La varicelle : un risque aussi pour les parents

Mieux de la faire enfant

En 1998, le réseau Sentinelles a permis d’estimer à 750 000 le nombre de cas de varicelle en France métropolitaine. Cinquante pour cent des malades avaient moins de 4 ans. Des complications ont été rapportées chez 6 % des patients (10 % chez les patients de plus de 20 ans). Il s’agissait principalement de bronchites et de surinfections ORL, cutances ou conjonctivales.

On peut donc estimer à 95 % la proportion des Français ayant été infectés par le virus de la varicelle. Une récente enquête complémentaire menée sur le réseau en 1999 a montré que 30 % des Français développent un zona secondairement au cours de leur vie. Si ce virus est probablement l’un des plus contagieux de la planète, il est aussi l’un des moins virulents, du moins chez l’immunocompétent (et en dehors du zona qui entraîne des douleurs post zostériennes invalidantes chez près de 20 % des malades).

Cependant, le retentissement économique est tel qu’il a justifié (en partie) la mise sur le marché d’un vaccin aux USA et dans plusieurs pays d’Europe. La constitution d’une série de plus de 25 000 cas en France depuis 1991 a permis de démarrer un projet de modélisation mathématique et l’arrivée probable d’un vaccin en France pourra être évaluée par le maintien de cette surveillance continue.

Second pic chez les adultes?

Un modèle mathématique publié il y a près de quinze ans par Grenfell et Anderson avait permis de suggérer que la force d’infection de la varicelle pouvait atteindre un second pic chez les adultes entre 20 et 35 ans en raison des contacts plus fréquents de cette tranche d’âge avec les petits enfants (le premier pic chez les enfants de 4-5 ans avait été rapporté antérieurement dans la littérature).

Mais, à cette époque, faute de données disponibles, l’hypothèse du second pic n’avait pas pu être vérifiée. Or nos données permettent de mettre en évidence aujourd’hui, en France, une augmentation de la force d’infection atteignant un pic chez les femmes de 33 ans (37 ans chez les hommes).

L’âge moyen des femmes en France à leur premier enfant étant de 29 ans, et la médiané de l’âge des cas de varicelle de 4 ans, les travaux théoriques de Grenfell et coll. semblent ainsi confirmés.

Les trois derniers cas de varicelle compliquée rapportés au réseau Sentinelles

Dans le Territoire de Belfort le cas d’un petit garçon de 3 ans a été rapporté qui présentait une éruption cutanée prurigineuse du tronc, du cou et du visage, accompagnée d’une fièvre à 39 °C compliquée d’une conjonctivite et de nombreuses adénopathies.

L’enfant a été traité par des antihistaminiques, du paracétamol et un collyre antiseptique. Le médecin a revu le patient une semaine plus tard; son état général s’était amélioré et seules persistaient quelques lésions croûteuses résiduelles. On a retrouvé un contage dans la fratrie quinze jours avant le début des signes.

En Loire-Atlantique, le cas d’un nourrisson de douze mois de sexe masculin amené en consultation pour une éruption cutanée généralisée, prédominant au tronc et respectant les extrémités des membres. La température était de 39 °C. Durant l’examen au cabinet, il a présenté une crise convulsive tonico-clonique généralisée qui a cédé après valium par voie intrarectale. Le médecin l’a fait hospitaliser pendant 48 heures.

Ce cas de varicelle est survenu dans un contexte d’épidémie, et plusieurs cas de varicelle dans l’entourage du patient étaient survenus dans les jours précédents. L’évolution sous traitement a été satisfaisante avec une guérison sans séquelles une semaine après la sortie de l’hôpital. Dans le Bas-Rhin, le cas d’une patiente de 28 ans qui avait consulté pour une éruption cutanée vésiculeuse généralisée, avec atteinte de la muqueuse buccale. Le neveu de la jeune femme avait eu la varicelle dix jours auparavant. Celle-ci a été traitée initialement par des antihistaminiques et des antiseptiques locaux.

Le lendemain, cette patiente a reconsulté pour une fièvre à 4O,4 °C et des céphalées. Le médecin a alors prescrit un traitement antiviral. Huit jours plus tard, les lésions vésiculeuses et croûteuses avaient disparu, mais la patiente se plaignait de toux et de dyspnée, et était toujours fébrile. Une radiographie pulmonaire a mis en évidence une pneumopathie diffuse bilatérale. La guérison de la pneumopathie a été constatée après une semaine de traitement antibiotique et quinze jours d’arrêt de travail.

Les parents peuvent encore se faire vacciner dans les deux jours  l’apparition de l’éruption de leur enfant (s’ils n’ont pas fait cette maladie dans leur enfance).