Télévision et santé publique (séries, youtube, écrans et leurs contenus) : impact auprès des enfants

La télévision est depuis longtemps un phénomène de société dont les effets positifs et négatifs chez l’enfant font l’objet d’un article par un pédiatre américain dans la revue anglaise Archives of Diseases in Childhood. Le temps passé par les enfants américains devant l’écran de télévision (vidéo cassettes et jeux exclus) dépasse celui des heures de classe : au total 15 000heures, contre 12 000 heures en fin de scolarité. Un enfant ou adolescent américain regarde la télévision trois heures par jour en moyenne tous les jours de l’année.

Ce spectacle audiovisuel le met en présence de 12000 faits violents, 14000 images ou épisodes à connotation sexuelle, et 20 000 spots publicitaires, par an. Il est évident que l’enfant et l’adolescent sont particulièrement réceptifs, influençables et vulnérables vis-à-vis des messages qui leur sont ainsi délivrés.

Certains programmes télévisés particulièrement adaptés à l’enfant ont un but éducatif et ont démontré leur efficacité. Les jeunes enfants américains âgés de trois à cinq ans ayant regardé de telles séries éducatives enrichissent leur vocabulaire par rapport aux témoins. Cette constatation a été faite également dans une étude réalisée en Turquie après l’adaptation locale de ces programmes. À l’opposé, mais avec une plus grande fréquence, des présentations négatives peuvent avoir un effet délétère.

En revanche, la violence fait partie du spectacle télévisuel tout venant. Elle était présente dans 61 % des 10 000 heures de programmes de télévision américains visualisés par une commission ad hoc (la National Television Violence Study), les programmes pour jeunes ayant la plus forte dose de violence. La sexualité, sous tous ses aspects, est largement présente dans tous les programmes américains, y compris aux heures de grande écoute familiale (20 à 21 h). Les images, allusions, et faits présentés, sont souvent incompatibles avec le jeune âge. Ces données sont particulièrement inquiétantes si on se réfère aux études ayant montré un lien étroit et une relation de cause à effet entre les actes violents commis par des enfants et l’influence télévisuelle.

L’impact de la télévision dans le domaine de la nutrition parait également négatif et pourrait faire partie des facteurs qui accentuent la fréquence de l’obésité chez les enfants américains. Les heures passées devant la télévision sont des heures d’inactivité; le grignotage au cours des scances est fréquent. De plus la publicité présentée est volontiers orientée vers des produits alimentaires sucrés ou fortement énergétiques qui flattent le goût de l’enfant, stimulent son appétit et incitent à la consommation. Une réflexion du même ordre peut être faite au sujet de la publicité pour le tabac (budget de six milliards de dollars) et pour l’alcool (deux milliards de dollars) dont les séquences télévisées centrées sur des personnages agréables, viriles ou héroïques, sont souvent à l’origine des premiers pas faits par les adolescents dans ces deux domaines.

Partant de ces constatations, I’Académie américaine de pédiatrie a dressé un certain nombre de recommandations claires et détaillées diffusées par son site internet pour les parents et pour les pédiatres. Aux États-Unis où 32 % des chambres des enfants de deux à sept ans sont équipées de téléviseurs, et 65 % des chambres des enfants de huit à 13 ans et des adolescents de 14 à 18ans, les heures d’écoute sont sous-estimées et non surveillées par les parents.

Il est fortement conseillé aux parents de supprimer ou contrôler ces téléviseurs personnels et de regarder les programmes avec leurs enfants pour les commenter et les filtrer. En aucun cas, la télévision ne doit jouer le rôle d’une baby-sitter électronique. Les pédiatres doivent se tenir au courant de ces programmes, informer les familles et jouer un rôle moteur dans le choix dirigé des spectacles audiovisuels.

La télévision nous entoure pour le meilleur et pour le pire. Les programmes éducatifs sont largement minoritaires et s’adressent surtout aux tout petits. Le rôle des parents et pédiatres est d’autant plus important. Cette mise en garde faite pour la société américaine est aisément transposable en France.

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