L’allaitement maternel doit durer six mois pour protéger contre les infections digestives (sein exclusif)

Les résultats d’un examen systématique de la littérature portant sur la durée optimale de l’allaitement exclusif au sein ont été rendus par un comité d’experts. Ils concluent à certains avantages de l’allaitement maternel exclusif pendant six mois, en particulier en termes de protection contre les infections digestives.

Les experts recommandent l’alimentation au sein exclusive pendant six mois, puis l’introduction d’aliments complémentaires avec la poursuite de l’allaitement, en choisissant de manière judicieuse sur le plan nutritionnel ces aliments.

La question de l’allaitement maternel fait partie des sujets de santé publique que l’OMS étudie constamment. S’il existe depuis longtemps un consensus sur l’utilité de l’allaitement maternel exclusif pendant les premiers mois de la vie, sa durée optimale continue à être sujette à débats. Pour étayer ce thème, l’OMS fait réaliser une analyse de la littérature. Plus de 3 000 articles portant sur la durée optimale de l’allaitement maternel exclusif ont été passés en revue. Les données concernant la croissance, le bilan en fer chez l’enfant, la morbidité, les pathologies atopiques, le développement moteur, la perte de poids après l’accouchement et l’aménorrhée ont été examinées.

Les conclusions ont été tirées au cours d’une consultation d’experts à Genève (28-30 mars 2001). Ont été sélectionnées deux petites études contrôlées et dix-sept études d’observation, de qualité et d’origine diverse.

Affections diarrhéiques

Cette revue systématique montre que l’avantage le plus important de l’alimentation au sein exclusive pendant six mois, par rapport à une durée plus courte de 4 mois, concerne la protection contre la morbidité et la mortalité en rapport avec les maladies infectieuses, et notamment celles des voies digestives (affections diarrhéiques). Cette conclusion est tirée de données provenant de Biélorussie, endroit où les préparations alimentaires de complément sont réalisées de manière hygiénique.

Les informations ne sont pas suffisantes pour tirer des conclusions concernant les infections des voies respiratoires (y compris l’otite moyenne), les maladies atopiques ou le développement moteur. On ne peut donc pas dire s’il existe un effet favorable de l’allaitement pendant six mois sur ces différents points, mais on ne peut dire non plus l’inverse.

Les informations dégagées d’un des essais du Honduras montrent un bilan en fer moins avantageux chez les enfants nourris exclusivement au sein pendant six mois comparativement à ceux nourris de cette manière pendant quatre mois, suivis d’un allaitement partiel jusqu’à six mois. Cette constatation concerne probablement les populations dans lesquelles le bilan en fer des mères et les réserves endogènes des nourrissons ne sont pas optimales, ont fait observer les experts.

Aménorrhée et perte de poids après l’accouchement

En « poolant » les résultats des deux essais menés au Honduras, les experts constatent que l’alimentation exclusive au sein pendant six mois (comparativement à quatre mois) est avantageuse pour ce qui concerne l’aménorrhée lactationnelle, tout au moins chez les mères qui allaitent fréquemment, c’est-à-dire de dix à quatorze fois par jour. Dans ces deux même essais, on trouve un avantage concernant la perte de poids après l’accouchement plus importante chez les mères allaitant exclusivement pendant six mois que pendant quatre.

Les experts soulignent qu’il est possible d’augmenter la proportion des enfants allaités exclusivement pendant six mois en traitant certains problèmes : l’état nutritionnel des femmes enceintes ou allaitant, le bilan en micro nutriments, les soins de santé primaire chez les nourrissons (évaluation de la croissance et recherches de signes de carence).

Ces résultats peuvent être mis en parallèle avec ceux d’une étude réalisée au Royaume-Uni, dont les résultats indiquent que, en ce qui concerne la distensibilité artérielle future, un allaitement d’une durée de quatre mois est le plus opportun comparativement à une durée plus longue. Ces résultats ne présument toutefois pas d’un risque vasculaire diminué.