L’allaitement maternel : protection contre guardia intestinalis (parasite trouvé même en France)

Giardia intestinalis est un parasite intestinal très fréquent à l’échelle planétaire, y compris en France. Le tableau clinique est généralement celui d’une diarrhée avec des risques de déshydratation et de malabsorption. Deux facteurs au moins semblent intervenir dans l’évolution de la maladie : la virulence du parasite et la réponse immune de l’hôte. Depuis longtemps, l’allaitement est connu pour conférer une immunité double, spécifique et aspécifique (IgA sécrétoires). Aussi, ce mode d’alimentation est-il favorisé, en particulier dans les pays en voie de développement, où les pathogènes intestinaux sont endémiques.

Tellez et coll. ont réalisé une étude prospective au Nicaragua pour savoir si l’effet bénéfique de l’allaitement sur la giardiase infantile était imputable à l’immunité spécifique. Pendant deux ans, 307 nouveau-nés ont été suivis. Des échantillons de selles étaient recueillis pour examen microbiologique, à dates fixes ainsi qu’au moment des épisodes diarrhéiques. Dans le lait maternel, les anticorps spécifiques anti-Giardia étaient recherchés par IF indirecte. Les résultats ont montré que la prévalence des anticorps dans le lait était de 15,6%, chiffre concordant avec la prévalence locale du parasite.

Ce dernier était retrouvé chez 36% des enfants (n=111), parmi lesquels, 89% (n=99) avaient une mère sans anticorps spécifiques lactés. Vingt-quatre enfants avaient acquis la parasitose avant l’âge de 6 mois, 23 d’entre eux étaient nés de mères non porteuses d’anticorps spécifiques dans leur lait et ces mêmes petits patients avaient connu une diarrhée plus sévère. L’analyse statistique par groupe d’âge a retrouvé une différence significative en terme de survie en faveur des enfants nés de mères porteuses d’anticorps anti-Giardia dans leur lait par rapport aux autres (p=0,036).

Les mamans porteuses de ces anticorps spécifiques peuvent ainsi donc mieux protéger leurs bébés, le mécanisme précis restant à explorer. Voici des arguments supplémentaires, dont la Lech League s’emparerait volontiers. Les facteurs psycho-sociaux de l’allaitement mis à part, la balance scientifique penche donc elle aussi du côté de l’allaitement, à fortiori dans les pays défavorisés.