Les pleurs des bébés: comment les interpréter?

Les pleurs des bébés plongent parents et professionnels dans l’incompréhension et l’impuissance depuis des générations.

Les recherches scientifiques nous apprennent pourtant beaucoup sur le sujet.  

Les pleurs des bébés et des enfants ont toujours été une source de vives préoccupations et d’incompréhensions pour les adultes (parents ou professionnels de la petite enfance). Nombre d’entre eux se sont un jour demandé comment réagir : faut-il réconforter systématiquement l’enfant ou l’ignorer, le laisser sur un transat ou le prendre dans les bras, considérer ces pleurs comme le signe d’une immaturité, d’une souffrance physique ou d’un « caprice » ?

Les pleurs sont d’ailleurs l’un des principaux motifs de consultation chez les spécialistes, pédiatres et psychologues en tête de peloton. Malheureusement, le plus souvent, lesdits spécialistes ne sont pas mieux informés que les parents eux-mêmes. Car rares sont leurs formations théoriques à intégrer un module sur les pleurs des enfants. Chacun y va alors de ses convictions ou de ses opinions personnelles. De fil en aiguille, des conseils pas toujours judicieux et infondés sont régulièrement prodigués sur la base d’idées reçues, souvent moralisatrices et psychologisantes, et s’ancrant rarement sur des constats scientifiques mais plutôt sur des interprétations et des projections.

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Des idées reçues qui se perpétuent

Parmi les innombrables idées reçues : les « coliques », tout d’abord. Gisèle Gremmo-Feger, pédiatre au CHU de Brest, rappelle, dans son article intitulé « Un autre regard sur les pleurs du nourrisson », que beaucoup (trop) de praticiens perçoivent dans les pleurs prolongés la conséquence de perturbations organiques d’origine essentiellement digestive. Dans les années 1950, a été définie (de façon arbitraire) la « colique infantile » par la règle des trois : pour qu’une colique soit diagnostiquée, l’enfant doit pleurer plus de trois heures par jour, plus de trois jours par semaine et pendant plus de trois semaines. Parmi les traitements à la pelle proposés aux bébés, aucun n’a vraiment prouvé son efficacité dans des essais randomisés. Peut-être parce que, en réalité, la majorité des enfants ne souffriraient d’aucun trouble gastro-intestinal ? Un point de vue partagé par de nombreux spécialistes. Quand les pleurs ne sont pas qualifiés de coliques, ils sont considérés comme le signe d’une « manipulation » de l’enfant, d’un « caprice » auquel il est préférable de ne pas répondre sous peine de devenir l’esclave de ce bébé tyran et persécuteur (ou presque). On qualifie d’ailleurs les enfants qui pleurent peu d’enfants « sages ». Rappelons qu’en Europe, au Moyen-Âge, des bébés qui pleuraient trop en venaient à être exorcisés car on les considérait comme possédés par un démon ! Un manuel de puériculture de référence des années 1940 décrit les cris du bébé comme « parfois, le résultat d’une mauvaise éducation et l’expression d’un caprice, l’enfant ayant été habitué à être pris dans les bras dès qu’il crie ».

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Les bébés occidentaux pleurent plus que les autres

La question des pleurs des bébés a largement été débattue en ethnologie : les bébés occidentaux pleurent davantage que leurs homologues élevés dans des sociétés traditionnelles. Pourquoi ? Car dans nos sociétés, on conseille aux parents de laisser le bébé dormir seul, de ne pas répondre systématiquement à ses pleurs, de ne pas le prendre dans les bras. Visiblement, ce maternage qualifié de « distal » engendrerait des pleurs de plus longue durée. Il est intéressant de constater qu’en Corée, dans une étude des années 1990, aucun enfant ne semblait souffrir de coliques*. En même temps, ces petits coréens ne passaient que 8,3 % de leur temps seul contre 67,5 % pour les bébés nord-américains. Une proximité mère bébé est nettement favorisée, jour et nuit. « Est-il nécessaire de rappeler que ce mode de vie et le type de maternage qui en découle ont prévalu pendant plus de 99 % de l’histoire de l’humanité ? La solitude des nourrissons qui caractérise les cultures occidentales est (…) probablement peu adaptée à l’immaturité globale et aux attentes biologiquement déterminées des bébés », souligne Gisèle Gremmo-Feger.

* Lee K. (1994), « The crying pattern of korean infants ans related factors ». Dev Med Child Neurol, 36 – 601-607.

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