Mucoviscidose: où en est la recherche? Mutation d’un gène?

60 000  patients touchés en Europe, mais la mucoviscidose reste une maladie orpheline.

 Le coup d’envoi de la course aux progrès est donné en  1989. Le gène responsable de la mucoviscidose est alors découvert : on le nomme CFTR (Cystic fibrosis transmembrane conductance regulator). Situé sur le chromosome  7, il gouverne la production d’une protéine qui contrôle l’équilibre en eau et en sel des cellules. C’est un canal perméable aux ions chlorure, qui traverse la membrane cellulaire.

Son dysfonctionnement bloque leur sortie : d’où un défaut d’hydratation des mucus qui tapissent les surfaces internes des poumons, du pancréas, de l’intestin… Trop épais, ces mucus s’accumulent : infections chroniques des poumons et blocage de la sécrétion des enzymes digestives sont deux des effets délétères de cette accumulation.

Dans les années 1990, les défauts de ce gène sont passés au crible de l’analyse moléculaire.  La sévérité de la maladie dépend du type de mutations du gène  CFTR, mais également de l’activité d’autres gènes  » modificateurs  » : ils viennent tantôt atténuer, tantôt aggraver le déficit du gène CFTR muté.

Essais cliniques

Un laboratoire américain Vertex a mis sur le marché, en  2012, un tout premier médicament qui s’attaque à des mutations rares : l’ivacaftor, qui maintient le canal CFTR plus longtemps ouvert. Mais coût d’une année de traitement : 250 000  euros. Ce coût est tolérable, car les personnes concernées sont rares.

Des essais sont en cours pour d’autres molécules (masquage de l’ADN muté, ARN messager, etc).

Ces premiers succès ne doivent pas cacher un échec historique : celui de la thérapie génique. Après de bons espoirs, il fallut déchanter : dans les années 1990, les premiers essais ont menés vers le décès de patients. Le vecteur utilisé pour délivrer l’ADN thérapeutique dans les bonnes cellules (un vecteur rétroviral) provoquait des réactions immunitaires. Mais des équipes anglaises poursuivent des essais avec des vecteurs plus sûrs. Il faut attendre encore pour cette voie difficile.