Prévention de la mort inattendue du nourrisson (MIN)

Forte baisse des cas de mort inattendue du nourrisson

La mort inattendue du nourrisson (MIN= MSN ancienne dénomination Mort subite du nourrisson) est une cause fréquente de décès après la période post-natale. A la suite d’une augmentation considérable des cas de MIN dans les années 80, une réduction de son incidence a été observée dans la plupart des pays européens qui ont adopté des recommandations de couchage du nourrisson privilégiant notamment le décubitus dorsal.(c’est à dire couché sur le dos)

Pour tenter de mieux connaître les facteurs de risque actuels de MIN, et tout particulièrement ceux qui pourraient être accessibles à une prévention, un groupe européen a initié en 1994 une vaste étude cas témoins qui a couvert 20 régions du continent entre 1992 et 1996.

745 cas de MIN (ayant tous été autopsiés) représentant 78 % des MIN survenues dans les régions concernées ont été comparés à 2411 témoins vivants. 56 variables susceptibles d’être des facteurs de risque ont été étudiées avec analyse uni et multivariée. Pour chaque facteur de risque des odds ratio (OR) ont été calculés, les OR en analyse multivariée étant évidemment les plus signifiants compte tenu de l’interrelation entre les divers paramètres étudiés.
Ne pas faire dormir l’enfant dans le lit de ses parents… surtout si la mère (ou le père) fume ou a bu.

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Par ordre décroissant, d’importance les facteurs de risque principaux suivants se sont révélés significatifs

  • tabagisme maternel supérieur à 10 cigarettes par jour et nourrisson dormant dans le lit de sa mère le jour de l’accident : OR 17,7 (intervalle de confiance à 95 % IC 95 : 10,3 à 30,3) ;
  • enfant couché en position ventrale : OR 13,1 (IC 95 : 8,51 à 20,2)
  • jeune âge maternel : OR 11 pour les mères de moins de 18 ans (IC 95 : 5,38 à 22,4) ;
  • famille nombreuse, si plus de 4 enfants dans la fratrie OR 10,6 (IC 95 : 5,78 à 19,3) ;
  • petit poids de naissance : OR 4,83 pour les enfants de moins de 2000 g (IC 95 : 2,36 à 9,88).

L’alcoolisme père/mère, un facteur parmi d’autres

L’alcoolisme maternel (OR 2,33 pour une consommation d’alcool supérieure à 3 verres dans les 24 heures précédent l’accident) et l’utilisation d’un duvet (OR 1,82) étaient également retrouvés comme facteurs de risques dans les centres où ces paramètres ont été pris en compte.
Ne pas coucher l’enfant sur le ventre ou le côté (ou alors sous surveillance constante)
Une analyse tenant compte de la position dans laquelle l’enfant avait été placé avant l’accident et de celle dans laquelle il avait été retrouvé mort a de plus montré que le risque était spécialement élevé chez les enfants couchés sur le côté et passant en position ventrale durant leur sommeil (OR 45,4 ; IC 95 : 23,4 à 87,9). Une étude portant sur le sommeil des témoins a d’ailleurs montré que la position latérale était la moins stable (61 % des enfants changeant de position contre 12 % seulement des enfants couchés sur le dos).

Des facteurs de protection ont également été mis en évidence par cette étude cas témoins

  • enfant dormant dans la chambre de ses parents le jour de la mort (mais non dans le lit parental) : OR 0,32 (IC 95 0,19 à 0,55) ;
  • utilisation par l’enfant d’une tétine lors du dernier sommeil : OR 0,44 (IC 95 0,29 à 0,68).

Un calcul très complexe a permis de définir l’importance respective des différents facteurs de risque de MIN (tout au moins au cours de cette période). Faire dormir l’enfant dans une chambre séparée serait « responsable » de 35,9 % des cas, le fait de coucher l’enfant en position ventrale serait également en cause dans 35,9 % des MIN, tandis que faire dormir l’enfant dans le lit de ses parents serait « responsable » de 15,9 % des observations. Selon cette interprétation des données 52 % de ces MIN auraient pu être évitées en faisant simplement dormir l’enfant dans la chambre de ses parents (mais non dans leur lit).

Ne pas faire dormir bébé dans le lit des parents

Cette très importante étude confirme donc certaines données déjà connues. Il en est ainsi de l’importance de la position dans laquelle l’enfant est couché. Elle met également en évidence un facteur moins souvent identifié, le fait de coucher l’enfant dans le lit de ses parents qui augmente le risque surtout si la mère fume et /ou boit par ailleurs. Enfin elle révèle un nouveau facteur de risque : faire dormir l’enfant dans une chambre séparée. Les mécanismes par lesquels ce dernier mode de couchage serait dangereux mériteraient d’ailleurs d’être explorés.

La prévention repose donc sur des mesures simples

  • mettre le lit du nourrisson dans la chambre de ses parents, (pourquoi pas co dodo avec des lits adaptés)
  • coucher l’enfant en décubitus dorsal (sur le dos), peu couvert, sans duvet ni couverture que l’enfant pourrait mettre sur sa tête,
  • ne rien mettre comme objet dans le lit de bébé, et pas de tour de lit
  • éviter de fumer,
  • ne pas faire dormir l’enfant dans le lit de ses parents surtout avant 8 semaines, si la mère (ou le papa) fume ou a bu un peu (ou davantage.