Sécurité dans les maternités

La restructuration engagée va permettre d’augmenter la sécurité des mères et des nouveau-nés : mais elle condamne à disparaître nombre de petites structures ne disposant pas d’un équipement en hommes et en matériel suffisant.

La prise en charge des femmes enceintes bénéficie désormais du dispositif requis par la loi. Les femmes peuvent accoucher dans un établissement de santé adapté aux éventuels risques identifiés au cours de leur grossesse. Trois niveaux de maternité sont créés suivant l’intensité des soins à apporter au nouveau-né (cf. encadré). Réalisée dans le cadre des schémas régionaux d’organisation sanitaire, cette restructuration n’épargne pas les petites maternités (moins de 300 accouchements par an) obligées de cesser leurs activités.

« Dans une maternité, il faut des médecins gynécologues accoucheurs (de moins en moins de médecins choisissent cette spécialité), des sages-femmes, des infirmiers, des auxiliaires de puériculture et un pédiatre réanimateur en place pour travailler correctement, déclare le Pr Jean-FrançoisOury.Garder sur place un tel effectif est excessivement coûteux, mais fondamental pour assurer la sécurité des mères et des nouveaunés.» Un des constats qui a décidé le gouvernement à prendre de telles mesures : 15 % seulement des nouveau-nés à risque naissaient dans des maternités adaptées.

Une solution : se regrouper
Les maternités pratiquant moins de trois cents accouchements ne peuvent être maintenues sauf si elles justifient d’une situation géographique particulière (isolement) et sous réserve que les conditions techniques de fonctionnement soient respectées. « Pour maintenir un service de qualité, il faut un flux régulier, souligne J.-F. Oury. L’obstétrique est une spécialité où l’on exerce toujours dans l’urgence et l’urgence demande des moyens et des équipes habituées à la gérer. »

Néanmoins la fermeture des petites maternités peut être compensée par la mise en place d’un suivi pré- et post-partum (centre périnatal de proximité). Les maternités non conformes ont trois ans pour s’adapter aux nouvelles normes.
Une nouvelle maternité autonome doit disposer d’au mois vingt-cinq lits d’obstétrique. L’unité de néonatalogie ne peut être inférieure à six lits. S’il s’agit d’une construction nouvelle, la proximité avec l’obstétrique est exigée. La réanimation néonatale doit être obligatoirement associée à une unité de soins intensifs. Le décret instaure l’obligation pour la maternité d’avoir une salle de type chirurgical dans le secteur de la naissance et une salle de soins pour les nouveau-nés dans la contiguïté. IL faut une sage femme en salle de naissance vingt-quatre heures sur vingt-quatre jusqu’à mille accouchements par an, puis un poste supplémentaire par tranche de deux cents. Le recours à un psychologue et à un psychiatre doit être possible. D’autres mesures vont progressivement compléter ce dispositif.C.S.
Entretien avec le Pr Jean-Francois Oury,gynécologue-obstétricien,hôpital Robert-Debré, Paris.
LES TROIS NIVEAUX DES MATERNITES

  1. Les maternités de type 1 accueillent les femmes dont la grossesse est normale et dont les nouveau-nés ne présentent pas de problèmes particuliers. Il s’agit des établissements pratiquant simplement l’obstétrique.
  2. Les maternités de type 2 disposent d~une unité de néonatalogie qui permet d’ assurer,tous les jours de l’année ,vingt-quatre heuressurvingt-quatre, la surveillance et les soins spécialisés des nouveau-nés à risque et ceux dont l’état s’est dégradé après la naissance, qu’ils soient ou non nés dans l’établissement, mais qui ne nécessitent pas d’assistance respiratoire.
  3. Les maternités de type 3 disposent, en plus d’une unité de néonatalogie, d’une unité de réanimation nconatale qui permet d’assurer, tous les jours de l’année, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, la surveillance et les soins spécialisés des nouveau-nés qui présentent des détresses graves ou des risquesvitaux nécessitant des soins de réanimation, qu’ils soient ou non nés dans l’établissement.