Confinement : les effets des écrans sur les plus jeunes. Et si les parents avaient besoin des enfants?

Bon usage des écrans en cette période

C’est peu de le dire, mais en cette période de confinement, les beaux principes volent parfois en éclat et on le comprend. Cependant beaucoup de parents arrivent à conserver certaines règles auxquelles chacun doit participer. Regarder plus souvent les écrans dans cette période de confinement est parfois nécessaire: s’informer, partager, calmer un enfant, une fratrie qui n’en peut plus de n’avoir que des devoirs à faire, des coloriages, des découpages et des jeux de société.

Ecouter, valoriser, partager

Le tout est de savoir maintenir un équilibre, qui est propre à chaque famille confinée. Elle dépend aussi de la taille de votre appartement, de l’accès ou non à un jardin, un balcon, et à la façon dont vous saurez éveiller la curiosité de votre enfant. Les choses sont également différentes si vous avez plusieurs enfants: chacun peut être investi d’une « mission » auprès des autres, et non d’une « injonction ». Valorisez chacun d’entre eux, profitez de cette occasion étonnante de confinement et de grande inquiétude environnante pour transformer la situation: donnez plus de champ à vos enfants, valorisez les, écoutez ce qu’ils proposent, considérez que leurs propositions ne sont pas aussi farfelues que cela. Vous favoriserez leur épanouissement s’ils se sentent utiles, valorisés, et non « enfermés » par vous parents dans leur statut « d’enfants ».

Parents sachants? Vous êtes sûrs?

C’est l’occasion, profitez de l’aubaine, si l’on peut dire. Vous n’êtes plus les parents « sachants », vous êtes des êtres humains à vivre quelque chose que personne n’a jamais connu jusqu’alors. Vous n’avez donc pas forcément les outils et c’est bien normal. Ne mentez pas à votre enfant et ne jouez pas les héros. Au contraire, montrez lui que vous avez aussi besoin de lui, que vous l’aimez, que son rôle compte; et pas seulement pour aller ranger sa chambre ou terminer son plat ou faire le devoir prescrit par la e-maîtresse.

« Maman a besoin de toi ». « Papa a besoin de toi ».

Vous êtes vous jamais entendus dire cela à votre enfant? C’est le moment. Choisissez vos mots, le moment, dans la moindre petite action quotidienne, il se sentira valorisé. 

Expliquez-lui la situation que nous vivons tous. Trouvez les mots adaptés à son âge. Il vous en sera reconnaissant, plutôt que de lui cacher certaines choses. Parlez lui du virus, de la nature, de l’importance de respecter le confinement et pourquoi. De se sentir associé épargnera un éventuel isolement psychologique.

Utilisez le dessin pour qu’il ou elle s’exprime.

La téléconsultation: le pédiatre d’un coup dans le confinement familial !

J’ai remarqué ces derniers jours que lorsque je fais des téléconsultations avec les familles confinées, l’enfant s’approprie aussitôt son « pédiatre » qu’il voit sur l’écran et qu’il reconnait. Quelle étrangeté pour lui que de voir ce professionnel s’inviter dans son « chez lui » avec l’aval de ses parents. Au lieu de s’enfuir comme il le ferait au cabinet, il participe, écoute, parle de lui, de ce qui se passe, est en confiance. Même nourrisson, il observe. C’est tout à fait positif et je ne quitte pas une téléconsultation sans que nous ayons échangés « force « au revoir de la main. Moment de partage et d’apaisement et pas seulement de soin.

Ne sous estimez pas votre enfant, il en sait peut-être plus déjà que vous ne l’imaginez. Il vous écoute parler au téléphone, regarder avec crainte les informations télévisées. Mais il ne saura pas vous demander « ce qui ne va pas ». Anticipez, tournez vous vers lui, expliquez-lui, laissez-le s’exprimer.

Car les enfants sentent parfaitement que ce qui se passe en ce moment n’est pas habituel. Mais ils n’ont pas les mots pour le dire. Ils vous entendent, vous écoutent, donnez leur le micro, même s’ils n’ont pas l’air de s’en faire.

Chez un enfant, l’impact psychologique est toujours à retardement.

Alors les écrans?

Avec la fermeture des écoles et la mise en œuvre d’un confinement de la population, les questions liées au bon usage des écrans et aux effets de l’exposition des enfants et des adolescents réapparaissent. Les pédiatres de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) s’attendent à une utilisation plus fréquente des écrans, et, loin de les bannir, encouragent un usage partagé, en famille.

Leur préoccupation s’inscrit dans une tendance globale de questionnement de la place des écrans dans le quotidien des plus jeunes, objet de nombreuses publications. Dans la presse grand public, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a recensé plus de 730 000 articles publiés en 2017 sur l’exposition aux écrans des jeunes populations contre seulement 982 en 2005. La littérature scientifique est elle aussi « foisonnante », selon le HCSP, avec une forte croissance des études ces dix dernières années.

Cependant, dans le contexte actuel de confinement, les écrans sont davantage tolérés, pour les raisons qu’on devine: occuper l’enfant, partager les connaissances, un peu de jeu adapté à son âge, séances de skype avec la famille et les amis confinés et…téléconsultation avec le pédiatre si nécessaire. A faire avec tact et mesure et surtout à alterner avec d’autres petites activités familiales (rangements, jeux, peinture, bricolage, etc)

Effets de l’exposition des enfants et des jeunes aux écrans

Les écrans font aujourd’hui partie du quotidien. Surtout en cette période de confinement, on peut presque dire qu’ils sauvent, mais garde cependant à maintenir un rythme: instaurer des heures, faire ensemble, en profiter pour découvrir tous ensemble, explorer, s’intéresser aux jeux pratiqués par l’adolescent, plutôt que de bannir. Etre dans le partage, le lien, c’est essentiel.

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La littérature apporte des éléments contradictoires sur l’effet des écrans sur le développement cognitif de l’enfant, ses apprentissages, et sur les troubles de la santé mentale. Les effets sur le sommeil sont établis et sont plus importants si le temps d’utilisation augmente. Les comportements associés aux écrans sont responsables de l’augmentation du surpoids : prises alimentaires augmentées, temps de sommeil réduit et de qualité altérée. Les chercheurs font état d’un risque significatif lorsque les enfants et les adolescents ont accès à des contenus sexuels, pornographiques ou violents. Les écrans peuvent avoir des effets positifs dans certaines situations. Il existe des différences de comportements vis-à-vis des écrans en fonction des catégories sociales.

Le HCSP recommande :

  • Avant l’âge de 3 ans, les écrans sont à proscrire si les conditions d’une interaction parentale ne sont pas réunies. Interdire les écrans 3D pour les enfants âgés de moins 5 ans.
  • Ne pas disposer d’écran dans la chambre des enfants et ne pas les laisser regarder la télévision une heure avant l’endormissement.
  • Accompagner la consommation d’écran en fonction des écrans, des catégories d’âge et des contenus.
  • Trouver un équilibre entre autorisation et interdiction, et limiter le temps d’utilisation pour consacrer du temps aux autres activités.
  • Être capable de repérer les signes d’alerte d’une utilisation excessive des écrans et demander aide et conseil.

Un effet avéré sur le sommeil

Dans ce contexte, l’avis du HCSP dresse un état des lieux des connaissances en la matière sur lequel fonder un cadre pour l’usage des écrans par les enfants et les adolescents (Cf article). Ainsi, si les effets de l’exposition des plus jeunes aux écrans sur la vision et l’audition ne font pas l’objet d’un consensus par manque d’études et de preuves scientifiques, ceux sur le sommeil sont désormais avérés.

En 2019, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) confirmait « la toxicité de la lumière bleue sur la rétine » et mettait en évidence des « effets de perturbation des rythmes biologiques et du sommeil liés à une exposition le soir ou la nuit à la lumière bleue ».

Les effets sur le sommeil se mesurent également au regard du temps passé quotidiennement devant un écran, quel que soit le type d’écrans. « Les effets (latence d’endormissement et déficit de sommeil) apparaissent après deux heures ou plus d’utilisation par jour et deviennent de plus en plus importants au fur et à mesure que les heures d’utilisation augmentent (réduction de 35 % de temps total de sommeil rapportée par les jeunes pour deux heures d’écran, et de 52 % de réduction pour cinq heures et plus) », constate le HCSP.

Une association, bien que variable selon le type d’écran, est également observée entre-temps d’exposition et surpoids ou obésité. « Le temps passé devant la télévision est associé à des prises alimentaires augmentées », lit-on. Mais, cet aspect met en évidence le poids des déterminants socio-économiques, « fortement » impliqués, dans l’ampleur de l’effet.

 

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