Mon enfant (fille ou garçon) a tendance à se toucher le sexe, on dirait qu’il se masturbe alors qu’il est encore petit, est-ce possible? Comment doit-on réagir, nous les parents?

Comportement sexuel des enfants: la masturbation

C’est un sujet rarement abordé en dehors de l’intimité de la consultation chez le pédiatre. Il n’est pas rare de voir lors du passage au cabinet, un petit garçon ou une petite fille, de 2 , 4 ou 6 ans, se toucher le sexe sans gêne. La gêne, elle est chez les parents, et c’est normal. Sujet tabou, qu’est-ce que les gens vont penser, il ne faut pas qu’on le ou la traumatise, etc.

Parfois, une maman en parlera en fin de consultation (les papas c’est beaucoup plus rare), disant qu’à la maison sa petite fille de 3 ans se met souvent la main dans la culotte, en disant que « ça la chauffe », que « ça lui fait bizarre, c’est-à-dire que ça semble lui plaire ».

Pas de panique. Dès la naissance, un petit garçon peut déjà avoir des érections, pas nécessairement par plaisir. Il se développe autour du sexe de nos enfants des gênes, des tabous qui peuvent amener à avoir soi-même des comportements pas toujours adaptés.

Que faire si mon petit enfant (surtout fréquent entre 3 et 6 ans) se « touche »?

  • ne surtout pas le culpabiliser en le grondant: il ne comprendrait pas, alors qu’il ne fait que découvrir son corps;
  • la découverte de son corps: à l’âge de 4/5 mois, quand il commence à mieux maîtriser ses mains, il va commencer à jouer avec celles-ci. Et à attraper ce qui lui tombe « sous la main ». Il ne se retourne pas encore, et va mettre sa main (son poing) dans sa bouche= facilement accessible. Il va ainsi se masser les gencives qui commencent à être inflammatoires avec les poussées dentaires. Il découvre donc par lui-même qu’il peut réduire sa douleur, « se faire du bien » en quelque sorte. Très rapidement, comme il est souple, il va ensuite attraper son pied et l’attirer aussi vers sa bouche, l’explorer, le toucher, découvrir des sensations agréables. Puis vers 6/7 mois, ce sera une de ses oreilles, qu’il va avoir tendance à attraper, ce qui parfois fera craindre aux parents une otite. Mais point d’otite, il va saisir une oreille avec sa main dominante, sans voir cette protubérance qui se trouve hors de son champ visuel. Là aussi, des sensations pas désagréables. Son sexe? pas encore, car celui-ci est enfermé en permanence dans la couche, donc peu accessible. Cependant, lors du bain, quel parent n’a-t-il pas vu son petit garçon s’attraper le sexe pour le malaxer, le tourner dans tous les sens, parfois en se griffant: c’est nouveau, c’est curieux, il découvre que cet « objet » lui appartient. Et que ce n’est pas désagréable .  Chez les petites filles, c’est moins visible, mais le geste est aussi là. Une fois propre, passé l’âge de 2 ans, il ou elle aura accès à ses parties génitales plus facilement, la suite est facile à comprendre. Donc, le laisser découvrir, ne pas le rendre « honteux », les cabinets de psychiatres sont suffisamment remplis de patients adultes dont les parents jadis ont peut-être eu des comportements inadaptés…
  • s’assurer qu’il n’y a pas une cause « organique »: une irritation, une mycose, une vulvite chez les petites filles, une balanite chez le petit garçon, qui pourrait expliquer qu’il se touche, car dans ce cas c’est plutôt qu’il aurait une gêne
  • parfois un enfant peut exagérer les « caresses » sur lui même s’il vit un stress ou un évènement particulier; un peu comme un doudou, pour se rassurer. Cela peut se voir s’il y a un conflit familial, un divorce, des cris.
  • si cette tendance se fait dans le salon, devant tout le monde, ne pas en rougir, mais trouver le moment apaisé pour lui dire que son corps lui appartient, qu’il le découvre et que le mieux est de le faire dans son intimité. Prendre alors le temps de lui expliquer ce qu’est son « intimité ».
  • certains enfants peuvent parfois avoir des gestes très répétitifs et acharnés: en parler avec l’enfant, avec des mots simples; aussi avec le pédiatre, pour s’assurer qu’il n’y a pas autre chose.
  • naturellement si ces masturbations font partie d’un tableau plus général, il conviendra de voir si ces gestes ne sont pas la conséquence d’une imitation, suite à des images perçues ou vues par l’enfant; la vigilance sera alors de mise.

Pour en savoir davantage, cliquez ICI un document bien fait par nos amis canadiens.