Allergie aux chats : les expositions modérées sont les plus sensibilisantes (asthme, rhinite)

La présence d’un chat à la maison augmente-t-elle vraiment le risque de sensibilisation et d’asthme chez l’enfant ? Une étude transversale américaine montre que les expositions « modérées  » au chat seraient les plus néfastes, mais qu’il n’y a pas de lien direct entre le seuil d’exposition et l’asthme chez l’enfant. En revanche, la relation entre l’allergie au chat et l’asthme n’est plus à faire.

Les études de populations récentes ont suggéré que la présence d’un chat dans la maison pouvait abaisser le risque de sensibilisation et d’asthme chez l’enfant. Il est vrai que si le lien entre l’exposition aux acariens et l’hyperréactivité bronchique est nettement établie, la sensibilisation, dose dépendante, aux allergènes du chat est moins prouvée. Après avoir montré, dans une étude transversale chez des écoliers américains, que l’augmentation de la concentration des allergènes de chat n’augmentait pas le risque de sensibilisation, la même équipe d’allergologues de Virginie a recherché, dans une population d’enfants comparable, les traces sérologiques d’une réponse aux allergènes du chat  en comparaison de la réponse aux allergènes d’acariens.

Quarante-sept asthmatiques

Cette nouvelle étude transversale a porté sur 226 enfants, âgés de 12 à 14 ans, dont 47 avait une hyperréactivité bronchique prouvée par un test à l’histamine. Le niveau d’exposition a été quantifié au domicile des écoliers et classé en trois catégories (exposition faible, moyenne, élevoe). Une sensibilisation aux acariens et aux chats a été recherchée chez tous les enfants avec des tests cutanés (positif > 4mm) et des dosages sériques : quantification des IgE spécifiques par RAST (positif > 40 U/ml) et des IgE totales; recherche des IgG dirigées contre les allergènes purifiés Der fl (acariens) et Fel dl (chat) par radio-immunoprécipitation. A l’examen des résultats portant sur les IgE spécifiques, une première différence de réponse entre les deux allergènes a d’abord été trouvée avec un nombre moins important d’enfants sensibilisés au chat dans le groupe à exposition élevée, comparativement aux acariens.

Après régression logistique, la proportion d’enfants sensibilisés aux acariens dans les groupes à forte exposition était toujours significativement plus élevée par rapport à l’autre allergène. Mais dans les groupes à exposition modérée ou faible, la prévalence de la sensibilisation à l’un ou l’autre des allergènes était identique. Ces résultats prouvent que la réponse dose-dépendante à l’exposition au chat n’est pas identique à celle des acariens.

Dans un second temps, l’étude a comparé la réponse en IgG à l’existence d’une sensibilisation spécifique (aux acariens et au chat). Le taux d’IgG anti-Der fl était parfaitement corrélé à l’exposition aux acariens et à la sensibilisation, quel que soit le niveau d’exposition. Le taux d’IgG anti-Fel 1 présentait aussi une majoration en fonction de l’exposition, sauf dans le groupe fortement en contact pour lequel il existait au contraire une baisse du degré de sensibilisation. Dans ce groupe, 31 enfants porteurs d’IgG n’avaient pas de signe de sensibilisation.

Des facteurs de risque indépendants d’asthme

Si la sensibilisation au chat et le taux d’IgE total sont des facteurs de risque indépendants d’asthme chez l’enfant, les IgG dirigées contre l’allergène de chat purifié et le seuil d’exposition ne le sont pas. Ces résultats suggèrent également que le risque le plus élevé de sensibilisation au chat survient à l’occasion d’expositions modérées. Pour les rapporteurs de l’étude et contrairement aux recommandations générales, il est inutile de se débarrasser du chat pour prévenir une sensibilisation de leur enfant.

Un haut niveau d’exposition s’avère avoir un caractère protecteur pour certains ou être un facteur de risque pour d’autres, des facteurs génétiques entrent probablement en jeu.

En clair, mieux vaut exposer bébé au chat le plus tôt possible.