmes. La présence de ces Ig persistent même lorsque l’allaitement est en cours depuis plus de 2 ans, donnant ainsi une possibilité de protection des enfants de façon prolongée.

Cela montre donc tout l’intérêt de vacciner avant l’accouchement ou pendant l’allaitement

Romero Ramirez DS, Lara Pérez MM, Carretero Pérez M et al. SARS-CoV-2 antibodies in breast milk after vaccination. Pediatrics, 2021;148: in press.

Le transfert actif et passif d’éléments de l’immunité via le lait maternel est essentiel pour la protection du nouveau-né contre les infections comme les gastro­entérites, les sepsis néonataux ou encore les infections respiratoires, avec une diminution de la fréquence, de la durée des épisodes et du risque d’hospitalisation par rapport à des nouveau-nés alimentés avec un lait infantile. Des changements des composants immunitaires du lait maternel ont été observés après l’administration de certains vaccins pendant la grossesse ou la lactation. Des études sur le lait maternel des mères ayant eu la COVID-19 ont montré la présence d’anticorps anti-SARS-CoV-2 ayant des capacités neutralisantes. La présence d’anticorps neutralisants après un vaccin contre ce virus dans le lait maternel n’est pas connue.

Le but de ce travail était de voir si la vaccination contre le SARS-CoV-2 conduisait à l’excrétion d’anticorps dans le lait maternel avec une transmission à l’enfant.

Il s’agissait d’une étude prospective réalisée entre février et avril 2021. Des femmes ayant réalisé une vaccination alors qu’elles allaitaient étaient invitées à participer à l’étude le jour de la 2e dose du vaccin à ARN. Elles étaient comparées à un groupe contrôle de femmes allaitantes non vaccinées et sans antécédents d’infection à la COVID-19. Un prélèvement de sang et de lait était effectué 14 jours après la 2e dose du vaccin avec analyse des IgG, M et A anti-protéine spike (sous-unité S1 et RDB), normalement présentes après une vaccination, et des Ig anti-nucléocapside (N), présentes uniquement après une infection à SARS-CoV-2.

Au total, 98 femmes allaitantes vaccinées ont été incluses ainsi que 24 participantes dans le groupe contrôle. Deux femmes vaccinées avaient des Ig anti-N et ont été exclues. Toutes les participantes vaccinées avaient des IgG anti-S1 et RBD dans leur sérum, la concentration moyenne de ces anticorps était de 3 379,64 ± 1 639,46 BAUs/mL (IC 95 % : 3 049-3 710) pour un taux jugé neutralisant si > 560,9 BAUs/mL. Les femmes non vaccinées n’avaient pas d’Ig retrouvées. Dans le lait maternel, toutes les femmes vaccinées avaient également des IgG anti-S1 et RDB avec un taux moyen de 12,19 ± 11,74 BAUs/mL (IC 95 % : 9,77-14,60), soit plus faible que dans le sérum. Des IgA anti-S1 étaient retrouvées dans 89 % des échantillons du lait maternel mais pas d’IgM anti-S1.

Les taux d’anticorps dans le lait maternel étaient significativement plus importants en cas d’allaitement supérieur à 24 mois par rapport à une durée plus courte. Un allaitement maternel > 24 mois et des taux élevés d’IgG anti-S1 et RBD dans le sérum étaient prédictifs du taux élevé d’IgG dans le lait maternel. En comparaison d’un allaitement < 24 mois, un allaitement de plus de 24 mois conduisait à une augmentation des taux moyens d’IgG anti-S1 et RBD de 17,04 BAUs/mL (IC 95 % : 12,07-22,015 ; p < 0,001).

Cette étude retrouve que toutes les femmes allaitantes vaccinées contre le SARS-CoV-2 développent des IgG anti-S1 et RBD dans le sérum et le lait maternel. Des IgA spécifiques sont aussi observées chez la majorité des femmes. La présence de ces Ig persistent même lorsque l’allaitement est en cours depuis plus de 2 ans, donnant ainsi une possibilité de protection des enfants de façon prolongée.

Cela montre donc tout l’intérêt de vacciner avant l’accouchement ou pendant l’allaitement

Une autre étude un peu plus ancienne

Il s’agit d’une petite étude pilote, menée auprès de 5 mères, qui ont fourni des échantillons de lait maternel après avoir reçu 2 doses du vaccin Pfizer-BioNTech. Les chercheurs ont suivi les niveaux d’anticorps COVID-19 dans le lait maternel à partir d’une mesure précédant la première injection et sur une base hebdomadaire et pendant 80 jours après la vaccination. Les bébés des participantes étaient âgés d’un mois à 24 mois. Pour évaluer la réponse immunitaire dans le lait maternel, les chercheurs ont surveillé les niveaux des immunoglobulines IgA et IgG, les anticorps déployés par le système immunitaire pour combattre les infections chez les bébés. Les résultats confirment que le lait maternel contient des taux élevés d’anticorps IgA et IgG immédiatement après la première dose de vaccin, les deux anticorps atteignant des niveaux « immuno-significatifs » dans le lait maternel, dans les 14 à 20 jours suivant la première vaccination.

 

Juste 2 semaines après la première injection: cette augmentation des anticorps contre COVID-19 dans le lait maternel, c’est le constat effectué après juste 2 semaines après la première injection, et cette réponse immunitaire apparaît stable durant les 3 mois de suivi de l’étude, précise l’auteur principal, le Dr Jeannie Kelly, professeur d’obstétrique et de gynécologie : « Les niveaux d’anticorps étaient même plus élevés à la fin de l’étude, donc la protection transmise par le lait maternel dure sans doute encore plus longtemps ».

Article écrit et publié par Santelog.com ICI

 

Des anticorps qui protègent les sites de vulnérabilité du bébé : « Nous savons que ces types d’anticorps recouvrent la bouche et la gorge du bébé et le protègent contre les maladies lorsqu’il boit du lait maternel. Ainsi, se faire vacciner pendant l’allaitement protège non seulement la maman, mais pourrait également protéger le bébé, et cela durant des mois ».

 

Certes, l’étude a porté sur un tout petit nombre de participantes cependant ses résultats confirment ceux de précédentes études et rassurent sur la durabilité des anticorps transmis au nourrisson. « L’étude est ainsi la première à montrer que les anticorps COVID-19 persistent dans le lait maternel pendant des mois après la vaccination de la mère ».

«Nous savons que l’infection COVID-19 est plus sévère pendant la grossesse et le principal avantage de la vaccination est de fournir une protection aux mamans avant qu’elles ne deviennent vraiment malades, ce qui peut également être dangereux pour leur fœtus. A ce jour, près de 70.000 femmes enceintes ont été vaccinées contre le COVID 19 sans preuve de complications ou d’effets indésirables sévères ».

 

Si de nouvelles analyses seront nécessaires pour confirmer ce bénéfice de la vaccination des femmes enceintes pour le bébé à naître, « tout indique que les vaccins maternels vont également contribuer à protéger les bébés, à la fois par le transfert d’anticorps à travers le placenta pendant la grossesse et par le lait maternel pendant l’allaitement ».

Article écrit et publié par Santelog.com ICI

Source: Journal of Obstetrics and Gynecology (AJOG) March 30, 2021. DOI: 10.1016/j.ajog.2021.03.031 Anti-SARS-CoV-2 antibodies induced in breast milk after Pfizer-BioNTech/BNT162b2vaccination

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