Le décès d’un nourrisson de 10 jours suite à l’ingestion d’Uvestérol D = retrait du produit

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Le décès d’un nourrisson de 10 jours a eu lieu le 22 décembre 2016 à Paris, suite à l’ingestion d’Uvestérol D solution buvable. L’accident vient non pas du produit en lui-même, mais de la technique de déglutition et de prise avec la pipette (voir plus bas).

L’uvestérol D contient de l’ergocalciférol, ce complément vitaminique important qui permet à tout nourrisson sous nos latitudes de mieux absorber et fixer le calcium, indispensable à sa croissance, en particulier.

Tout nourrisson âgé de 0 à 18 mois doit recevoir une supplémentation en vitamine D. A ce titre, l’Uvestérol D est l’un des médicaments qui peut être prescrit. Si la posologie est respectée, il ne représente aucun risque pour l’enfant.

Les pays très exposés au soleil en ont moins besoin.

Depuis 2006, il faut chez le prématuré administrer l’Uvestérol dilué dans une tétine, en position semi-assise; la pipette doseuse utilisée pour les bébés plus âgés ou nés à terme a été modifiée : au lieu d’un seul trou, elle bénéficie désormais de quatre ouvertures latérales.

Tout cela, car des épisodes de malaise ont été rapportés suite une mauvaise déglutition par certains enfants et surtout des prématurés.

C’est un produit qui par sa consistance (dense, huileux), semble être impliqué dans ces fausses routes.

L’Uvesterol vient d’être retiré du marché:

La ministre de la santé vient de retirer ce jour (4/1/2017) le produit des réseaux de distribution en attendant les résultats de l’enquête.

Il convient donc, pour le moment, d’utiliser des produits alternatifs, par exemple le Zyma D 150 UI/goutte (cholécalciférol) 4 gouttes par jour à mettre sur une petite cuiller ou Adrigyl 10 000 UI/ml (cholécalciférol) également 4 gouttes par jour à mettre sur une petite cuiller et à donner au bébé. Ces produits n’ont pas montré de problèmes particuliers chez les nouveau-nés.

Voyez avec votre pédiatre ou votre médecin pour modifier la prescription si besoin.

Que faire si mon bébé avale de travers ce médicament (ou tout autre produit mis dans sa bouche) et pour lequel il fait un malaise?

Si cela arrive, mettez sur le coté et ne le secouez pas, cela peut aggraver son syndrome vagal. C’est extrêmement rare. Il rependra alors sa respiration spontanément.

Pourquoi un malaise vagal?

  • tout abord un bébé peut faire une fausse route: le produit (médicament, liquide, aliment, corps étranger) va dans sa trachée (vers les poumons) au lieu d’aller dans l’oesophage (vers l’estomac). Du coup un réflexe se produit: il bloque spontanément sa respiration, pour éviter que le produit ne diffuse dans les bronches. Cela permet pendant quelques instants très courts, à la muqueuse des bronches d’en absorber une partie avant que le reste n’aille dans les alvéoles (au bout du bout des bronchioles, là où les échanges gazeux d’oxygène se font). Puis ensuite le bébé se relâche et la respiration reprend. Mais cette reprise peut être retardée si on secoue trop le bébé.
  • un autre mécanisme vagal peut exister si la pipette est trop enfoncée dans la bouche: en effet, au fond de la gorge existe une zone réflexogène, qui peut, si elle est touchée voire stimulée, provoquer un réflexe vagal, qui lui même va provoquer un ralentissement du coeur, voire un arrêt. 

Pourquoi dit-on vagal?

En fait, il s’agit d’un nerf, le nerf vague (10e paire de nerf crânien) qui, lorsqu’il est stimulé (zones réflexogènes comme le fond de la gorge, les globes oculaires, etc), va libérer une substance (l’acétylcholine) qui a comme effet, entre autre, de ralentir la fréquence cardiaque.

Qu’est-il arrivé à ce nourrisson?

Il faut attendre les résultats de l’enquête et probablement de l’autopsie. L’un de ces deux mécanismes a du arriver, voire les deux, et peut-être en même temps.

D’où l’importance, lorsqu’on donne quelque chose à avaler à un bébé, de le tenir en position demi-assise et d’y aller à son rythme, tranquillement. En lui expliquant ce qu’on lui fait, ça le rassurera.