L’enfant et l’animal : qui sommes-nous pour nos chiens et nos chats et comment considèrent-ils nos enfants ?

Nos enfants et nos animaux domestiques

Actuellement, en France, près d’une famille sur deux possède au moins un animal de compagnie. Mais si nous savons comment nous, humains, considérons notre animal, nous n’imaginons certainement pas comment lui nous considère, ou comment il considère nos enfants. Depuis quelques années, des vétérinaires se sont penchés sur cet aspect plus comportemental de leur profession et, dans certains cas, cette meilleure connaissance du comportement de nos animaux de compagnie a permis d’éviter des drames par des conseils judicieux (200000 morsures de chiens sont déclarées chaque année et 80 % d’entre elles surviennent à la maison).

cat-67345_640

Quelques notions d’éthologie animale

LE CHIEN

Le chien est un animal sociable ce qui signifie qu’il a l’obligation de vivre en meute. Aussi, dans sa famille, le chien se considère-t-il comme au sein d’une meute, avec ses règles, et en particulier sa hiérarchie très stricte. Compte tenu de cet état de fait, les adultes qui assurent l’éducation du chien, son dressage, devront faire en sorte que le chien n’occupe pas la place du dominant au sein de la « meute-famille ».
Deux points essentiels sont à connaître pour éviter que ne s’instaure cette dominance pouvant être notamment à l’origine de morsures ou de dégâts matériels :

  • au sein de la meute, le chien dominant mange avant les autres qui le regardent dévorer sa pitance et se partagent ensuite ses restes; il est donc important de ne pas partager le repas avec le chien (de ne pas lui donner à manger à table), de ne pas le faire manger avant la famille et de ne pas le regarder manger ;
  • dans la nature, le chien dominant choisit l’emplacement qui lui convient et se l’approprie : on comprend donc le danger qu’il peut y avoir à faire dormir son chien dans son propre lit, qui devient alors pour le chien sa propre couche et un symbole de sa dominance.

LE CHAT

En revanche, le chat n’est pas un animal sociable mais un animal territorial. Introduit dans la maison, il va marquer son territoire en se frottant contre les murs, les objets et les personnes et il sera, la plupart du temps, plus attaché à son territoire qu’à la famille avec laquelle il cohabite.

Mais, toute réduction de son territoire, ou toute modification importante des lieux, pourra avoir des conséquences fâcheuses, car les chats sont psychologiquement extrêmement sensibles.

LES PETITS RONGEURS

On ne connaît pas grand chose du comportement des petits rongeurs, lapins, cochons d’Inde, chinchilla, hamster etc. Ce sont en général des animaux très dociles sauf peut-être certains hamsters qui peuvent avoir tendance à mordre.

Comment le chien considère-t-il l’enfant ?

Tout dépend de l’âge de l’enfant. Le bébé qui marche à quatre pattes et qui porte encore des couches (avec des odeurs étranges) est, pour le chien, un mystère, un être d’autant plus étrange qu’il ne répond ni aux sollicitations, ni au langage du chien. Par ailleurs, ce bébé, nouveau venu, est au centre de l’intérêt des autres membres de la « meute », c’est à-dire la famille, et le chien peut en ressentir une certaine frustration pouvant entraîner de sa part des réactions violentes s’il occupe la place du dominant au sein de la « meute-famille ». C’est, par exemple le cas de la chienne qui se met à garder férocement le berceau du nouveau-né, empêchant quiconque, et surtout la mère de l’enfant, de s’en approcher.

Dans cette situation, la chienne, parce qu’elle est dominante, s’accapare l’enfant et le considère en quelque sorte comme son propre chiot (dans la nature, ce sont les chiennes dominantes qui peuvent se reproduire). Quand l’enfant grandit, qu’il commence à marcher, et jusqu’à la puberté, le chien l’assimile à un chiot qui devient son compagnon de jeu. Le chien sera tout particulièrement tolérant vis-à-vis de l’enfant, à condition que celui-ci respecte la hiérarchie et la position du chien qui se considère comme dominant sur l’enfant. Pour éviter les problèmes, l’enfant doit apprendre à ne pas importuner le chien, en particulier quand il mange et quand il dort.

Quand la puberté arrive, le chien le flaire très tôt et le sait bien avant les adultes de la famille. L’enfant change alors de statut et de chiot, il devient concurrent (le chien considère que l’enfant peut vouloir prendre sa place au sein de la hiérarchie). De ce fait, des problèmes peuvent survenir à cet âge, d’autant plus que c’est aussi la période où le jeune adolescent va tenter d’exercer son autorité et de dominer le chien. Là encore les problèmes seront d’autant plus graves que le chien occupera une position élevée dans la hiérarchie de la « meute-famille ».

Le grand adolescent est considéré par le chien comme un collatéral ce qui peut entraîner des confrontations, en particulier entre adolescent et chien du même sexe. A l’inverse, une complicité très forte peut s’établir entre jeune et chien de sexes différents; il peut même y avoir création d’une « sous-meute » au sein de la famille.

L’exemple le plus classique est celui de la jeune fille qui s’accapare d’une certaine manière le chien mâle de la famille (le chien dort dans sa chambre, est sans cesse avec sa jeune maîtresse) et celui-ci finit par agresser les adultes (et notamment le père), quand ceux-ci veulent entrer dans la chambre de la jeune fille qu’il considère comme son territoire.

Les accidents possibles

200 000 morsures de chiens sont déclarées chaque année (enfants et adultes confondues) et 80 % d’entre elles surviennent à la maison. Dans un très grand nombre de cas, ces accidents pourraient être évités par une meilleure prise en compte du comportement de l’animal au sein de la famille. L’éducation d’un chien se fait entre la naissance et quatre mois et un bon dressage doit permettre d’éviter tout problème.

LES PLUS GRANDS DANGERS

L’agressivité de prédation. Le chien est non sociabilisé et il considère que l’enfant est une proie. En général ces agressions se traduisent par le renversement de l’enfant sur le dos et l’agression a vraiment pour but de manger l’enfant ! Dans cette situation, il ne faut pas garder le chien car il n’existe aucune possibilité de dressage efficace.

Les chiens désocialisés. Ce sont des chiens très dangereux car il n’ont pas la notion de la hiérarchie au sein de la « meute-famille »et leur comportement est totalement imprévisible (c’est, par exemple, le cas du chien qui va voler la nourriture de l’enfant ou même celle de l’adulte). IL ne faut pas non plus garder ces chiens.

LES AGRESSIONS MOINS DANGEREUSES

Les problèmes hiérarchiques se révèlent lorsque le chien entre en compétition avec l’enfant, pour la nourriture, pour l’accès à certaines pièces de l’habitation… Dans ce cas, le chien menace mais en général, il se contente de pincer pour signifier à l’enfant qu’il est le dominant, celui qui décide. La difficulté vient de ce qu’un très jeune enfant ne sait pas interpréter comme potentiellement dangereux un chien qui grogne, qui a les babines retroussées et les yeux en myosis. Ces agressions sont d’autant plus fréquentes que le chien a un statut de dominant dans la famille.

Les agressions par irritation

L’exemple le plus classique est celui de l’enfant qui serre très fort son chien dans ses bras : le chien en a assez, manifeste sa demande de rupture en se raidissant et en grognant un petit peu l’enfant ne lâche pas le chien et celui-ci finit par mordre pour se dégager. Dans ce type d’agression, le chien mord et part immédiatement.

Les agressions par peur

L’exemple typique est celui de l’enfant qui fait peur au chien et petit à petit le fait reculer dans un angle de la pièce d’où il ne peut pas foir; le chien peut mordre, parfois fortement, car il a peur et veut fuir. Ce type d’agression correspond à un défaut de socialisation du chien (un chien bien socialisé sait quelle position il occupe dans la « meute-famille » et n’aura pas peur dans une telle situation). Ces chiens sont dangereux car ils ne savent pas se contrôler.

LES BOUSCULADES

Certains chiens ne tiennent pas en place, même une fois adultes (équivalent chez le chien du syndrome hyperkinétique de l’enfant). Le chien ne contrôle pas ses déplacements et il peut bousculer un enfant et lui faire mal. C’est également le cas du chien qui détruit tout quand il est seul. On peut traiter ces chiens au Prozac ou au Floxyfral.

Les accidents avec les chats sont rares. Tout au plus l’enfant pourra-t-il se faire griffer, en particulier, si le chat est mal sociabilisé aux enfants. Mais il ne s’agit que d’incidents, sans comparaison avec ce qui peut survenir avec un chien.

L’animal qui souffre

Le chien peut souffrir psychologiquement de nos comportements. C’est en particulier le cas du chiot puis du chien qu’on ne laisse jamais en paix et qui finit par développer une anxiété.
Le chat peut facilement souffrir de nos comportements.

Les chats sont très fragiles psychologiquement et on ne compte plus le nombre de chats dépressifs. La dépression, l’anxiété peuvent se traduire par de la boulimie ou à l’inverse par de l’anorexie. Le chat peut aussi perdre ses poils ou se les arracher ou encore se lécher en permanence, entraînant ainsi la chute des poils. IL peut aussi se ronger les griffes. Des modifications de son environnement peuvent le perturber profondément : amputation de son territoire (fermeture d’une chambre devenue, par exemple, celle du nouveau-né), déménagement, peinture…

Dans les déménagements, certains chats sont complètement perturbés car ils ne retrouvent plus les odeurs correspondant à leur territoire. Ils vont le marquer à nouveau en se frottant partout (émissions de phéromones) mais, dans certains cas, s’ils sont très perturbés, ils peuvent en venir à uriner un peu partout pour tenter de se rassurer. Dans ces situations, il peut être utile de vaporiser le nouveau logement avec des phéromones synthétiques (vendus en bombes aérosol) pour calmer l’anxiété du chat.

Le chat peut aussi devenir la victime de l’enfant auquel il appartient (syndrome du chat/jouet) : l’enfant, quand il a le sentiment qu’il peut tout faire avec son chaton comme avec un jouet, ne le laisse jamais en paix, lui infligeant même parfois des sévices dont il n’est pas conscient. Petit à petit le chaton entre en dépression; il dort tout le temps, est hypotonique, puis ne mange plus et finit par se laisser mourir.

L’enfant confronté à la mort de l’animal

Il faut considérer la mort de 1’animal comme un deuil à part entière. Des réactions du genre « ce n’est pas grave, on va aller en acheter un autre » ne sont pas judicieuses. L’enfant de moins de cinq ans n’a pas encore la notion de disparition définitive et considère que I’animal est mort « pour de faux ».

Chez le plus grand, il s’agit d’un vrai deuil et l’enfant a besoin d’en parler et d’exprimer sa souffrance. Souvent, il demandera à voir le corps de l’animal et le fait de voir l’animal mort l’aidera à en faire le deuil. Les chiens comme les chats vivent longtemps mais il n’en est pas de même pour les petits rongeurs (deux à trois ans pour un cochon d’Inde, quatre à cinq ans pour un lapin). IL est par conséquent essentiel, quand on offre un petit rongeur à un enfant de l’avertir que son animal ne vivra pas longtemps et de le préparer à la disparition de l’animal quand il devient vieux.

LES ACCIDENTS DE COHABITATION AVEC UN CHIEN SONT TOUT À FAIT ÉVITABLES.

Si la gravité des morsures augmente avec la taille du chien, cela ne signifie pas pour autant que les gros chiens soient plus agressifs que les petits. Pour le Dr Haberan, il n’existe pas de race à haut risque de morsure, sauf peut-être certains cockers Spaniel dysthymiques; par ailleurs, certains Bull Terriers peuvent présenter des syndromes dissociatifs en vieillissant. IL faut aussi prendre garde aux troubles de l’humeur chez les vieux Bergers Allemands.

Mais en règle générale, tout est une affaire d’éducation du chien et notamment durant ses quatre premiers mois de vie; il faut donc bien éduquer son chien (entre O et 4 mois) pour ne pas lui donner un statut de dominant (c’est aux parents et non à l’enfant de faire l’éducation du chien);

  • apprendre à l’enfant à ne pas martyriser son animal, à le respecter, en particulier quand il dort (ne pas le déranger), quand il est dans son panier, et quand il mange;
  • devant un chien qui grogne et qui a l’air très agressif, il faut éviter de fixer les yeux du chien car, pour lui, il s’agit d’une provocation au combat. IL faut au contraire se redresser, prendre une attitude dominante et regarder le chien d’en haut en fixant plutôt son dos.

.

Les 3 livres écrits par le Docteur Arnault Pfersdorff, fondateur de pediatre-online, édités chez Hachette-Famille
  • « Manuel Bébé Premier mode d’emploi » Hachette Famille 286 pages 16,95€ Disponible ICI
  • « Mon enfant ne dort pas- 7 solutions » Hachette Famille 64 pages 5,95€ Disponible ICI
  • « Mon enfant ne mange pas- 7 solutions » Hachette Famille 64 pages 5,95€ Disponible ICI

C’est désormais 3 livres du Dr Pfersdorff pédiatre, qui sont édités chez Hachette et distribués dans toutes les librairies de France, mais aussi Belgique, Luxembourg, Suisse, Canada. Ils s’adressent aux parents. Egalement sur Amazon, Fnac, BNF, etc.