Recommandation sur l’élargissement de la vaccination contre les papillomavirus (HPV) aux garçons

L’essentiel sur l’HPV

Au terme de son évaluation, la HAS (Haute Autorité de Santé) est favorable à l’élargissement de la vaccination contre les papillomavirus chez les garçons dans le calendrier vaccinal français et recommande :

  1.  L’élargissement de la vaccination anti-HPV par GARDASIL 9® (9HPV) pour tous les garçons de 11 à 14 ans révolus selon un schéma à 2 doses (M0, M6).
  2.  Un rattrapage possible pour tous les adolescents et jeunes adultes de 15 à 19 ans révolus selon un schéma à 3 doses (M0, M2, M6).
  3.  Le maintien d’une recommandation vaccinale spécifique par GARDASIL 9® (9HPV) pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans révolus selon un schéma à 3 doses (M0, M2, M6).

En savoir davantage ICI sur le site de la HAS

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Etendue la vaccination aux garçons

La HAS estime que cet élargissement de la vaccination anti-HPV aux garçons, au-delà de la protection conférée aux garçons vaccinés, permettrait aussi, sous réserve d’une couverture vaccinale suffisante, de freiner la transmission des papillomavirus au sein de la population générale, de mieux protéger les filles et femmes non vaccinées, et enfin de mieux protéger les garçons et hommes quelle que soit leur orientation sexuelle. La vaccination universelle permettrait également d’atteindre plus facilement les HSH en évitant toute stigmatisation, à un âge où leur préférence sexuelle n’est soit pas connue (par l’individu et son entourage), soit pas affirmée.

La HAS appelle donc à une politique vaccinale plus engagée et recommande :

  • Une proposition vaccinale plus systématique de la part des professionnels de santé par la mise en œuvre de réels programmes de vaccination, à l’image des programmes organisés de dépistage, et une consultation santé sexuelle auprès de chaque adolescent intégrant notamment la vaccination contre les HPV.
  • La mise en œuvre d’actions ayant pour objectif de restaurer la confiance vis-à-vis de cette vaccination auprès du public et des professionnels de santé par la diffusion de campagnes publiques d’information, y compris auprès des professionnels de santé, visant à éclairer au mieux les parents, les adolescents et les publics vulnérables sur les bénéfices escomptés et la sécurité de la vaccination, lever les craintes sur les effets secondaires de la vaccination et réduire l’hésitation vaccinale.
  • Un accès facilité à la vaccination ainsi qu’une prise en charge intégrale de la vaccination pour pallier aux inégalités socio-économiques constatées. A cette fin, la vaccination doit être proposée dans des lieux multiples, en particulier dans les lieux fréquentés par les populations les plus défavorisées et dans des conditions permettant l’absence d’avance de frais. Les expériences de vaccination en milieu scolaire sont aussi de nature à augmenter la couverture vaccinale des adolescents et à réduire les inégalités socio-économiques.
  • Des mesures spécifiques pour renforcer la couverture vaccinale des HSH pour permettre une meilleure information des HSH et un accès facilité à la vaccination.
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Principaux éléments pris en considération

La HAS a pris en considération les principales données disponibles pour ces vaccins qui sont détaillées dans cette évaluation notamment :

  • La couverture vaccinale contre les HPV qui reste insuffisante (<30 %) en France au regard des objectifs fixés à 60 % par le plan cancer 2014-2019.
  • La survenue d’environ 1750 nouveaux cas de cancers HPV-induits chaque année en France chez l’homme (anus, pénis et plus fréquemment oropharynx) avec un risque d’infection particulièrement élevé chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
  • Un fardeau de maladies induites par les papillomavirus restant majoritairement porté par les femmes avec environ 4580 nouveaux cas de cancers par an en France (col de l’utérus, vulve, vagin, anus et oropharynx).
  • le vaccin GARDASIL 9® (9HPV) a démontré son efficacité sur les lésions précancéreuses et cancéreuses liées aux HPV et dans la prévention des condylomes génitaux jusqu’à 26 ans.
  • Le profil de sécurité des vaccins chez l’homme est similaire à celui observé chez la femme, et de nombreuses études étayent désormais l’absence de lien entre la vaccination et la survenue de maladies auto-immunes.
  • Les pays qui ont obtenu une couverture vaccinale élevée constatent aujourd’hui les bénéfices de la vaccination tant chez les filles vaccinées que chez les garçons non vaccinés et indirectement protégés même si le recul reste insuffisant pour évaluer l’impact de cette vaccination sur les cancers du col de l’utérus et ano-génitaux HPV-induits.
  • Une dynamique en faveur de l’élargissement de la vaccination contre les HPV chez les garçons est observée en Europe, la couverture vaccinale des garçons est toutefois restée inférieure à celle des filles.
  • L’augmentation de la couverture vaccinale des filles reste la stratégie la plus coût-efficace par rapport à la vaccination des filles et des garçons ; mais le ratio coût-efficacité de cette dernière est plus favorable lorsque la couverture vaccinale des filles est faible (comme c’est le cas en France). En l’absence de modèle spécifique adapté à la situation française, la question du ratio coût-efficacité de la vaccination des filles et des garçons en France reste cependant à évaluer.
  • La vaccination des garçons est perçue très favorablement par les médecins généralistes qui la citent comme le principal levier pour augmenter la couverture vaccinale. Recommander cette vaccination.sans considération de genre et d’orientation sexuelle facilitera la proposition vaccinale.
  • Elle est également perçue favorablement par les parents, même si une proportion élevée resterait indécise vis-à-vis de cette vaccination.
  • Les principaux freins actuels à la vaccination contre les HPV identifiés étant l’absence de proposition systématique par un médecin et les doutes sur la sécurité du vaccin.
  • D’un point de vue éthique, la vaccination des garçons est un élément qui contribue à réduire les inégalités hommes-femmes en matière de prévention en santé, en permettant aux jeunes garçons de participer à la baisse globale de la transmission des papillomavirus. Par ailleurs, les HSH ne peuvent bénéficier de l’immunité de groupe résultant de la seule vaccination des jeunes filles et sont à ce jour insuffisamment vaccinés.

En savoir davantage ICI sur le site de la HAS

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Etat des lieux au Danemark

L’exemple de la « crise » danoise
À cet égard, des données danoises qui viennent d’être publiées apportent un éclairage très intéressant. Au Danemark, la couverture vaccinale anti-HPV des filles a, initialement, été assez importante, mais les taux ont par la suite fortement chuté. Comme dans d’autres pays, ce déclin a été attribué à des peurs infondées concernant la sécurité d’emploi de cette vaccination (cf. Encadré).

 

Encadré – Comment  les peurs envers les vaccins se propagent-elles ?
Selon l’éclairage d’Annick Opinel, historienne et philosophe des sciences à l’Institut Pasteur, plusieurs facteurs se conjuguent pour alimenter les attitudes anti-vaccination :

  • la crainte d’effets indésirables plus ou moins graves, en particulier pour les vaccins multivalents ;
  • la méfiance envers l’industrie pharmaceutique sous-tendue, en France, par des « affaires » comme celle du MEDIATOR et les polémiques autour du lévothyrox ;
  • l’importance du relais par les réseaux sociaux et la défiance envers les scientifiques.

Une étude de cohorte rétrospective a donc été initiée, ayant concerné toutes les filles nées au Danemark entre 1997 et 2006 et âgées de 12 à 15 ans (n = 328 779). L’objectif était d’identifier les événements ayant contribué à la baisse du taux de vaccination et aussi de rapporter l’impact d’une campagne de communication ayant été mise en place concernant l’efficacité et la sécurité d’emploi du vaccin anti-HPV.

Une chute suivie d’un rebond
Quatre périodes clés ont été examinées entre 2009 et 2019.

  • Durant la première période, de janvier 2009 à janvier 2013, la couverture vaccinale contre le HPV était similaire à celle des autres vaccins.
  • Au cours de la deuxième période, de février 2013 à février 2015, les premières critiques sont apparues dans les médias, notamment citant des effets secondaires graves et des conflits d’intérêts des médecins encourageant la vaccination.
  • Ces critiques se sont amplifiées entre mars 2015 et avril 2017 (troisième période), notamment en raison d’un documentaire télévisé intitulé : « Les filles vaccinées – malades et abandonnées. » Ceci a aussi conduit à une augmentation de la publication d’articles négatifs.
  • La dernière période, allant de mai 2017 à février 2019, a été celle de la mise en place d’une campagne d’information, destinée à remonter le taux de couverture vaccinale. Menée par l’agence de santé danoise, la société danoise du cancer et l’association médicale danoise, elle s’est appuyée sur l’analyse d’une agence externe s’appuyant sur des informations provenant des médias, d’enquêtes et de données issues de groupes de personnes.

Le premier constat de l’agence externe n’a pas été très positif : « augmenter la couverture vaccinale jusqu’à 90 % réclamerait des efforts extraordinaires incluant le recours à des plateformes numériques et aux réseaux sociaux, que les autorités de santé danoises n’utilisent pas ».
Elle a cependant conclu « qu’il serait difficile de changer les états d’esprits des gens qui ne souhaitent pas que leur enfant soit vaccinée (14 %), mais ceux qui hésitent (34 %) représenteraient la cible idéale pour une campagne, tout particulièrement les mères de filles non vaccinées. »

Des actions adaptées
Sur ces bases, la campagne de communication danoise a donc consisté :

  • à apporter des informations concernant les infections à HPV, le cancer du col utérin et la vaccination anti-HPV ;
  • en s’appuyant sur les médias pour diffuser ces informations, en créant un site Internet dédié, une page Facebook et en encouragent les hashtags Twitter du type #stophpv ;
  • en recourant massivement à des témoignages de femmes ayant eu un cancer du col ou des lésions précancéreuses.

Par la suite, trois témoignages sont parus sur le site Web et beaucoup d’autres sur Facebook. La campagne a aussi tout particulièrement ciblé les parents qui avaient reporté la vaccination de leurs filles.

Une campagne de communication qui a porté ses fruits
Cette campagne d’information a été particulièrement efficace puisque le taux de vaccination anti-HPV est remonté à son niveau initial (qui était de 94,9 % en 2012) et même un peu plus (102 %), en raison de l’administration de doses de rattrapage. Et l’importance de cet accroissement de la couverture vaccinale peut être comparée à la baisse enregistrée précédemment, avec des taux ayant chuté à 83,3 % puis à 49,6 % au cours des deuxième et troisième périodes, marquées par une forte désinformation provenant des médias.
Malgré cela, les auteurs estiment qu’environ 26 000 filles n’ont pas pu bénéficier du vaccin alors que cela aurait été le cas si la couverture vaccinale n’avait pas chuté précédemment.

Des messages généraux pour faire remonter le taux de la vaccination
À la suite de ces résultats, des messages clés ont été édictés auxquels d’autres pays pourraient se référer :

  • mise en place d’un plan de gestion « permanent » des peurs concernant la sécurité car elles peuvent survenir à n’importe quel moment et sont guidées par des sources non identifiables ;
  • repérage des signaux concernant la sécurité et de l’opinion du public ;
  • apport de réponses rapides et précises aux situations de crise via un seul porte-parole et recours aux médias sociaux.

Les soignants doivent aussi être proactifs par rapport à ces problématiques et recevoir une formation pour savoir de qu’elle façon ils peuvent recommander le vaccin aux parents au moyen d’annonces adaptées. Enfin, il est important de s’appuyer sur les organisations en faveur de la vaccination et leurs réseaux.

Documents

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